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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/145

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Mais c’était peu de chose que ces châtiments infligés en ce monde, c’est pourquoi il ajoute que : « Celui qui dit à son frère, vous êtes un fou, sera condamné au feu de l’enfer. » Et c’est ici la première fois que Jésus-Christ parle de l’enfer. Il a beaucoup parlé jusqu’ici du royaume des cieux, il parle enfin de l’enfer ; c’est qu’il parlait de l’un par un mouvement de son amour, et qu’il ne rappelait l’autre que contraint par notre paresse. Et remarquez comment les supplices dont il menace sont toujours de plus en plus grands ; comme s’il voulait s’excuser de cette sévérité, et nous faire voir que ce n’est que malgré lui qu’il nous en menace, et que c’est nous-mêmes qui l’y contraignons.
Il semble qu’il nous dise. Je vous ai dit : « Ne vous mettez point en colère sans sujet, parce que vous mériterez d’être condamnés en jugement. » Vous avez négligé cette punition. Mais voyez ce que votre colère a produit, elle vous a porté aussitôt à dire des paroles de mépris. Vous avez dit : « Raca » à votre frère : je vous ai encore menacé d’une autre peine qui est celle du conseil. Que si cela ne vous arrête, et si vous vous emportez encore dans d’autres plus grands excès, je ne me contenterai plus de ces peines légères, et je vous épouvanterai par la menace d’un feu éternel, afin qu’au moins cette crainte vous empêche d’en venir jusqu’à l’homicide. Car il n’y a rien qui soit plus insupportable que les injures, et qui fasse plus d’impression sur l’esprit des hommes ; et s’il arrive que cette injure soit sanglante, elle excite un double embrasement.
Ainsi ne croyez pas que ce soit une chose légère que d’appeler quelqu’un fou ; car en ôtant à votre frère ce qui distingue les hommes d’avec les bêtes, et ce qui les rend proprement hommes, c’est-à-dire, le jugement et la raison, vous lui ôtez sa dignité et le réduisez à la dernière bassesse. Ne nous arrêtons donc pas seulement au son de cette parole : mais considérons la chose ; voyons comment elle déchire, comment elle laisse un aiguillon dans le cœur de celui qu’elle a blessé, et combien de maux elle cause ensuite. C’est pourquoi saint Paul exclut du royaume des cieux, non seulement les fornicateurs et les adultères, ou les infâmes, mais encore les insulteurs. Et c’est avec grande raison qu’il les traite de la sorte. Car ces personnes détruisent la charité ; jettent le prochain dans mille inquiétudes ;