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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/128

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chantant au milieu de la nuit les louanges de Dieu, et passant toute la nuit dans une sainte veille. Et lorsque ces saints personnages, dans la fournaise et au milieu des flammes, dans une fosse, au milieu des bêtes féroces ou d’une eau bourbeuse, dans une prison où ils sont retenus dans les entraves, couverts de blessures et entourés de gardes ; enfin, lorsqu’en proie à des maux intolérables, ils ne se plaignent de rien mais qu’avec une grande énergie, et un zèle extrême, ils ne cessent de vaquer à la prière et de chanter de saints hymnes ; comment n’est-il pas inouï que nous autres, qui n’avons à endurer aucune des souffrances, ni petites ni grandes, énumérées ci-dessus, à cause de l’ardeur de la saison, pour quelques instants de chaleur et de sueur, nous négligions notre salut, et que laissant là les réunions saintes, nous allions nous égarer dehors, et nous gâter au contact de sociétés malsaines. La rosée de la divine parole est si abondante, et vous prétextez la chaleur ! L’eau que je lui donnerai, dit le Christ, deviendra en lui la source d’une eau qui jaillit jusque dans la vie éternelle (Jn. 6,14) ; il dit encore : Celui qui croit en moi, comme l’a dit l’Écriture, de ses entrailles couleront des fleuves d’eau vive. (Jn. 7,38). Vous avez en vous, répondez, des sources, des fleuves spirituels, et vous craignez la chaleur matérielle ? Mais, répondez encore : Sur cette place publique où il y a tant de tumulte, tant de presse et de soleil, comment ne donnez-vous pas aussi pour raison qu’on étouffe et que l’on brûle ? Car vous ne pouvez pas dire que là on puisse goûter un air plus frais, et que tout l’air suffocant soit concentré ici pour nous ; bien au contraire, les dalles qui sont ici sous vos pieds, et les autres conditions de l’édifice, car sa hauteur est énorme, tout contribue à rendre l’air plus frais et plus léger, tandis que sur la place, le soleil est en plein partout, on est fort serré, la fumée, la poussière sont extrêmes, et bien d’autres inconvénients encore y augmentent le malaise. D’où il résulte évidemment, que ces prétextes déraisonnables sont ceux de la nonchalance et d’une âme abattue, et privée de la flamme de l’Esprit-Saint.
3. En parlant ainsi maintenant, c’est moins à eux que je m’en prends, qu’à vous qui ne les attirez pas, qui ne les réveillez pas de leur indolence et ne les entraînez pas à cette table salutaire. Des domestiques qui ont à s’acquitter d’un commun emploi appellent leurs compagnons de service ; et vous qui avez à remplir les mêmes fonctions spirituelles, vous laissez vos frères privés du gain qu’ils en tireraient. Eh ! quoi ? direz-vous ; s’ils ne le veulent point ? Faites qu’ils le veuillent, par votre obsession continuelle : car lorsqu’ils nous verront insister, ils le voudront à coup sûr. Et puis, ce ne sont là que prétextes et allégations vaines. En effet, combien de pères sont ici, qui n’ont pas leurs fils avec eux ? était-il donc difficile de vous faire suivre de vos enfants ? Cela montre clairement que les autres sont restés hors d’ici non pas seulement par leur nonchalance personnelle, mais aussi par votre insouciance. Eh bien ! si vous ne l’avez fait jusqu’ici, maintenant du moins secouez cette apathie, et que chacun entre dans l’église avec les membres de sa famille : que le père réveille son fils de cette langueur, et l’excite à se rendre à notre assemblée ; que de même le fils y fasse venir l’auteur de ses jours, les maris leurs femmes, les femmes leurs maris, le maître son serviteur, le frère son frère, et l’ami son ami : que dis-je ?ne convions pas nos amis seulement, mais encore nos ennemis, à ce commun trésor des vrais biens. Quand votre ennemi verra votre sollicitude, n’en doutez point, il dépouillera sa haine.
Dites-lui : N’avez-vous pas honte, en considérant les Juifs ? leur exemple ne vous fait-il pas rougir ? avec quelle exactitude ils observent le sabbat, et, dès la veille au soir, s’abstiennent de tout travail ! S’ils voient le soleil prêt à se coucher le jour de la préparation, ils interrompent leurs transactions et suspendent leurs affaires ; si quelqu’un, leur ayant acheté quelque chose avant le soir, arrive le soir pour leur en apporter le prix, ils ne le souffrent pas, ils refusent de recevoir cet argent. Que dis-je ? il ne s’agit là que d’un prix de vente ou d’un contrat ; mais fût-il question de recevoir un trésor, ils aimeraient mieux perdre ce gain, que de fouler la loi aux pieds. Eh ! quoi ? les Juifs sont si exacts à garder la loi, et cela, à contretemps ; ils s’appliquent à une observance qui ne leur sert à rien, et qui même leur est nuisible ; et vous, qui êtes au-dessus des ténèbres, vous à qui Dieu a daigné faire voir le Soleil de justice, vous qui appartenez à la cité du ciel, vous ne faites pas preuve d’autant de zèle qu’eux, qui s’attachent mal à propos au mensonge, vous aux mains de qui la vérité a été remise ? On vous appelle ici pour une petite partie de la journée, et vous n’avez pas la