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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/22

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beaucoup d’autres qui ont été aussi méchants que ceux-ci ?
On demande encore pourquoi, lorsque saint Matthieu dit expressément que la généalogie du Christ jusqu’à Abraham contient trois séries, chacune de quatorze générations, ce nombre se trouve incomplet dans la troisième série telle qu’il la domine ?
On demande enfin pourquoi saint Luc et saint Matthieu ayant fait la généalogie de Jésus-Christ, saint Luc ne rapporte pas les mêmes noms, et en rapporte beaucoup plus que saint Matthieu ; en d’autres termes pourquoi saint Matthieu marque moins de noms et des noms différents de ceux de saint Luc, quoique l’un et l’autre continuent la généalogie de Jésus-Christ jusqu’à Joseph ?
Comprenez donc combien il faudra d’application pour éclaircir ces choses, puisqu’il en faut même pour discerner ce qui a besoin d’éclaircissement. Car ce n’est pas un petit avantage, que de bien discerner ce qui est douteux, et ce qui peut donner lieu à des difficultés.
Par exemple on fait encore cette question Pourquoi sainte Elizabeth, étant de la tribu de Lévi, est appelée la cousine de la sainte Vierge ?
7. Mais pour ne pas accabler votre mémoire, finissons ici ce discours. Il suffit pour vous donner de l’ardeur, de vous avoir proposé les questions que nous aurons à résoudre. Si les solutions vous intéressent, il dépendra de vous de les connaître en assistant à nos entretiens. Car si je vois en vous un véritable désir de vous instruire, je lâcherai de vous satisfaire en répondant à ces questions. Mais si je vous vois dans l’indifférence et dans la froideur, je vous cacherai et les difficultés et les réponses-qu’on y pourrait faire, parce que la loi de Dieu me défend « de donner les choses saintes aux chiens, et de jeter les perles devant les « pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds. » (Mat. 7, 6)
Mais qui est celui qui voudrait fouler des perles aux pieds, me dites-vous ? C’est celui qui ne les croit pas précieuses, et qui il n’a pas pour elles toute l’estime qu’elles méritent. Et qui est assez malheureux, dites-vous, pour ne pas les apprécier, et pour ne les pas préférer à tout ? C’est celui qui s’y applique avec moins d’ardeur qu’il n’en a pour voir d’infâmes comédiennes dans des spectacles diaboliques. Car on en voit plusieurs passer là les jours entiers ; mettre les affaires de leur famille en désordre pour satisfaire cette passion ; ne rien perdre de ce qu’ils entendent ; et conserver précieusement dans leur mémoire ce qui doit perdre et tuer leurs âmes. Mais lorsque ces mêmes personnes sont dans l’Église, où Dieu même leur parle, elles n’y peuvent demeurer un moment sans entrer dans l’impatience. C’est pour cela que notre vie qui devrait être toute céleste, n’a rien de commun avec le ciel, et que nous ne sommes plus chrétiens que de nom et en apparence. C’est pour cela que Dieu nous menace de l’enfer, non pour nous y jeter, mais pour nous en préserver par ses menaces, en nous portant à fuir une si détestable coutume. Cependant nous faisons tout le contraire de ce qu’il désire. Nous entendons qu’il nous menace de l’enfer, et nous courons tous les jours à ce qui nous y mène, à ce qui nous damne. Dieu nous commande non seulement d’écouter, mais même de faire ce qu’il nous dit : et nous n’avons pas seulement la patience de l’entendre. Quand donc ferons-nous ce qu’il nous ordonne, si nous ne pouvons pas seulement souffrir qu’il nous parle ; si nous nous ennuyons, si nous nous impatientons aussitôt, si nous un pouvons pas lui donner seulement un quart d’heure de notre temps ?
Lorsque, dans une conversation, nos paroles n’obtiennent pas l’attention des personnes présentes, nous nous en offensons comme d’une injure, quelque vaines que soient d’ailleurs les choses que nous disons ; et nous croyons que Dieu ne s’offensera pas, lorsque les grandes vérités qu’il nous annonce nous laissent indifférents, que nous avons l’esprit ailleurs, et que nous ne daignons pas seulement nous y appliquer ? On prend plaisir à écouter des personnes qui ont vieilli dans les voyages, qui savent et qui rapportent exactement la distance, la situation, la grandeur, les, places publiques, et les ports des villes qu’elles ont vues : et nous autres qui sommes voyageurs en cette vie, et qui marchons vers le ciel, nous ne nous mettons pas seulement en peine de savoir combien nous en sommes encore éloignés. Si nous y pensions, cependant, nous nous hâterions peut-être davantage pour y arriver. Si nous nous négligeons dans ce chemin qui mène à Dieu, nous sommes infiniment plus éloignés du but que la terre ne l’est du ciel ; mais si nous nous hâtons