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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/101

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de sûreté. Que si vous vous établissez par une sainte habitude dans l’amour de la vertu et de la sagesse, quand même vous tomberiez dans quelque négligence, elle ne pourra pas aller jusqu’à vous faire violer le commandement de Dieu : parce que cette longue accoutumance sera devenue en vous comme une seconde nature. Car lorsque la vertu est passée en habitude, nous sentons une facilité à faire le bien, comme nous en avons à dormir, à manger, à boire, et à respirer. C’est ainsi que nous jouirons d’un plaisir céleste, que notre âme se trouvera comme dans un port tranquille et un calme perpétuel, et qu’au dernier jour nous paraîtrons comme un vaisseau chargé de richesses, pour recevoir la couronne immortelle que je demande à Dieu pour vous tous, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et l’empire avec le Père et le Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XII


« ALORS JÉSUS VINT DE GALILÉE AU JOURDAIN TROUVER JEAN POUR ÊTRE BAPTISÉ PAR LUI. MAIS JEAN L’EN EMPÊCHAIT EN DISANT : C’EST MOI QUI AI BESOIN D’ÊTRE BAPTISE PAR VOUS, ET VOUS VENEZ A MOI. » (CHAP. 3,13-14, JUSQU’AU CHAP. IV)

ANALYSE.

  • 1. Pourquoi Jésus-Christ, le juste par excellence, vient-il au baptême, confondu dans la foule des pécheurs ?
  • 2. Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; comment les Juifs sont-ils restés incrédules après avoir entendu venir du ciel cette voix miraculeuse ?
  • 3. La foi se passe de la vision. — L’Esprit-Saint n’est pas moindre que le Christ. – Le Christ abroge le baptême et la pâque des Juifs.
  • 4. et 5. Un chrétien doit mépriser tous les biens du monde comme indignes et rendre sa vie conforme à sa foi.


1. Le Seigneur, mes frères, vient se faire baptiser avec des esclaves, et le juge avec des criminels. Mais que cette humilité d’un Dieu ne vous trouble point, car c’est dans ses plus grands abaissements, qu’il fait paraître sa plus grande gloire. Vous étonnez-vous que Celui qui a bien voulu être durant plusieurs mois dans le sein d’une vierge, et en sortir revêtu de notre nature, qui a bien voulu depuis souffrir les soufflets, le tourment de la croix, et tant d’autres maux auxquels il s’est soumis pour l’amour de nous, ait voulu aussi recevoir le baptême, et s’humilier devant son serviteur, en se mêlant avec la foule des pécheurs ? Ce qui doit nous surprendre, c’est qu’un Dieu n’ait pas dédaigné de se faire homme. Mais après ce premier abaissement, tout le reste n’en est qu’une suite naturelle.
Aussi saint Jean pour nous préparer à cette humiliation du Fils de Dieu, dit de lui auparavant, qu’il n’est pas digne de délier le cordon de ses souliers ; qu’il était le juge universel qu’il rendrait à chacun selon ses œuvres, et qu’il répandrait les grâces du Saint-Esprit sur tous les hommes, afin qu’en le voyant venir au baptême, vous ne soupçonniez rien de bas sous cette humilité. C’est dans ce même dessein que lorsqu’il le voit présent devant lui, saint Jean lui dit pour l’empêcher : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par vous, et vous venez à moi (14) ? » Comme le baptême de Jean était un baptême de pénitence, et qui portait ceux qui le recevaient à s’accuser de leurs péchés, saint Jean pour prévenir les Juifs, et les empêcher de croire que Jésus-Christ venait dans cette disposition à son baptême, l’appelle d’auparavant devant le peuple l’Agneau de Dieu, et le Sauveur qui devait effacer les péchés de tout le monde. Car Celui qui avait le pouvoir d’effacer tous les péchés du genre humain, devait à plus forte raison être lui-même exempt de péché. C’est pourquoi saint Jean ne dit pas : « Voilà celui qui est exempt de péché », mais ce qui est beaucoup plus : « Voilà celui qui porte sur soi, et qui ôte le péché du monde (Jn. 1, 29) ; » afin que cette dernière vérité admise fît, à plus forte raison, admettre la première, et qu’on