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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/89

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L’apôtre n’a point dit : nous apparaissons, mais. « nous nous présentons », ou : « nous nous montrons ». Et comment se montrent-ils les ministres de Dieu ? « Par une patience sans bornes », dit-il. Vous avez dans cette parole le fondement de tous les biens. Aussi n’a-t-il pas dit : « patience », mais : « une grande patience », pour faire voir l’étendue de cette vertu dans son âme. Ce serait peu de chose d’avoir supporté une ou deux tentations. Mais les tentations qu’il a subies, il les représente tombant sur lui comme une grêle, en disant ; « Dans les tribulations, dans les nécessités ». Quel surcroît d’accablement quand les maux sont inévitables, quand il y a comme une nécessité de les souffrir, quand on ne peut s’en délivrer ! « Dans les angoisses ». Dans les angoisses de la faim et des autres besoins, ou simplement des tentations : « Dans les corps, dans les prisons, dans les séditions… (5) ». Chacun de ces maux n’est-il pas insupportable ? Ne suffit-il pas, pour faire perdre patience, d’être battu de verges, d’être enchaîné, d’être sans cesse persécuté, sans jamais trouver de repos ? Car c’est ce que signifie ce mot : « dans les séditions ». – Quand tous ces maux viennent fondre ensemble sur quelqu’un, songez quelle fermeté d’âme il faut à cet homme ! Voilà pour les afflictions qui lui viennent du dehors ; mais il souffre aussi de soif plein gré « Dans les travaux, dans les veilles, dans les jeûnes, dans la chasteté… (6) ». Il désigne par là ces fatigues qu’il éprouvait en courant çà et là, en gagnant sa vie de ses propres mains, en passant – les nuits à enseigner et à travailler. Il n’omet point le jeûne, quoique toutes ces fatigues valussent mille fois cette privation de nourriture. Par « chasteté » il entend ou bien la pureté, ou bien une intention droite en toutes choses, ou bien la prédication de l’Évangile faite gratuitement et sans recevoir aucune espèce de dons.
« Dans la science ». Que veut dire cette expression ? Dans la science qui lui vient de Dieu, et c’est la vraie science. Ce n’est point la science de ces sages qui se glorifient d’une science toute profane et qui n’ont pont celle-là. – « Dans la longanimité, dans la douceur ». C’est encore une vertu d’une âme généreuse, que de souffrir patiemment la colère et les injures d’autrui. – Enfin, pour montrer le principe d’une telle patience ; il ajoute : « Dans l’Esprit-Saint ». C’est lui, en effet, qui est l’auteur de tous ces dons. Mais ce secours de l’Esprit-Saint, il n’en parle qu’après avoir énuméré toutes ses vertus. Dans ces paroles, il me semble avoir voulu faire entendre autre chose encore. Quoi donc ? L’abondance avec laquelle il avait reçu la grâce de l’Esprit-Saint. C’était une nouvelle preuve de sa mission, que ces dons spirituels déposés dans son âme. Sans doute toutes ces vertus étaient l’effet de la grâce ; mais cependant il les avait méritées en quelque façon par ses bonnes œuvres et par ses fatigues. Dire que saint Paul ait voulu montrer aussi qu’enrichi de tant de grâces, il en avait fait le meilleur usage, ce n’est pas s’éloigner de la pensée de l’apôtre. Car ceux qui parmi les chrétiens avaient reçu le don des langues, furent blâmés d’avoir conçu des sentiments d’orgueil : il peut donc bien arriver qu’on ne fasse pas un bon usage des grâces de l’Esprit-Saint. Pour nous, dit l’apôtre, il n’en est pas ainsi : on ne peut rien nous reprocher dans l’usage que nous en avons fait : « Dans une charité toujours sincère ».
3. Telle était pour lui la cause de tous les biens ; voilà ce qui le rendait si parfait ; c’est eu vertu de cette charité que l’Esprit-Saint, par le secours de qui il pratiquait tant de – bonnes œuvres', demeurait au dedans de lui. – « Dans la parole de la vérité… (7) ». C’est une pensée qu’il exprime souvent : Nous avons annoncé la parole de Dieu sans aucun déguisement et sans jamais l’altérer. « Dans la vertu de Dieu ». Comme toujours, il ne s’arroge rien à lui-même ; c’est à Dieu qu’il rapporte toutes ses actions, tout ce qu’il fait d’éclatant. Il s’était donné des éloges en disant que sa vie n’avait cessé d’être à l’abri de tout reproche, et qu’il avait toujours fait preuve d’une grande sagesse ; il attribue maintenant toutes ces vertus à l’Esprit-Saint et à Dieu : Ce n’étaient certes point des vertus ordinaires que celles dont il parle. Si en menant une vie paisible, il est difficile d’arriver à la vertu et de demeurer irréprochable, quelle difficulté n’était-ce pas que de jeter tant d’éclat par sa vertu, au sein de pareilles afflictions ? quelle force d’âme ne fallait-il point, pour cela ? Et ce ne sont pas les seules afflictions qu’il ait endurées ; il en endura beaucoup d’autres qu’il énumère plus loin. Ce qu’il y a de plus admirable ici, ce n’est pas de le voir toujours irrépréhensible au milieu de ces torrents de souffrances, ni de contempler sa patience invincible, mais de le