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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/546

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C’est la beauté de l’âme, qui consiste dans la vertu et la piété.
2. Puisqu’on retire tant d’avantages de la communion des saints, unissez-vous à moi pour aimer ce saint avec la plus extrême ardeur. Si cet amour entre dans nos cœurs et y allume sa brillante flamme, trouverait-il dans les voies de notre pensée des épines et des pierres, la dureté, l’insensibilité, il consumera les épines, amollira les pierres, et fera de notre âme une terre profonde et fertile, prête à recevoir la semence divine. Et qu’on ne dise point : Paul n’est point ici, il n’est pas visible à nos yeux ; or, comment aimer ce qu’on ne voit pas ? – L’absence n’est point un obstacle à cet amour. On peut aimer un absent, un ami qu’on ne voit pas, surtout quand on a chaque jour devant les yeux tant de témoignages de sa vertu, si nombreux et si manifestes, les Églises établies sur toute la terre, l’impiété détruite, les mœurs coupables changées en mœurs pures, l’erreur abattue, les autels des faux dieux renversés, leurs temples fermés, les démons réduits au silence. Tous ces cultes mensongers cédèrent à la puissance de Paul, à sa parole inspirée par la grâce du ciel et qui alluma partout le flambeau de la religion. Après ses œuvres, ses lettres sacrées nous peignent exactement le caractère de celte âme sainte. Comme si nous parlions à Paul, comme s’il était sous nos yeux, au milieu de nous, attachons-nous à ses paroles, développons-en le sens profond et caché, cherchons ce qu’il veut dire aujourd’hui quand il s’écrie : Plût à Dieu que vous voulussiez un peu supporter mon imprudence ! Car j’ai pour vous un amour de jalousie et d’une jalousie de Dieu. (2Cor. 11,1-2) Que dites-vous, Paul ? Vous qui ordonnez à vos disciples de marcher dans la sagesse aux regards des profanes, vous qui dites : Que vos paroles soient toujours assaisonnées du sel de la grâce, afin que vous sachiez comment vous devez répondre à chaque personne (Col. 4,6) ; vous qui recommandez à tous les hommes de se pénétrer de la sagesse de l’Esprit-Saint, c’est vous qui demandez qu’on supporte un peu votre imprudence ? II ne vous suffisait pas d’avoir prononcé une parole imprudente ; vous la faites encore entendre à vos disciples, vous la faites connaître à tous ceux qui, dans la suite, liront votre lettre ? Ces paroles, si on les lit sans les expliquer, sont dangereuses pour les auditeurs ; si on les développe, elles montrent la profonde sagesse de Paul, son ineffable charité.
3. Quel en est donc le sens ? Il y avait chez les Corinthiens grand nombre de faux apôtres qui corrompaient le peuple, accusaient Paul, minaient sourdement la réputation qu’il s’était acquise auprès de ses disciples, le raillaient, le traitaient d’imposteur. C’est à eux qu’il s’adresse en plusieurs passages de sa lettre. Quand il dit : Nous ne sommes pas comme plusieurs qui altèrent la parole de Dieu. (2Cor. 2,17) Et ailleurs : J’ai pris garde de ne vous être à charge en quoi que ce soit (Id. 11,9) ; et quand il promet de maintenir la loi immuable : La vérité de Jésus-Christ est en moi, et on ne me ravira point cette gloire dans toute l’Achaïe. (Id. 11,9) Et quand il fait connaître ses motifs, il désigne ces impies, en disant : Et pourquoi ? Est-ce parce que je ne vous aime pas ? Dieu le sait. Non, je fais cela et le ferais encore afin d’ôter une occasion de se glorifier à ceux qui la cherchent. (Id. 11,12) Plus haut, il prie ses disciples de ne le point mettre dans la nécessité de montrer son pouvoir : Je vous prie, qu’étant présent, je ne sois point obligé d’user envers vous avec confiance de celte autorité et de cette hardiesse avec laquelle on m’accuse d’agir envers quelques hommes qui s’imaginent que nous mous conduisons selon la chair. (Id. 10,2) Ces hommes dont il parle l’accusaient et le raillaient, disant que les lettres de Paul étaient pleines d’orgueil et d’arrogance, mais qu’il était lui-même sans valeur, sans mérite, un objet de dédain ; que lorsqu’on le verrait, on s’apercevrait qu’il n’en faisait faire aucun cas. C’est ce qu’il nous apprend lui-même quand il dit : Je crains de paraître vouloir vous étonner par des lettres, parce qu’à la vérité, disent-ils, les lettres de Paul sont graves et fortes, mais lorsqu’il est présent, il paraît bas en sa personne et méprisable en ses discours. (2Cor. 10,9-10) Et plus loin, il accuse les Corinthiens qui se sont laissé persuader : Ai-je fait une faute, dit-il, lorsqu’afin de vous élever, je me suis abaissé moi-même ? (2Cor. 11,7) Et ensuite, répondant à l’accusation de ses ennemis, il dit : Étant présent, nous nous conduisons de la même manière que nous parlons dans nos lettres étant absent. (2Cor. 10,11) Il y avait donc chez les Corinthiens beaucoup de faux apôtres qu’il appelle artisans d’erreurs : Ceux-là, dit-il, sont de faux apôtres, artisans d’erreurs, qui se transforment en envoyés de Jésus-Christ. Et on ne s’en doit pas étonner, puisque