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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/281

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(Heb. 11,10) Leur éloge se trouve souvent dans le Nouveau Testament, souvent dans l’Ancien lis étaient à tous égards nobles, illustres, et tous avaient des femmes stériles, et ils ont vécu longtemps sans enfants. Donc, quand vous voyez un mari et une femme passant leur vie dans les prescriptions de la vertu, dans la religion, dans la piété, et sans enfants, gardez-vous de croire que la stérilité soit une punition des péchés. Il y a beaucoup de raisons de la Providence divine que nous ne connaissons pas ; nous devons toujours rendre à Dieu des actions de grâces, et il ne faut regarder comme malheureux que ceux qui se souillent par leurs vices, et non ceux qui n’ont pas d’enfants. Souvent Dieu se propose notre utilité même dans les choses qui nous paraissent désavantageuses, mais nous, nous ne voyons pas la cause des événements, c’est pourquoi il faut toujours célébrer sa sagesse et glorifier son ineffable bonté.
7. Les réflexions présentes peuvent être utiles à nos mœurs, il nous faut toucher ici la cause de la stérilité de ces femmes. Quelle en fut donc la cause ? Dieu a voulu que, quand vous verriez une Vierge enfanter notre Dieu ; notre commun Seigneur, vous ne refusiez pas votre foi. Exercez donc votre pensée, réfléchissez sur cette stérilité quand vous voyez celles qui n’étaient pas fécondes, que la nature avait condamnées, démentir la nature et devenir mères, ne vous étonnez pas qu’une Vierge soit devenue mère aussi, disons mieux, soyez toujours pénétrés d’admiration, admirez avec stupeur, mais ne refusez pas votre foi aux miracles. Quand un juif vous dira : comment une vierge est-elle devenue mère ? répondez-lui, vous : comment est-elle devenue mère celle qui était stérile et accablée par la vieillesse ? Deux obstacles alors ; l’âge avancé, l’incapacité de la nature. Dans la Vierge, il n’y avait qu’un obstacle, c’est qu’elle ne connaissait pas le mariage. La femme stérile ouvre donc la voie à la Vierge. Et ce qui vous prouve que c’est là le motif qui fait que l’Écriture montre d’avance aux hommes, des femmes stériles, que l’Écriture a voulu assurer votre foi à l’enfantement par une Vierge, écoutez les paroles que lui adresse Gabriel ; il vient, et lui dit : Vous concevrez dans votre sein et vous enfanterez un fils à qui vous donnerez le nom de Jésus. (Luc. 1,31) La Vierge s’étonna, admira, et dit : Comment cela se fera-t-il, car je ne connais point d’homme ? Que répond l’ange alors ? Le Saint-Esprit surviendra en vous. (Id. 34,35) Ne vous inquiétez pas de la nature, lui dit-il ; puisque ce qui se passe est supérieur à la nature ; ne considérez pas le mariage ordinaire, les douleurs de l’enfantement ; le mode de la génération présente est supérieur à tous les mariages. Comment cela se fera-t-il, dit-elle, car je ne connais point d’homme ? Eh bien ! cela se fera justement parce que vous ne connaissez point d’homme. En effet, si vous aviez connu un homme, vous n’auriez pas été jugée digne de servir à ce ministère. Croyez donc précisément par la raison même qui vous porte à ne pas croire. Quant à ce que je dis, que vous n’auriez pas été digne de servir à ce ministère, ce n’est pas que le mariage soit un mal, mais c’est que la virginité vaut mieux. Il convenait à Notre-Seigneur de prendre, pour son entrée dans le monde, la route la plus auguste ; c’est un roi, le roi fait son entrée par la route la plus auguste. Il fallait qu’il fût engendré, et engendré d’une manière différente. Cette double nécessité est satisfaite ici ; il naît des entrailles d’une mère, voilà ce qu’il a de commun avec nous ; il naît sans qu’il y ait eu mariage, voilà ce qui dépasse notre condition. Être porté ; être conçu dans le sein d’une femme c’est ce qui appartient à la nature humaine, mais maintenant qu’aucun commerce charnel n’ait suscité la conception, c’est un privilège auguste, supérieur à la nature humaine. Voilà donc pourquoi ces deux caractères se montrent dans cette naissance, c’est afin que vous appreniez combien l’enfant qui naît est supérieur à notre nature, et combien, entre notre nature et lui, se rencontrent de liens communs.
8. Et maintenant, considérez la parfaite sagesse qui se manifeste ici ; ni cette supériorité si haute n’altère en rien la ressemblance, la parenté qui l’unit à nous ; ni cette parenté que nous avons avec lui, n’obscurcit en rien l’éclat de cette supériorité ; ressemblance et supériorité ont parti en toutes choses ; d’une part, ressemblance parfaite, d’autre part, complète différence. Quant à ce que j’ai dit, que les femmes stériles ont précédé, afin que l’enfantement d’une Vierge fut accepté par la foi, afin que cette Vierge fût conduite comme par la main, à croire à la promesse qu’elle entendait de la bouche de l’ange : Le Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre ; c’est ainsi, dit-il, que vous