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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/224

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HOMÉLIE XXVI


« ET JÉSUS ÉTANT ENTRÉ A CAPHARNAÜM, UN CENTENIER VINT A LUI LE SUPPLIANT, ET LUI DISANT : SEIGNEUR, MON SERVITEUR EST MALADE DE PARALYSIE DANS MA MAISON, ET IL EST EXTRÊMEMENT TOURMENTÉ. » (CHAP. 8,5, JUSQU’AU VERSET 14)

ANALYSE.

  • 1 et 2. Admirable Foi du centurion. L’envie aveugle l’esprit.
  • 3 et 4. Combien le centurion l’emportait sur les Juifs par l’excellente disposition de son cœur.
  • 5. Soyons sur nos gardes constamment, même lorsque nous sommes debout dans la voie du bien. Contre les manichéens.
  • 6. C’est avec confiance et tout ensemble avec crainte qu’il faut s’avancer dans la voie étroite. Contre les manichéens et les marcionites.
  • 7 et 8. Faites pénitence et le pardon ne vous sera pas refusé. Grandeur du crime du roi David et grandeur de sa pénitence.


1. Le lépreux approcha de Jésus-Christ lorsqu’il descendait de la montagne, et ce centenier vient à lui lorsqu’il entrait à Capharnaüm. Pourquoi ni l’un ni l’autre ne l’allait-il point trouver lorsqu’il parlait sur cette montagne ? Ce n’était point sans doute par négligence ou par paresse, puisque l’un et l’autre avaient une foi si vive, mais seulement de peur d’interrompre son discours. « Seigneur, mon serviteur est malade de paralysie dans ma maison, et il est extrêmement tourmenté (6). » Quelques-uns disent que le centenier disait ceci pour s’excuser de ce qu’il n’avait pas amené son serviteur ; et il était en effet très difficile de transporter une personne en cet état, puisque, selon que saint Luc le remarque, il était tout près de mourir. Mais pour moi je crois que ces paroles sont une preuve de sa grande foi, que je préfère de beaucoup à la foi de ceux qui découvrirent le toit pour descendre un paralytique, et le présenter à Jésus-Christ. Ce centenier ne douta point qu’une seule parole de la bouche de Jésus-Christ ne pût guérir son serviteur ; et il crut qu’il était superflu de le lui présenter en personne. Mais que fit ici le Sauveur ? « Jésus lui dit : J’irai et le guérirai (7). » Jésus-Christ fait ici ce qu’on ne voit point qu’il ait fait ailleurs. Il se contentait toujours de suivre le désir de ceux qui s’adressaient à lui : mais ici il va même au-delà. Il ne promet pas seulement au centenier de guérir son serviteur, mais encore d’aller chez lui, Il agissait de la sorte, mes frères, pour nous faire voir quelle était la foi de ce centenier. Car s’il ne se fût ainsi offert d’aller chez lui, et qu’il lui eût dit tout d’abord :
Allez, votre serviteur est guéri, la vive foi de cet homme nous eût été inconnue. Il traita de même la chananéenne, quoique d’une manière qui paraît contraire, puisqu’il s’offre ici d’aller chez le centenier qui ne l’en prie pas, pour nous donner lieu de connaître l’humilité et la foi de cet homme ; et qu’il refuse pour le même sujet à la chananéenne ce qu’elle lui de mande, et demeure inflexible à ses instantes prières. Jésus-Christ est un médecin infiniment sage, qui sait l’art de produire le même effet, par des moyens qui semblent contraires. Ce médecin fait voir ici la grande foi d’un centenier en s’offrant de l’aller voir ; et il montre ailleurs celle de la Chananéenne, en différant longtemps de lui accorder ce qu’elle désire C’est encore la conduite qu’il tint à l’égard d’Abraham lorsqu’il lui déclara le dessein qu’il avait sur l’abominable Sodome : « Je ne céderai point », dit-il, « à mon serviteur Abraham », etc. (Gen. 18,47) Il voulait nous faire comprendre son extrême charité pour tous les hommes et sa bienveillante providence même pour une Sodome. (Gen. 19,3) Les anges au contraire qui avaient été envoyés à Loth, refusèrent d’entrer chez lui, afin que, par la violence qu’il fit pour les retenir, on connût le zèle de ce saint homme pour exercer l’hospitalité envers tout le monde. « Et le centenier lui répondit : Seigneur, je