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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/202

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règles prescrites, suivant les lois de Dieu. Voilà pourquoi Paul a dit : Elle est libre de se marier à qui elle voudra, et, tout de suite après : mais seulement selon le Seigneur. Par là, en même temps qu’il donne une permission, il la protège contre l’abus ; en même temps qu’il accorde une faculté, il la circonscrit entre les limites des lois dont il l’enceint de toutes parts ; de sorte que, par exemple, la femme n’introduise point dans la maison des hommes dissolus et sans mœurs, des histrions, des fornicateurs ; mais qu’elle observe les règles de la pudeur, de la chasteté, de la piété, afin que toutes choses tournent à la gloire de Dieu. C’est parce qu’on avait vu souvent des femmes, rendues libres par la mort de leurs époux, lesquelles, précédemment adultères, persistaient, en s’unissant à d’autres, dans ce genre de liaison, et imaginaient d’autres pratiques abominables ; c’est pour cela, dis-je, que Paul ajoute : Mais seulement dans le Seigneur. Cela, afin que le second mariage n’offre rien de pareil : car, à cette condition seule, il pourra être innocent. En effet, le mieux est d’attendre le mort, de rester fidèle à ses engagements envers lui, de garder la continence, de rester auprès des enfants qu’il a laissés, et de mériter ainsi une plus abondante part dans les bontés de Dieu. Si l’on veut cependant s’unir à un second époux, que ce soit suivant les règles de la chasteté, de la pudeur, suivant les lois établies ; car cela est permis, il n’y a d’interdit que la fornication et l’adultère.
Fuyons donc ces crimes, que nous soyons ou non mariés ; ne déshonorons point notre vie, n’exposons point notre existence au mépris, ne souillons point notre corps, n’introduisons aucun remords dans notre conscience. Et comment oserais-tu entrer dans l’église en sortant de chez les prostituées ? Comment élever au ciel ces mêmes bras dont tu étreignais une courtisane, comment remuer cette langue, comment prononcer une invocation avec cette bouche qui touchait ses lèvres ? De quel œil regarderas-tu ceux de tes amis qui ont quelque pudeur ? Que dis-je ? tes amis ! Quand bien même personne ne connaîtrait ta faute, c’est devant toi surtout qu’il te faudra rougir de confusion, et rien ne t’inspirera plus de dégoût que ton propre corps. Sinon pourquoi courir au bain après ce péché ? N’est-ce point que tu juges toi-même plus impur que le plus immonde bourbier ? Quelle autre preuve plus convaincante veux-tu de l’impureté de ton asti et quel verdict dois-tu attendre du Seigneur quand toi-même, toi le coupable, tu portes pareil jugement sur ta conduite ?
Ils ont raison de se trouver impurs : c’est à merveille, et je les approuve ; mais ils ne recourent point au vrai moyen de se purifier ; c’est pourquoi je les blâme et les accuse. Si la souillure était corporelle, c’est avec raison que vous chercheriez à vous en purifier par le bain ; mais c’est votre âme que vous avez souillé que vous avez rendue impure : cherchez donc un moyen de purification qui soit propre à laver sa tache. Or, quel est le bain qui convient pour un tel péché ? Un torrent de larmes brûlantes, des gémissements sortis du fond de poitrine, une perpétuelle componction, des prières assidues, des aumônes, d’abondantes aumônes, le repentir du péché commis, l’attention à n’y point retomber : c’est ainsi que se lave le péché, c’est ainsi que l’âme se purifie de ce qui la souille. Si nous négligeons ces moyens, c’est en vain que nous traverserions le courant de tous les fleuves : nous n’y laisserions pas la moindre parcelle de notre péché. Le mien sans doute, est de ne plus s’exposer à commettre cet abominable péché. Mais si par hasard le pied nous a manqué, employons ces remèdes, après avoir fait vœu d’abord de ne point retomber dans la même faute. Car, si au moment du péché nous condamnons ce que nous venons de faire, et qu’ensuite nous recommencions, c’est en vain que nous aurons voulu nous purifier. Se baigner pour retourner ensuite à se rouler au même bourbier, détruire ce qu’on a édifié, et réédifier ensuite, cela ne sert à rien qu’à perdre son temps et sa peine. Et nous, notre côté, si nous ne voulons prodiguer inutilement notre vie, purifions-nous de nos péchés précédents, et passons tout le reste de notre vie dans la chasteté, dans la réserve, dans toutes les vertus enfin : afin qu’ayant Dieu favorable, nous obtenions le royaume des cieux, par grâce et la charité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, auquel gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.