Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais vous ne voyez pas ces signes, dites-vous, et je vous réponds que c’est cela même qui est le plus grand de tous ces signes. Personne, du temps de Noé, ne voyait les signes de ce déluge qui était près d’inonder toute la terre ; et lorsque les hommes ne pensaient qu’à se divertir, à faire festin, à se marier et à continuer toutes les choses auxquelles ils avaient accoutumé de s’occuper, ils furent tout d’un coup surpris par cette effroyable inondation qui les enveloppa tous. La même chose arriva aux gens de Sodome. Ils vivaient dans l’excès des délices, ils n’avaient pas le moindre soupçon de ce qui allait leur arriver, et c’est alors que le feu du ciel tomba sur eux et les consuma.
Considérons ces exemples, mes frères, et tenons-nous prêts à tous moments à sortir de cette vie. Quand le jour qui réduira tout ce monde en cendre ne serait pas encore si proche, celui de la mort de chacun de nous, soit vieux ou jeune, ne peut être fort éloigné. Quand ce moment sera venu, nous ne pourrons plus trouver d’huile pour nos lampes qui s’éteindront, ni obtenir le pardon que nous demanderons trop tard. Dieu nous rejettera alors, quand Abraham même, quand Noé, quand Job ou Daniel intercéderait pour nous. (Ez. 14,20) C’est pourquoi, lorsqu’il nous reste encore du temps, préparons nos lampes, remplissons nos vases d’huile, faisons-nous comme un trésor de confiance, et mettons tout en dépôt dans le ciel ; afin que lorsque nous serons dans le besoin, nous le retrouvions pour en jouir éternellement, par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et l’empire, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XXI


« NUL NE PEUT SERVIR DEUX MAÎTRES, CAR OU IL HAÏRA L’UN, ET AIMERA L’AUTRE ; OU IL S’ATTACHERA À L’UN, ET MÉPRISERA L’AUTRE » CHAP. 6,24, JUSQU’AU VERSET 28)

ANALYSE.

  • 1. Le Christ nous est utile en supprimant ce qui nous nuit.
  • 2. Des maux qu’enfantent les richesses.
  • 3. Le Nouveau comme l’Ancien Testament emprunte des exemples à l’histoire de la Nature.
  • 4. Que les imparfaits ne doivent pas croire que la perfection soit impossible ; qu’ils doivent s’encourager par l’exemple des autres.


1. Jésus-Christ dégage peu à peu ses disciples de l’amour du monde. Il diversifie les raisons par lesquelles il tâche de les retirer de l’affection des richesses, et de réprimer en eux cette passion si violente. Il ne se contente pas de ce qu’il leur en a déjà dit, quoiqu’il en ait parlé longuement et fortement. Il y ajoute encore d’autres considérations plus puissantes et plus terribles. Car y a-t-il rien qui nous doive plus effrayer que ce qu’il nous dit ici, que si nous sommes esclaves des richesses, nous cesserons d’être serviteurs de Jésus-Christ ? Et qu’y a-t-il au contraire qui nous puisse consoler davantage, que de pouvoir devenir ses véritables amis, en méprisant les richesses au lieu de les aimer ?
Remarquez encore ici ce que je vous fais voir si souvent : que Jésus-Christ porte ses disciples à lui obéir par deux raisons différentes, par l’utilité qu’ils y trouvent, et par le mal qu’ils souffriraient s’ils ne lui obéissaient pas. Il nous avertit, comme un sage médecin, des maladies où nous tomberons si nous négligeons ses ordonnances ; et de la santé dont nous