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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/201

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passions que tu allègues pourront-elles servir ta justification ? Et encore je ne parle que des hommes mariés. Mais songe un peu à ceux qui passent leur vie tout entière dans le célibat, qui n’ont jamais connu le mariage et se sont montrés parfaitement chastes. Quand d’autres sont chastes sans être mariés, quelle miséricorde obtiendras-tu, toi qui vis, étant marié, dans la fornication ? Hommes et femmes, veuves et les épouses, écoutez tous ces paroles : car c’est à tout le monde que s’adressent Paul et la loi qui dit : La femme est liée à la loi aussi longtemps que vit son mari ; que si son mari s’endort, elle est libre de se marier à qui elle voudra, mais seulement selon le Seigneur. Les épouses, les filles, les veuves, les femmes remariées, toutes enfin ont profit à tirer de ces paroles. L’épouse ne voudra pas, du vivant de son mari, être à un autre, sachant qu’elle est liée tant que son époux est en vie. Celle qui, après avoir perdu son mari, voudra convoler en secondes noces, ne formera pas cette union à la légère ni sans réflexion, mais elle se conformera aux lois de Paul qui dit : Elle est libre de se marier à qui elle voudra, mais seulement selon le Seigneur, c’est-à-dire suivant les règles de la pudeur et de la chasteté. Que si par hasard elle préfère demeurer fidèle à ses engagements envers le défunt, elle apprendra quelles couronnes lui sont réservées, et sera encouragée par là dans sa résolution ; car elle sera plus heureuse, dit Paul, si elle demeure comme elle est.
4. Voyez-vous comment ce langage est profitable à tous, en ce que d’une part il condescend à la faiblesse de certaines femmes, tandis qu’il ne frustre pas les autres des éloges qui leur sont dus ? Paul, au sujet du premier et du second mariage, tient ici la même conduite qu’à l’égard du mariage et de la virginité. Il n’interdit point le mariage, de peur de surcharger les faibles ; il n’en fait point non plus une obligation, afin de ne point priver de leurs futures couronnes ceux qui préfèrent garder leur virginité ; mais il montre d’un côté que le mariage est une belle chose, et, de l’autre, fait voir que la virginité est encore préférable. De même, dans cette nouvelle matière, il pose encore des degrés ; il nous montre qu’il y a plus de grandeur et d’excellence dans le veuvage, mais qu’à la seconde place et à un rang plus bas viennent les secondes noces ; de cette façon, il augmente la vigueur des forts, de ceux qui veulent rester où ils sont, tout en prévenant la chute des faibles. Car, après qu’il a dit : Cependant elle est plus heureuse si elle demeure comme elle est, de peur que vous ne voyiez là une loi humaine, en l’entendant dire : selon mon conseil, il ajoute : Or, je pense que j’ai, moi aussi, l’Esprit du Seigneur. Ainsi vous ne pouvez dire que ce soit là la pensée d’un homme : c’est une révélation due à l’Esprit, c’est une loi divine. N’allons donc pas croire que c’est Paul qui nous parle ainsi : c’est le Paraclet qui promulgue cette loi à notre usage. Que s’il dit je pense, ce n’est point par ignorance qu’il parle ainsi, mais par modestie et par humilité. Il dit donc que la femme sera plus heureuse clans le veuvage ; mais comment sera-t-elle plus heureuse ? c’est ce qu’il ne dit pas, parce qu’il a donné une preuve suffisante en montrant que c’est l’Esprit qui lui a dicté son affirmation. Voulez-vous maintenant vérifier cela par la réflexion ? Les preuves ne vous manqueront point, et vous trouverez que la veuve est plus heureuse, non-seulement dans l’éternité d’outre-tombe, mais encore dans la vie présente. Paul savait parfaitement cela, lui qui fit entendre la même chose encore en parlant des vierges. Voulant recommander et conseiller la virginité, il s’exprime à peu près en ces termes : Je pense qu’il est avantageux à l’homme d’être ainsi à cause de la nécessité pressante. (1Co. 7, 26) Et ailleurs : Si une vierge se marie, elle ne pèche pas. (Id. 5, 28) Par ce mot : vierge, il entend ici non point celle qui a renoncé, mais seulement celle qui n’est point mariée, sans s’être assujettie par un vœu à l’obligation d’une virginité perpétuelle. Toutefois ces personnes auront les tribulations de la chair ; pour moi, je voudrais vous les épargner. (Id)
Par cette seule et simple parole, il laisse aux auditeurs à repasser dans leur âme les maux de l’enfantement, les soins de la maternité, les inquiétudes, les maladies, les morts prématurées, les brouilles les querelles, l’obéissance à mille caprices, la responsabilité des fautes d’autrui, les chagrins sans nombre appesantis sur une seule âme. Elle échappe à tous ces maux, celle qui fait choix de la continence, et, outre l’exemption de ces ennuis, une magnifique récompense lui est réservée dans la vie future. Tâchons donc, nous qui savons tout cela, de nous en tenir au premier mariage. Que si néanmoins nous avons le dessein d’en contracter un second, que ce soit suivant les formes et les