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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/75

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douleur. Donc, pendant qu’il en est temps encore, prévenons le visage du Seigneur par l’aveu de nos fautes, afin qu’il se montre à nous plein de douceur et de bonté, et que nous puissions échapper à ces puissances terribles et menaçantes.
N’apercevez-vous point ces farouches licteurs ? Ne les voyez-vous point exécuter les ordres de leurs chefs, entraîner les pécheurs, les enchaîner, les accabler de coups, les percer de leurs glaives, leur brûler les flancs avec des torches, les déchirer ? Mais ce n’est là qu’un jeu, qu’une dérision en comparaison des tourments de l’enfer. Tout cela passe en effet : mais en enfer le ver ne meut point, le feu ne s’éteint point, le corps n’est plus sujet à la corruption. Ah ! nous préserve le Seigneur d’en faire l’expérience ! Puissent les menaces seules nous faire trembler, sans que nous soyons livrés aux bourreaux ! Qu’il serait préférable pour nous d’être châtiés ici-bas ! Que de paroles nous répandrions dans les enfers, en nous accusant nous-mêmes ! Que de gémissement, que de sanglots nous pousserions ! Mais à quoi tout cela nous servirait-il ? A quoi servent les gémissements au pilote, quand son navire brisé s’est abîmé dans les flots ? A quoi servent-ils au médecin, quand le malade est mort ? Ils ne cesseront de répéter qu’il fallait faire ceci et cela, paroles inutiles et inefficaces ! Tant que l’on peut espérer de se sauver par la réforme de sa vie et de ses mœurs, paroles et actions, tout peut servir ; mais quand il ne nous reste plus rien, quand tout est perdu, en vain parlerons-nous, en vain agirons-nous. Les Juifs diront alors : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (Jon. 12,13) Mais ces paroles n’auront point pour effet de les soustraire aux châtiments. Ils ne les ont point prononcées, quand il fallait les prononcer. Épargnons-nous un pareil sort. Hâtions-nous de changer de vie, afin de nous présenter avec confiance au tribunal du Christ. Cette confiance, puissions-nous l’obtenir par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui gloire soit au Père et à l’Esprit-Saint, etc.

HOMÉLIE X.


NOUS SAVONS EN EFFET QUE, SI CETTE TENTE MATÉRIELLE OU NOUS DEMEURONS SE DISSOUT, DIEU NOUS RÉSERVE UNE DEMEURE QUI N’A PAS ÉTÉ FAITE DE MAIN D’HOMME, MAIS QUI EST ÉTERNELLE ET DANS LES CIEUX. (V, 1, JUSQU’A 10)

Analyse.


  • 1 et 2. Saint Chrysostome développe les textes de l’apôtre qui se rapportent à la résurrection et au jugement dernier.
  • 3 et 4. Il cherche par le tableau de ce jugement à inspirer à son auditoire une salutaire frayeur.


1. L’apôtre ranime encore l’ardeur des Corinthiens et les soutient dans leurs nombreuses épreuves. Sans doute aussi son absence, avait diminué leur courage. Que leur dit-il donc ? Ne soyez ni surpris ni troublés de tant d’afflictions. Elles nous valent de nombreux avantages. Il leur en a montré déjà plusieurs : Nous portons avec nous, leur a-t-il dit, la mortification de Jésus-Christ, et nous sommes partout la preuve vivante de sa puissance. « Afin que, dit-il, on reconnaisse l’étendue de la vertu de Dieu. » Nous servons encore de preuve à