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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/83

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jour revêtu de sa chair désormais impassible et immortelle pour juger l’univers. Alors aussi nos corps seront transformés comme le sien et resplendiront d’une gloire semblable.
« En sorte que s’il y a dans le Christ une nouvelle création… (17) ». C’est l’amour de Dieu qui doit d’abord nous exciter à la vertu ; mais ensuite l’apôtre nous y porte par les choses elles-mêmes. Et c’est pourquoi il ajoute : « S’il est dans le Christ une création nouvelle ». Celui qui embrasse la foi de l’Évangile, est pour ainsi dire créé une seconde fois : L’Esprit-Saint lui a donné une seconde fois la naissance. Nous devons donc vivre pour Jésus-Christ, non seulement parce que nous ne nous appartenons pas à nous-mêmes ou parce qu’il est mort pour nous, ou parce qu’il a ressuscité les prémices du genre humain, mais aussi parce que nous sommes entrés dans une vie nouvelle. Voyez que de motifs pour nous exciter à tenir une conduite vertueuse. C’est pourquoi l’apôtre se sert d’une expression fort matérielle pour rendre cette transformation, afin que nous en sentions mieux l’importance. Il va plus loin, et nous montre en quoi consiste cette création nouvelle. – « Les choses anciennes ont passé, dit-il, voilà que tout a été renouvelé ». Quelles sont ces choses anciennes ? Les péchés, les impiétés, ou bien les cérémonies judaïques, ou bien les deux ensemble. « Voilà « que tout a été renouvelé. – Or tout vient de Dieu… (l8) ». Rien ne vient de nous-mêmes. Le pardon de nos fautes, notre adoption, notre – glorification, nous tenons tout de sa munificence. A l’avenir l’apôtre joint le présent pour les exciter encore davantage. Voyez en effet : Il a dit que nous devons ressusciter, entrer dans une vie éternelle, régner éternellement avec Dieu ; mais le présent aura plus d’influence que l’avenir sur ceux qui n’ont pas une foi bien ferme dans les biens futurs, et c’est pourquoi il leur rappelle les bienfaits qu’ils ont reçus et l’état où ils se trouvaient, quand Dieu les en a comblés. En quel état se trouvaient-ils donc ? Ils étaient tous morts. – « Tous sont morts », dit-il, « et le Christ est mort pour tous », tant il les aimait tous. Tous étaient courbés sous la vétusté des vices.
Mais tout a été renouvelé, l’âme qui a été purifiée, le corps, la manière d’adorer Dieu, les promesses, le Testament, la table, les vêtements, tout en un mot. Au lieu de la Jérusalem d’ici-bas, nous avons reçu la Jérusalem céleste ; au lieu d’un temple matériel, un temple spirituel ; au lieu des tables de pierre, des tables de chair ; au lieu de la circoncision, le baptême ; au lieu de la manne, le corps du Seigneur ; au lieu de l’eau du rocher, le sang qui coule du côté de Jésus ; nous avons reçu la croix au lieu de la verge de Moïse et d’Aaron, le royaume des cieux au lieu de la terre promise, un seul Pontife au lieu de ces milliers de prêtres, l’Agneau spirituel au lieu de cet agneau privé de raison. C’est tout plein de ces pensées que l’apôtre disait : « Tout a été renouvelé. Et tout nous vient de Dieu » par le Christ ; c’est un présent de la divine munificence. Aussi ajoute-t-il : « Qui nous a réconciliés avec lui par Jésus-Christ et nous a donné le ministère de la réconciliation. » De là en effet nous viennent tous les biens. Celui qui nous a rendus les amis de Dieu, nous a valu tous les autres bienfaits que Dieu nous a prodigués. Il n’a point voulu que nous fussions encore ennemis de Dieu, au moment où il nous faisait ces largesses ; il a commencé par nous rétablir dans son amitié. En disant que le Christ a été pour nous l', auteur de la réconciliation, je veux parler aussi du Père ; et en disant que ces bienfaits nous viennent du Père, j’entends aussi parler du Fils. « Car c’est par lui que tout a été fait ». (Jn. 1,13) D’où il suit qu’il est lui-même aussi l’auteur de ces bienfaits. Ce n’est pas nous qui sommes accourus vers lui ; c’est lui qui nous a appelés. Et comment nous a-t-il appelés ? Par la mort du Christ : « Qui nous a donné un ministère de réconciliation ». Ici il montre encore la dignité des apôtres, la grandeur de leur mission, l’amour excessif de Dieu envers nous. Les hommes ne voulurent pas entendre la voix de l’ambassadeur céleste, et cependant Dieu ne s’irrita point, ne les abandonna point, il redoubla d’instance auprès d’eux et par lui-même et par ses envoyés. Comment avoir assez d’admiration pour une telle sollicitude ? Le Fils de Dieu ; venu sur la terre pour nous réconcilier avec son Père, le vrai Fils de Dieu, son Fils unique, est mis à mort, et cependant le Père ne se détourne point des criminels ; il ne dit point : J’ai envoyé mon Fils en ambassade, non seulement ils n’ont pas voulu l’entendre, mais ils l’ont fait mourir, ils l’ont crucifié ; il est bien juste