Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à tous deux ; de telle sorte que, par égard pour ce titre, sinon pour les autres, tu dois lui garder ta tendresse. En effet, si l’an voit souvent des esclaves, après une querelle, se réconcilier par cette seule raison qu’ils doivent obéissance à un seul et même maître, à plus forte raison doit-il en être ainsi de nous, quand nous n’avons, à nous deux, qu’un créateur et qu’un maître.
Vous voyez comment l’Ancien Testament lui-même prélude déjà, pour ainsi dire, aux règles de la nouvelle sagesse. En effet, lorsque les Juifs vivaient depuis longtemps sous l’ancienne loi ; qu’il fallait les amener à des préceptes plus parfaits, que leur constitution approchait déjà de sa fin, dès lors le prophète, profitant des circonstances, les achemine à cette nouvelle sagesse. Obéissons donc à cette belle loi, affranchissons-nous de tout ce qui nous déshonore, interdisons-nous et de renvoyer nos femmes, et de recevoir celles que d’autres auront renvoyées. Et de quel front, verras-tu le mari de cette femme ? de quel œil lés amis de cet homme, ses serviteurs ? Si celui qui épouse la femme d’un mort éprouve un sentiment de peine et de dépit pour peu qu’il ait vu l’image du défunt, quelle sera l’existence de celui qui aura sous les yeux l’époux, encore vivant, de sa femme ? Dans quelles dispositions rentrera-t-il chez lui ? Avec quels sentiments, avec quels yeux verra-t-il cette femme d’un autre qui est devenue la sienne ?
Mais plutôt ne l’appelons ni l’épouse d’un autre ni la sienne ; une prostituée n’est la femme de personne. Elle a foulé aux pieds le pacte qui l’unissait à son premier mari ; et elle est venue à toi sans l’aveu des lois qui l’obligeaient. Quelle folie ne serait-ce pas d’introduire chez vous un si dangereux fléau ? Est-ce qu’il y a disette de femmes ? Pourquoi, lorsqu’il y en a tant que nous pouvons épouser sans enfreindre les lois ni porter le trouble dans nos consciences, courons-nous à celles qui nous sont interdites, pour causer la ruine de nos maisons, y introduire la guerre civile, exciter de toutes parts des haines contre nous, déshonorer notre propre vie, et, ce qui est bien plus terrible que tout le reste, nous préparer une punition sans appel au jour du jugement ? En effet, que répondrons-nous à celui qui doit nous juger, quand, après avoir mis la loi sous nos yeux et l’avoir lue, il nous dira : Je t’ai enjoint de ne pas prendre une femme renvoyée, ajoutant que cette action est un adultère. Comment donc as-tu osé contracter un mariage défendu ? que dire alors et que répondre ? Il ne s’agira point là-bas d’alléguer les décrets des législateurs du siècle : muets, enchaînés, il faudra nous voir emmener au feu de la géhenne avec les adultères et ceux qui n’ont pas respecté chez les autres les droits du mariage. Car celui qui a répudié sauf le motif indiqué, celui d’adultère, et celui qui épouse une femme répudiée, du vivant de son mari, sont punis pareillement, ainsi que la femme répudiée la vous avertis donc, je vous prie et vous conjure, hommes, de ne point renvoyer vos femmes, femmes, de ne point quitter vos maris, mais de prêter l’oreille à la parole de Paul : La femme est liée à la loi aussi longtemps que vit son mari ; que si son mari s’endort, elle est libre de se marier à qui elle voudra, mais seulement selon le Seigneur.
En effet, quelle indulgence peuvent espérer ceux qui, lorsque Paul autorise les secondes noces après la mort de l’époux, et donne de si grandes facilités, osent passer outre avant cette époque ? Quelle excuse reste-t-il, soit à ceux qui, épousent les femmes d’hommes vivants, sait aux hommes mariés qui fréquentent les filles ; publiques ? Car c’est encore une espèce d’adultère d’avoir commerce avec des courtisanes, quand on a une femme à soi. Et de même que la femme mariée, si elle se livre à un homme, libre ou esclave, qui soit célibataire, n’en tombe pas moins sous le coup de la loi qui concerne l’adultère, de même le mari quand bien même il pèche avec une fille publique ou avec toute autre femme non marié est réputé coupable dû même crime. Fuyons donc aussi cette forme de l’adultère. En effet, qu’aurons-nous à dire, à alléguer après une pareille faute ? Quel prétexte spécieux pourrons-nous produire ? Les appétits de la nature ? Mais la femme qui nous est échue est là, près nous, et nous ôté ce moyen de défense. Si le mariage a été institué, c’est pour prévenir fornication. Mais ce n’est pas seulement la femme, ce sont tant d’autres créatures d’une nature pareille à la nôtre qui nous interdisent cet appel à l’indulgence. Lorsque ton compagnon d’esclavage, dont le corps ressemble au tien, dont les passions sont les tiennes, dont les besoins ne diffèrent point de ceux qui te poussent, ne jette les yeux sur aucune autre femme que la sienne et lui reste fidèles en quoi les