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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/13

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de parasites, et ne s’occupant que de bonne chère et continuellement plongés dans l’ivresse. Il poursuit principalement ceux qui s’enrichissaient par la rapine et par l’usure. C’est contre cette espèce d’hommes qu’il lance ses plus terribles invectives ; il les menace, il les effraye en leur montrant l’enfer qui les attend dans ses gouffres où brûle un feu inextinguible. Et ces voluptueux, ces mauvais riches, il les terrifiait au point qu’ils donnaient souvent des signes publics de contrition et de repentir ; mais, dit le saint orateur, à peine avaient-ils franchi le seuil de l’église qu’ils retournaient à leurs habitudes ; c’est que la crainte n’est pas le maître qu’il faut pour enseigner la persévérance dans le devoir, c’est l’affaire de l’amour et de l’affection. Son perpétuel refrain c’est qu’il faut déposer ses richesses en lieu sûr, c’est-à-dire au ciel, et les y faire porter par la main des pauvres Dans ces avis souvent répétés, il donne à entendre qu’il y avait alors à Antioche nombre d’usuriers qui grossissaient leur avoir par la spoliation des pauvres.
Censeur infatigable du faste, de la vanité et dé l’arrogance, il harcèle sans cesse ceux qui se construisaient de splendides demeures, qui entassaient un mobilier sans fin qui avaient des voitures toutes brillantes d’or et d’argent, et ne sortaient jamais que suivis d’une légion de serviteurs. C’est encore le luxe des femmes, qui est l’objet de ses fréquentes, comme de ses plus piquantes invectives ; il jette le ridicule à pleines mains sur leurs fards, leurs enluminures, leurs faux cheveux, leur or, leurs pierreries, sur tout l’attirail de la coquetterie. Il fait honte aux jeunes gens de leurs mœurs molles, efféminées, corrompues, de leurs toilettes presque aussi recherchées que celles des femmes. Il proscrit les rixes et les inimitiés comme diamétralement opposées à l’esprit du christianisme, il recommande la charité fraternelle comme le caractère spécial qui distingue le disciple de Jésus-Christ.
Il parle aussi fort souvent contre l’art des histrions, des comédiens, contre les spectacles et les théâtres, et ce n’était pas sans raison, car rien de plus impur que la scène d’alors, rien de plus impudent et de plus obscène que les comédiens et les comédiennes. Celles-ci paraissaient toutes nues sur la scène, elles nageaient toutes nues dans des bassins disposés pour cela.
Sa voix n’est pas moins éloquente pour faire aimer la vertu que pour faire détester le vice : il recommande surtout la chasteté, la charité envers le prochain, l’oubli des injures, la patience dans l’adversité, l’aumône, etc.
Tout en édifiant la foi et en formant les mœurs des chrétiens, l’orateur n’oublie pas de combattre les ennemis de nos croyances. Les Juifs, les Manichéens, les Marcionites, les Valentiniens sont ceux qu’il prend le plus souvent à partie. L’élément apologétique tient donc une assez grande place dans ce commentaire, et si certain mauvais livre qui a fait tant de bruit et de scandale ces temps passés n’avait pas déjà