Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’aller vers cette cité bienheureuse, nous nous trouverons bientôt à ses portes ; car son éloignement ne vient point de la distance des lieux, mais de la disproportion de notre conduite et de notre vie.
Vous avez soin de vous rendre habiles dans l’histoire de ce monde, d’en connaître le présent et le passé. Vous vous souvenez des rois sous qui vous avez porté les armes, des officiers particuliers qui vous commandaient, des jeux publics qui se sont donnés, des gladiateurs qui y ont combattu, de ceux qui ont remporté le prix, et de cent autres choses qui ne vous regardent point, et vous n’avez pas seulement la moindre pensée de considérer quel est le prince de cette cité céleste, quels sont ceux qui y tiennent le premier, le second ou le troisième rang, combien chacun d’eux a combattu, et par quelles actions il s’est signalé. Enfin vous ne vous donnez pas seulement la patience d’entendre ceux qui vous proposent les lois de cette sainte cité. Après cela comment oseriez-vous espérer de jouir un jour de ces biens suprêmes, puisque vous ne daignez pas seulement écouter maintenant ceux qui vous en parlent ?
Faisons donc au moins aujourd’hui, mes Frères, ce que jusqu’ici nous avons toujours négligé de faire. Puisque la miséricorde de Dieu nous fait espérer d’entrer un jour dans cette ville toute d’or, comme parle l’Écriture, et qui, en vérité, est infiniment plus précieuse que l’or ; apprenons quels en sont les fondements, et quelles sont ces portes toutes composées de perles et de diamants. Nous avons un excellent guide qui est saint Matthieu, et nous commençons aujourd’hui d’entrer par la porte qu’il nous ouvre. Redoublons notre attention de peur que s’il remarque que quelqu’un l’écoute négligemment, il ne le bannisse de cette ville céleste.
Car cette ville, mes Frères, est une ville vraiment royale et magnifique, elle n’est pas comme nos villes d’ici-bas, divisée en rues, en palais et en places. Elle n’est toute que le palais de son Roi. Ouvrons donc les portes de nos âmes, ouvrons l’oreille de nos cœurs, et, sur le point d’entrer dans cette ville éternelle, adorons avec une frayeur respectueuse le Roi qui y règne. Celui qui désire d’en contempler les merveilles, peut être d’abord frappé de terreur, car ces portes nous sont encore fermées maintenant ; mais quand nous les verrons ouvertes, c’est-à-dire, quand nous aurons découvert les mystères que nous vous avons proposés, nous verrons alors l’éclat qui brille au dedans. Ce bienheureux publicain vous conduira par les yeux de l’esprit, et il vous promet de vous montrer tout. Il vous fera voir où est le trône du R. quels sont les soldats qui l’environnent, où sont les anges et les archanges, quel est le lieu destiné pour les nouveaux citoyens de cette ville, par quels chemins on y va, quel honneur on rend à ceux qui y tiennent ou le premier, ou le second, ou le troisième rang, et combien il y a de dignités différentes, soit dans le sénat, soit dans le peuple de cette cité divine. C’est pourquoi n’entrons point ici avec bruit et avec tumulte, mais avec un respect et un silence digne de ces grands mystères. Si l’on entre dans un silence si profond lorsqu’on doit lire les lettres du roi dans une assemblée publique, quel doit être le vôtre, lorsqu’on doit vous rapporter, non les ordonnances d’un prince de la terre, mais les oracles du Roi du ciel ? Si nous agissons de la sorte, le Saint-Esprit nous conduira lui-même, par sa grâce, jusqu’au dedans de ce palais, et jusqu’au trône du R. pour y jouir des biens infinis, par la grâce et par la miséricorde de Jésus-Christ notre Seigneur, auquel est la gloire et l’empire, avec le Père et le Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.