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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/241

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HOMÉLIE XXVIII


« JÉSUS ÉTANT ENTRÉ DANS UNE BARQUE, SES DISCIPLES LE SUIVIRENT ; ET AUSSITÔT UNE GRANDE TEMPÊTE S’ÉLEVA SUR LA MER, EN SORTE QUE LA BARQUE ÉTAIT COUVERTE DES FLOTS, ET LUI CEPENDANT DORMAIT. » (CHAP. 8,23, 24, JUSQU’À LA FIN DU CHAPITRE)

ANALYSE.

  • 1. Les Évangélistes ne se contredisent pas.
  • 2. Le Christ et Moïse ont fait tous les deux des miracles, mais le Christ faisait les siens en maître qui trouve en lui-même son pouvoir et Moïse en serviteur dont le pouvoir vient d’ailleurs.
  • 3. Les âmes des morts une fois sorties de ce monde n’y peuvent plus librement revenir. Il n’est personne qui ne soit l’objet de la providence de Dieu.
  • 4. et 5. Exhortation. Que ceux dont l’âme est possédée par le démon sont plus dignes de compassion que les possédés. Portrait de l’avare.


1. Saint Lc. pour prévenir la curiosité de ceux qui voudraient s’informer trop précisément du temps auquel ce miracle de la tempête arriva, dit en général : « Et il arriva un jour qu’il monta dans une barque avec ses disciples. » (Lc. 8,22) Saint Marc fait la même chose. (Mc. 4,35) Mais saint Matthieu observe ici l’ordre des temps. C’est que les Évangélistes ne rapportent pas tous toutes les actions de Jésus-Christ. Je vous en ai déjà avertis afin que personne ne prenne une omission pour une contradiction. Jésus-Christ donc, mes frères, renvoie le peuple, et retient seulement ses disciples avec lui. Tous les Évangélistes demeurent d’accord de cette circonstance. Et ce n’était pas au hasard ni sans grand sujet qu’il les retenait avec lui. Il voulait les rendre témoins de ce grand miracle qu’il allait faire. Comme un excellent maître d’exercices, il dressait et assouplissait ses apôtres de manière à les rendre imperturbables dans les dangers, et modestes au milieu des honneurs. Pour qu’ils ne soient pas trop vains de ce qu’il les a retenus auprès de lui après avoir renvoyé les autres, Jésus permet que ses disciples soient battus par la tempête, et tout ensemble il prépare le grand miracle qu’il fera bientôt, et exerce leurs cœurs à supporter courageusement les épreuves. Les autres miracles que Jésus-Christ avait déjà faits en leur présence, étaient sans doute très considérables ; mais celui-ci a une vertu toute particulière pour les rendre hardis et courageux. La mer devint alors comme une carrière dans laquelle le Sauveur exerçait ses nouveaux athlètes. C’est pourquoi il voulait qu’il n’y eût que ses disciples avec lui. Lorsqu’il n’a dessein que de faire des miracles, il veut que tout le peuple en soit témoin ; mais lorsqu’il y a quelque péril ou quelque mal à souffrir, il renvoie le peuple et ne retient que ceux qu’il formait comme des athlètes aux combats qui devaient bientôt se livrer par toute la terre.
Saint Matthieu dit simplement que Jésus-Christ « dormait », mais saint Marc dit « qu’il dormait sur un oreiller. » Il voulait nous apprendre par là combien le Fils de Dieu était éloigné de tout faste et de tout orgueil, et nous exhorter à suivre l’exemple de cette simplicité. Lors donc que la mer soulevait de plus en plus ses flots, et que la tempête devenait très violente : « Alors ses disciples s’approchant de lui le réveillèrent et lui dirent : Seigneur, sauvez-nous, nous périssons (25). » Jésus-Christ en se réveillant s’adresse plutôt à ses disciples qu’à la mer. Il reprend plutôt le peu de foi des uns qu’il ne commande à l’autre de se calmer ; parce que, comme je l’ai déjà dit, il permettait cette tempête pour les exercer ; et il traçait ici une figure des tentations