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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/262

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HOMÉLIE XXXI


« COMME JÉSUS DISAIT CECI, LE CHEF DE LA SYNAGOGUE S’APPROCHA DE LUI, ET IL L’ADORAIT EN LUI DISANT : SEIGNEUR, MA FILLE EST MORTE PRÉSENTEMENT, MAIS VENEZ LUI IMPOSER LES MAINS, ET ELLE VIVRA. » (CHAP. 9,18, JUSQUES AU VERSET 27)

ANALYSE.

  • 1. Jésus-Christ comme homme ne recherchait point la gloire.
  • 2. Guérison de l’hémorrhoïsse.
  • 3. Qu’il faut éviter le faste et la vaine gloire. De combien de maux la vie présente est remplie.
  • 4. et 5. Exhortation. Que c’est blesser la foi et la raison, que de pleurer avec excès, et de paraître inconsolable à la mort des personnes qui nous sont chères.


1. Jésus-Christ joint maintenant l’action à la parole, afin de confondre encore davantage les pharisiens et de leur fermer la bouche. Car celui qui le vient trouver ici était « chef de la synagogue » et sa douleur était excessive ; parce que l’enfant qui était morte était sa fille unique, qu’elle était déjà arrivée à l’âge de douze ans, c’est-à-dire à la fleur de son âge. C’est pourquoi il le conjure de se hâter.
Que si saint Luc rapporte que quelques-uns vinrent dire à ce père affligé : « Ne tourmentez pas inutilement le Maître, parce que votre fille vient de mourir (Lc. 8,46) », nous pouvons dire que par ces paroles : « Elle vient de mourir », ils conjecturaient peut-être qu’elle l’était depuis le temps qu’ils étaient sortis du logis ; ou qu’ils parlaient de la sorte pour exagérer sa maladie. Car c’est ainsi qu’agissent ceux qui souffrent quelque mal. Ils le font toujours paraître plus grand qu’il n’est pour toucher davantage ceux dont ils implorent le secours. Voyez, je vous prie, jusqu’où va la stupidité de ce chef de synagogue. Il demande deux choses à Jésus-Christ : l’une « qu’il vienne chez lui », et l’autre, « qu’il mette les mains sur sa fille », ce qui marque qu’il l’avait laissée encore en vie. C’est la même prière que faisait Naaman au Prophète lorsqu’il disait : « Il sortira et il étendra sa main sur moi (2R. 5) : car les personnes grossières ont besoin de quelque chose qui frappe les yeux, et qui leur touche les sens.
Saint Marc et saint Luc marquent que Jésus-Christ prit avec lui trois de ses disciples, et saint Matthieu dit en général qu’il mena ses disciples avec lui. Mais d’où vient que saint Matthieu n’était pas l’un de ces trois, puisque Jésus-Christ venait de l’appeler presqu’en ce moment à sa suite ? C’était pour augmenter son désir, et parce qu’il était encore trop imparfait. Il voulait honorer ces trois de ces faveurs extraordinaires pour exciter les autres à les imiter. Il suffisait pour lors à saint Matthieu de voir le miracle de l’hémorrhoïsse, et d’avoir reçu Jésus-Christ à sa table et d’avoir mangé le sel avec lui. « Et Jésus se levant le suivit avec ses disciples (19). » Lorsque Jésus-Christ allait à cette maison, il fut accompagné de beaucoup de monde ou parce qu’on espérait voir un grand miracle, ou à cause de la dignité de la personne dont la fille était malade. Encore fort grossiers et plus curieux de voir la guérison des corps que celle des âmes, ces hommes accouraient en foule à Jésus-Christ, ou pour être guéris eux-mêmes de leurs maladies corporelles, ou pour voir tous les jours de nouveaux miracles dans la guérison des autres ; mais peu venaient à lui pour entendre ses prédications, et pour profiter de sa doctrine. Cependant Jésus-Christ ne laisse entrer personne de tout ce peuple avec lui dans la maison. Il prend seulement ses disciples et non pas même tous, pour nous apprendre