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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/253

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l’autre. Ils sont même quelquefois contraints de lier les malades, d’employer le fer et le feu, et de guérir la douleur par la douleur, et une plaie par d’autres plaies.
Vous donc qui êtes les médecins des âmes ne vous lassez pas de tenter tous les moyens de les guérir, selon les règles que Jésus-Christ a prescrites, afin que vous soyez récompensés pour vous être sauvés vous-mêmes en sauva les autres, et pour avoir tout fait pour la gloire de Dieu seul, ce qui vous comblera vous-mêmes de gloire. Car Dieu dit dans l’Écriture : « Je glorifierai ceux qui me glorifient, et ceux qui me méprisent seront méprisés. » (1Sa. 2,9) Faisons donc tout pour glorifier le Tout-Puissant, et nous trouverons dans sa gloire notre repos : c’est ce que je vous souhaite, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et l’empire dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XXX


« ET JÉSUS SORTANT DE LÀ, VIT EN PASSANT UN HOMME QUI ÉTAIT ASSIS AU BUREAU DES IMPÔTS, NOMME MATTHIEU, AUQUEL IL DIT : SUIVEZ-MOI, ET LUI SE LEVANT, LE SUIVIT. » (CHAP. 9,9, JUSQU’AU VERSET 19)

ANALYSE.

  • 1. Vocation de saint Matthieu ; éloge de sa vertu.
  • 2. Contre ceux qui recherchent l’estime des hommes en jeûnant.
  • 3. Les disciples de Jean jaloux de Jésus-Christ.
  • 4. Qu’il ne faut prescrire les choses difficiles qu’à ceux qui en sont capables.
  • 5. et 6. Exhortation. Cette règle s’applique à tout. Par exemple qu’un mari veuille corriger sa femme de son goût pour la vanité, il devra procéder doucement et avancer par degrés.


1. Jésus-Christ ayant fait ce miracle, sort de ce lieu aussitôt, de peur que sa présence n’irritât encore davantage l’envie. Il se retire donc pour adoucir l’aigreur de ses ennemis, et il nous montre en cela l’exemple que nous devons imiter. Il nous apprend à ne point irriter encore davantage nos envieux en les bravant mais à tâcher de guérir leurs plaies, et de les apaiser par notre douceur.
Mais d’où vient que Jésus-Christ n’a point appelé l’apôtre dont nous venons de lire la vocation, avec saint. Pierre, saint Jean et les autres ? Il avait choisi pour appeler ceux-ci le temps où il savait que ces hommes répondraient à leur vocation. De même il appela saint Matthieu lorsqu’il eut la certitude que ce publicain se rendrait à sa parole. C’est ainsi encore qu’il pêcha saint Paul, après sa résurrection. Car celui qui sonde les cœurs et qui voit à nu les pensées des hommes, n’ignorait pas le moment le plus propre pour se faire suivre de chacun de ses apôtres. Il n’appela point d’abord saint Matthieu, parce que son cœur était encore trop endurci ; mais après tant de miracles, et cette grande réputation qu’il s’était acquise, il l’appela enfin, parce qu’il savait qu’il ne lui résisterait pas.
Mais nous devons admirer ici la grande humilité de cet Évangéliste, qui ne dissimule point sa vie passée, et qui marque expressément son nom de « Matthieu », lorsque tous les autres le cachent et l’appellent Lévi.
Pourquoi marque-t-il qu’il était « assis au bureau des impôts ? » C’est pour faire voir la force toute-puissante de Celui qui l’appela, et qui le choisit pour son disciple, avant qu’il eût renoncé à une profession si déshonorante, avant qu’il eût cessé ses coupables exactions