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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/251

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voulant montrer clairement qu’il est Dieu et égal à son Père, révèle à ses ennemis ce qu’ils pensaient en eux-mêmes, et qu’ils n’osaient publier parce qu’ils craignaient le peuple. « Jésus connaissant ce qu’ils pensaient leur dit : pourquoi donnez-vous entrée dans vos cœurs à de mauvaises pensées (4) ? Car lequel des deux est plus aisé de dire : vos péchés vous sont remis, ou, levez-vous et marchez (5) ? » Il laisse voir encore ici une admirable douceur : « Pourquoi », dit-il, « donnez-vous entrée dans vos cœurs à de mauvaises pensées ? » Si quelqu’un pouvait avoir de l’aigreur contre Jésus-Christ, ce devait être plutôt le malade que tout autre. Il pouvait se plaindre d’avoir été trompé. Il pouvait dire : je suis venu à vous pour trouver la santé du corps, et vous hie parlez de celle de l’âme. Où pourrai-je savoir que mes péchés me sont remis ? Cependant il ne dit rien de semblable. Il s’abandonne entièrement à la puissance du médecin. Il n’y a que les scribes qui par l’excès de leur malice et de leur envie, s’opposent aux grâces que Jésus-Christ fait aux autres.
Le Sauveur les reprend d’une disposition si mauvaise ; mais il le fait avec une extrême douceur. Si vous ne croyez pas, leur dit-il, que je puisse remettre les péchés, mais que j’usurpe par vanité ce qui ne m’appartient pas, regardez comme une preuve de ma divinité la connaissance que j’ai de ce qui se passe dans vos cœurs, à laquelle j’ajoute encore la guérison de ce malade. Lorsque Jésus-Christ parle au paralytique, il ne lui déclare pas ouvertement qu’il est Dieu, il ne lui dit pas : « Je vous pardonne vos péchés ; » mais, « vos péchés vous sont pardonnés. » Mais lorsque ses ennemis le pressent, et le forcent de se déclarer, il le fait enfin, et leur dit : « Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés : Levez-vous, dit-il, emportez votre lit, et allez-vous-en dans votre maison. Et le paralytique se levant, s’en alla à sa maison (7). »
On voit clairement par ces paroles que Jésus-Christ veut bien qu’on le croie égal à son Père. Car il ne dit pas que le Fils de l’homme ait besoin d’un autre, ou que Dieu lui ait donné cette puissance, mais il dit absolument : « Que le Fils de l’homme a cette puissance. » Ce que je ne dis point par vanité, dit-il, mais pour vous persuader que je ne suis point un blasphémateur, lorsque je déclare que je suis égal à mon Père.
Il veut partout convaincre les hommes de la vérité de ce qu’il leur dit, par des preuves dont ils ne puissent douter, comme lorsqu’il dit au lépreux : « Allez vous montrer aux prêtres ; » lorsqu’il donne en un moment une santé si parfaite à la belle-mère de saint Pierre, qu’elle le sert à table en sortant du lit ; et lorsqu’il permet aux pourceaux de se précipiter dans la mer. Il prouve ici de même par la guérison du paralytique que les péchés de celui-ci lui sont véritablement remis ; et il prouve la guérison en commandant à cet homme d’emporter sou lit, afin qu’on ne s’imaginât pas que ce miracle ne fût qu’une illusion.
Mais avant que de guérir miraculeusement ce malade, il fait cette demande aux scribes : « Lequel des deux est le plus aisé, ou de dire : vos péchés vous sont remis ; ou de dire : « Levez-vous et marchez, et allez-vous-en dans votre maison ? » C’est comme s’il leur disait :
Lequel des deux sous paraît le plus aisé, de raffermir un corps paralytique, ou de délier les péchés de l’âme ? N’est-il pas vrai qu’il est plus aisé de guérir un paralytique ? Car autant l’âme est élevée au-dessus du corps, autant ses maladies sont plus grandes et plus difficiles à guérir. Néanmoins parce que la guérison de rune est cachée, et que celle de l’autre est toute visible, je prélude à la guérison de l’âme par celle du corps, qui est moindre, mais qui est plus sensible, afin que ce qui paraît à vos yeux vous porte à croire ce qui vous est invisible. C’était ainsi qu’il commençait à révéler par ses œuvres ce que Jean avait dit de lui par ces paroles : « C’est lui qui porte le péché du monde. »(Jn. 1,30)
3. Lorsque, par son ordre, le paralytique s’est levé, Jésus le renvoie dans sa maison, montrant par là son humilité en même temps qu’il prouve que la guérison est réelle et non fantastique ; il prend pour témoin de cette guérison ceux qui l’avaient été de la maladie. J’aurais souhaité, semble-t-il dire, par, votre maladie que j’ai guérie, guérir aussi ceux qui sont malades ici, non dans le corps, mais dans l’âme ; mais puisqu’ils ne le veulent pas, allez-vous-en chez vous, afin que vous guérissiez au moins les âmes malades de vos proches. Il fait voir ainsi qu’il est également le créateur du corps et de l’âme, en guérissant la paralysie de, l’âme avant même celle du corps, et en