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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/250

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de leur donner un témoignage de sa puissance, en déliant avec l’autorité d’un Dieu les péchés de ce malade, et en se montrant égal en tout à son Père. Il s’était déjà fait connaître plus haut, lorsqu’il enseignait comme ayant autorité, lorsqu’il disait au lépreux : « Je le veux, soyez guéri ; » lorsqu’il louait le centenier d’avoir dit : « Dites seulement une parole, et mon serviteur sera guéri ; » lorsqu’il mettait par une seule parole un frein à la mer, et calmait les flots et la tempête ; lorsqu’il chassait les démons en Dieu, et leur faisait sentir qu’il était leur Seigneur et leur juge. Mais il force encore ici bien plus hautement ses ennemis de le reconnaître et de confesser son égalité avec son Père, et de l’établir même de leur propre bouche.
Jésus-Christ montre encore ici un grand éloignement de la vaine gloire. Environné d’une grande foule qui fermait même l’entrée de la maison, et qui obligea ces hommes à descendre leur malade par le toit, il ne se hâte pas de faire d’abord un miracle visible en guérissant la maladie extérieure et corporelle, mais il attend que ses ennemis lui en donnent l’occasion. Il commence par un miracle invisible, en guérissant l’âme du malade, et en la délivrant de ses péchés, ce qui était infiniment plus avantageux à cet homme, mais moins glorieux en apparence pour Jésus-Christ. Cependant les Juifs poussés par leur malice, et, voulant profiter de ce que disait Jésus-Christ pour l’accuser, donnèrent lieu malgré eux à la suite du miracle. Car Dieu, dont la providence ne trouve jamais d’obstacles, fit servir leur envie même à rendre ce miracle plus éclatant. « Aussitôt quelques-uns des docteurs de la loi dirent en eux-mêmes : Cet homme blasphème : qui peut remettre les péchés sinon « Dieu seul (3) ?. » Que répond Jésus-Christ à ces murmures ? » Improuve-t-il ce qu’ils disent ? S’il n’eût en effet été égal à son Père, ne devait-il pas leur dire : pourquoi avez-vous de moi une opinion qui n’est pas conforme à la vérité ? Je suis bien éloigné d’avoir cette souveraine puissance. Il ne dit rien de semblable ; mais il confirme plutôt ce qu’ils disent et par ses paroles et par ses miracles. Comme celui qui parle avantageusement de lui-même, semble ôter toute créance à ce qu’il dit, Jésus-Christ se sert du témoignage des autres pour affirmer ce qu’il est, et non seulement du témoignage de ses amis, mais ce qui est encore plus admirable, de celui de ses ennemis eux-mêmes. C’est en cela qu’éclate son infinie sagesse. Il se sert du témoignage de ses amis, quand il dit : « Je le veux, soyez guéri. » Et : « Je n’ai, point trouvé une si grande foi dans Israël même. » Et il se sert ici du témoignage de ses ennemis, lorsqu’après qu’ils ont dit : « Personne ne peut remettre les péchés que Dieu seul », il ajoute : « Or afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés : « levez-vous », dit-il alors au paralytique, « emportez votre lit et allez-vous-en dans votre « maison. »
Ce n’est pas seulement en cette rencontre que Jésus-Christ tira sa gloire de ses propres ennemis. Il le fit encore lorsqu’ils lui dirent : « Ce n’est pas à cause de vos bonnes œuvres que nous voulions vous lapider, mais à cause de vos blasphèmes, parce qu’étant homme vous vous faites Dieu. » (Jn. 10,33) Il ne réfuta point leur opinion alors, mais il l’approuva en disant : « Si je ne fais pas les actions de mon Père, ne me croyez pas ; mais si je les fais, croyez au moins à mes actions si vous ne voulez pas croire à mes paroles. » (Jn. 10,37-38)
2. Mais outre la guérison du paralytique, il y a encore ici une autre preuve, par laquelle Jésus-Christ fait voir qu’il est Dieu, égal à son Père. Les Juifs disaient en eux-mêmes : il blasphème, parce qu’il n’appartient qu’à Dieu de remettre les péchés ; et lui, non seulement remet les péchés, mais auparavant, répondant à leur pensée, quoiqu’ils ne l’eussent pas exprimée, il montre qu’il est Dieu en pénétrant le secret 1es cœurs, qui n’est connu que de Dieu seul.
Et pour montrer qu’il n’y a que Dieu qui puisse connaître le secret des cœurs, il ne faut qu’écouter ce que dit le Prophète : « Vous êtes le seul qui connaissez les cœurs » (2Chr. 6,30) Et ailleurs : « Vous êtes le Dieu qui sondez les cœurs et les reins des hommes », (Ps. 9,10) Et Jérémie : « Le cœur de l’homme est profond et impénétrable, et qui le pourra sonder ? » (Jer. 8,9) Et ailleurs : « L’homme voit la face, mais Dieu voit le cœur. » (1R. 16,9) Nous pouvons voir par beaucoup d’autres endroits semblables, qu’il n’y a que Dieu seul qui puisse connaître les pensées de l’homme. Jésus-Christ donc