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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/84

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que je les abandonne. Il agit tout autrement ; et quand Jésus-Christ a quitté la terre, c’est à nous-même qu’il confie le ministère de la réconciliation. « Il nous a donné », dit saint Paul, « le ministère de la réconciliation ».
« Car Dieu était dans le Christ réconciliant « le monde avec lui-même, ne leur imputant « point leurs péchés. (19) ». Quel amour ! Ne dépasse-t-il point tout ce qu’on pourrait dire, tout ce qu’on pourrait s’imaginer ? Quel était l’offensé ? Dieu lui-même. – Qui se présenta le premier pour opérer la réconciliation ? – Dieu encore. – Mais, dites-vous, il a envoyé son Fils, il n’est pas venu lui-même. – Il a envoyé son Fils, j’en conviens ; mais le Fils n’était point seul à – exhorter les hommes ; le Père les exhortait aussi avec lui et par lui. – « Dieu était dans le Christ réconciliant le « inonde avec lui ».' – « Dans – le Christ. », c’est-à-dire, « par le Christ ». L’apôtre avait dit : « Il nous a donné un ministère de ré« conciliation ». Il adoucit un peu sa pensée en disant : Ne croyez pas que nous soyons à nous seuls chargés clé, cette mission ; nous ne sommes que des serviteurs. C’est Dieu qui a – fait tout cela ; c’est lui qui a réconcilié le monde par son Fils unique. Et comment-? Ce qu’il y a d’admirable en effet, ce n’est pas seulement que le monde soit venu l’ami de Dieu, mais aussi la manière dont s’est opérée la réconciliation. Comment s’est-elle donc opérée ? Dieu a pardonné les péchés des hommes. : l’amitié ne pouvait se contracter autrement. Aussi l’apôtre ajoute-t-il : « Sans tenir compte de leurs péchés ». Ah ! s’il eût voulu demander compte aux hommes de leurs fautes, nous étions tous perdus ; car tous étaient morts. Mais ces fautes si nombreuses, il ne voulut pas en tirer vengeance, il nous rendit au contraire ses bonnes grâces ; non seulement il nous pardonna nos péchés, mais il ne nous les imputa pas même. C’est ainsi que nous aussi nous devons pardonner à nos ennemis, si nous voulons obtenir de Dieu notre pardon. « Et il a mis en nous la parole de la réconciliation ». Ce n’est point pour une mission pénible que nous sommes venus, mais pour vous rendre l’amitié de Dieu. Ils, n’ont pas voulu se rendre à mes paroles ; vous, ne cessez de les exhorter, jusqu’à ce que vous les persuadiez. C’est pourquoi saint Paul ajoute : « Nous sommes les ambassadeurs du Christ ; et c’est Dieu qui exhorte par notre bouche. Nous vous en conjurons au nom de Jésus-Christ : réconciliez-vous avec Dieu (20) ».
3. A quelle hauteur il porte cette mission dont il est chargé ! C’est le Christ lui-même qui supplie dans l’apôtre. Et non seulement Jésus-Christ, mais Dieu le Père. Car voici le sens de ces paroles : Le Père a envoyé son Fils pour, exhorter les hommes en son nom et pour remplir auprès d’eux les fonctions d’ambassadeur. Les hommes l’ont fait mourir ; il a quitté ce monde, et nous lui avons succédé dans sa mission. C’est donc en son nom et en celui de son – Père que nous vous exhortons. Le père aime le genre humain à ce point qu’il a livré son propre Fils, sachant bien que les hommes le feraient mourir, et qu’il nous a faits ses apôtres à cause de vous. L’apôtre pouvait donc bien dire : « Tout est pour vous. Nous sommes les ambassadeurs du Christ ». Comme s’il disait : Nous tenons la place du Christ, nous lui avons succédé dans sa mission. Cela vous semble peut-être bien extraordinaire : Écoutez ce qui suit, vous verrez que les apôtres tiennent la place non seulement du Christ, mais aussi du Père. Saint Paul ajoute en effet : « C’est Dieu qui vous exhorte par notre bouche ». Ce n’est point seulement par son Fils que le Père vous exhorte, mais encore par nous qui avons pris la place de son Fils. Ne vous imaginez donc point que c’est nous qui vous prions. C’est le Christ lui-même, c’est son Père qui vous prie par notre bouche. Est-il rien de comparable à une pareille bonté ? Ce Père dont on a payé les immenses bienfaits par tant d’outrages, non seulement ne se venge point, mais il donne son Fils pour nous réconcilier avec lui. Loin de vouloir se réconcilier, les hommes le font mourir. Il envoie d’autres ambassadeurs, et après les avoir envoyés, il se fait lui-même suppliant en leurs personnes. Et que demande-t-il ? « Réconciliez-vous avec Dieu ». Il ne dit pas : Réconciliez Dieu avec vous : Ce n’est pas lui qui nous hait, c’est vous qui voulez être ses ennemis. Dieu éprouve-t-il jamais un sentiment de haine ? Et il discute la cause, comme ferait un ambassadeur.— « Celui qui m’a point connu le péché, il l’a fait péché à cause de nous ». Je ne rappelle point le passé, vos outrages envers moi, qui ne vous ai jamais tait de mal, mes bienfaits si nombreux ; je ne vous dirai point que je ne vous ai point punis, que bien qu’outragé