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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/81

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HOMÉLIE XI.


REMPLIS DE LA CRAINTE DU SEIGNEUR, NOUS CHERCHONS A PERSUADER LES HOMMES, ET DIEU VOIT LE FOND DE N0TRE CŒUR ; J’ESPÈRE AUSSI QUE VOS CONSCIENCES ONT DE NOUS UNE CONNAISSANCE EXACTE. (V, 11, JUSQU’À LA FIN DU CHAPITRE)

Analyse.


  • 1-2. Je ne fais aucune attention à la condition terrestre de qui que ce soit ; mais je n’ai égard qu’à la nouvelle créature formée de Dieu, qui, par la médiation de Jésus-Christ, a admis l’homme à se réconcilier avec lui, et qui m’a aussi confié le ministère de la réconciliation. – Ce ministère, je l’exerce à la place de Jésus-Christ, car c’est lui qui est l’unique médiateur, Dieu en ayant fait la victime pour le péché.
  • 3 et 4. Que nous devons plus craindre le péché que la punition du péché.


1. Tremblant nous-mêmes à la pensée de ce redoutable tribunal, nous nous efforçons de ne vous donner aucune prise contre nous, de ne vous causer aucun scandale, de ne faire naître en vos âmes aucun fâcheux soupçon. Voyez quelle perfection, quelle délicatesse de conscience ! Il ne nous suffit point de ne pas faire le mal, pour être à l’abri des reprochés ; si l’on nous soupçonne, même sans fondement aucun, et que nous ne nous efforcions point d’écarter ces soupçons, nous méritons d’être punis. – « Nous ne nous recommandons point auprès de vous, nous vous donnons seulement occasion de vous glorifier à notre sujet ». Que de fois il se défend de faire son propre éloge ! Rien n’offense autant les auditeurs que d’entendre un homme, se décerner de pompeux éloges. Forcé de se donner à lui-même des louanges, il reprend aussitôt : C’est à cause de vous que je m’exprime de la sorte, et non par, à cause de moi, afin que vous ayez lieu de vous glorifier, et non pour nous arroger à nous-même quelque gloire. Il avait aussi en vue les faux apôtres. C’est pourquoi il ajoute : « Auprès de ceux qui se glorifient extérieurement, mais non dans le cœur (12) ». Voyez-vous comme il les détourne de ces hommes dangereux, pour se les attirer à lui-même, en montrant aux Corinthiens qu’eux aussi désirent trouver une occasion de le soutenir et de le défendre contre ses détracteurs ? Si nous vous parlons de la sorte, dit-il, ce n’est point afin de nous glorifier nous-même, mais bien pour que vous puissiez parler vous-mêmes librement en notre faveur. C’est ainsi qu’il leur témoigne son amour, non seulement je me propose votre propre gloire, mais encore de vous prémunir contre leurs pièges. Il ne le leur dit pas en propres termes, mais c’est la pensée qu’il exprime dans un langage plein de modération et incapable de blesser personne. « Afin que vous puissiez vous glorifier en présence de ceux qui se glorifient eux ; mêmes extérieurement ». Et encore leur recommande-t-il de ne point le faire sans motif, mais uniquement lorsque les faux apôtres feront paraître de l’orgueil. Partout il exige que l’on se guide sur les circonstances. Ce n’est donc point pour faire briller son mérita qu’il agit de la sorte, mais bien pour réprimer l’orgueil de ces hommes qui par leur jactance pouvaient nuire aux Corinthiens. Que signifient ces mots : « à l’extérieur ? » C’est-à-dire, en ce qui frappe les yeux, en ce qui s’étale au grand jour. Ils n’agissaient qu’en vue de la gloire, ils étaient vides de bonnes intentions, prenaient le masque de la piété pour paraître dignes de respect, sans avoir au fond aucun mérite.
« Si nous semblons exagérer, c’est pour Dieu ; si nous parlons un humble langage, c’est pour vous (13) ». Oui, dit-il, soit que