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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/12

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II.


La méthode suivie par saint Chrysostome est celle-ci : il cite le texte sacré verset par verset, phrase par phrase, puis il fait ressortir le sens littéral souvent avec tout le soin que pourrait y apporter un grammairien sagace, et cela sans cesser d’être orateur, orateur chaleureux, rapide, entraînant. Il assigne à chaque fait son temps, son occasion, ses circonstances qu’il demande aux autres Évangélistes lorsqu’ils en rapportent qui ne se trouvent pas dans saint Matthieu. Il insiste sur les miracles en s’attachant à en démontrer l’à-propos, le but, toutes les raisons.
Il rapporte parfois, surtout quand il s’agit de passages difficiles, les opinions de divers interprètes, et si ces opinions exigent une réfutation, il s’en acquitte avec un rare talent ; sa polémique est expéditive, spirituelle, caustique. Il a grand soin de montrer que les oppositions, que quelques-uns veulent trouver entre les Évangélistes, ne sont qu’apparentes, qu’elles n’ont rien de réel au fond, qu’elles s’expliquent toutes aisément et qu’elles viennent, soit de ce que les écrivains sacrés envisagent les faits chacun à son point de vue et sous une face différente, comme il arrive tous les jours, lorsque plusieurs sont témoins du même fait, que l’un remarque plus spécialement tel détail, l’autre, tel autre ; soit de ce que les Évangélistes racontent effectivement des miracles et des prodiges différents, ce qui, non seulement est très-probable, mais a dû avoir lieu nécessairement. Et en effet, les miracles opérés par le divin Sauveur, ne sont pas en petit nombre, ils sont, au contraire, selon les Évangélistes eux-mêmes, innombrables. Dès lors, quoi d’étonnant s’ils n’ont pas tous raconté les mêmes ? N’y aurait-il pas lieu de s’étonner qu’il en fût autrement ? N’est-il pas vrai que les légères différences qui se remarquent entre les dépositions de ces quatre témoins du Christ, sont beaucoup plus faites pour augmenter que pour diminuer le poids de leur témoignage collectif ?
Toutes ces homélies se terminent par une exhortation morale où le saint orateur fait à son peuple l’application de la doctrine qu’il vient de lui exposer. Il attaque les uns après les autres les vices régnants : les peintures qu’il en fait, pour en inspirer l’horreur à ceux qui l’écoutent, sont animées des couleurs les plus fortes, et c’est ordinairement aux prophètes qu’il les emprunte. Il n’a pas moins de mouvement que de couleur. Ses réprimandes sont hardies, sévères, âpres même sans cesser d’être paternelles et charitables. Sa parole est un glaive qui frappe pour guérir ensuite.
Il réprimande souvent les riches qui abusaient de leur fortune, toujours entourés