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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/265

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du sommeil. Ce qu’il fit encore à propos de Lazare en disant : « Notre ami Lazare dort. » (Jn. 2,15) Il voulait nous apprendre dans toutes ces rencontres, que la mort n’est plus à craindre aux hommes, puisqu’elle n’est plus une mort et qu’elle est devenue un sommeil. Comme il devait mourir bientôt lui-même, il accoutumait ses disciples, par la mort et par la résurrection des autres, à ne perdre point la foi lorsqu’il serait mort, puisqu’ils voyaient que depuis qu’il était venu au monde, la mort n’était plus qu’un sommeil. Cependant on se moquait de lui, et lui ne s’indignait pas que sa puissance fût mise en doute par ceux même en faveur de qui il allait faire un grand miracle. Il ne fit aucune réprimande au sujet de ces rires qui allaient devenir, ainsi que les flûtes et les cymbales et tout le reste de l’appareil funèbre, une preuve irrécusable de la mort. Comme la plupart du temps les miracles une fois opérés ne rencontrent plus que l’incroyance, Jésus-Christ se sert ici des propres paroles de ces gens pour les convaincre ; il les enlace dans leurs propres filets.
3. Dieu usa de la même conduite envers Moïse autrefois, et depuis encore dans la résurrection de Lazare. Dieu dit à Moïse : « Qu’est-ce que vous tenez dans votre main « (Ex. 4,2) ? » afin qu’en voyant la verge qu’il tenait changée en serpent, il n’oubliât point que ce n’était d’abord que du bois, et que ses propres paroles lui en rendant témoignage, il fût dans une admiration continuelle. Et Jésus-Christ dit en parlant de Lazare : « Où l’avez-vous mis (Jn. 11,34) ? » afin que ceux qui lui répondirent « Venez et voyez », et peu après : « il sent déjà mauvais, parce qu’il y a quatre jours qu’il est mort », ne pussent plus nier ensuite qu’il n’eût été Véritablement ressuscité. « Mais après qu’on eut fait sortir tout le monde, il entra, prit la main de la jeune fille, et dit : Levez-vous, et la jeune fille se leva (25). Et le bruit s’en répandit dans tout le pays (26). » Jésus voyant donc toute cette foule de monde et tous ces joueurs de flûtes, les fit tous sortir, puis, sous les yeux des parents, il opéra le miracle. Dans ce corps inanimé, il n’introduit pas une nouvelle âme, Mais il rappelle celle qui venait de sortir, et mec autant de facilité que s’il la réveillait d’un sommeil. Il prend la main de la jeune fille pour mieux Convaincre de sa mort tous ceux qui étaient présents, et pour que le témoignage de leurs yeux ne laisse subsister aucun doute touchant la résurrection. Le père lui avait dit : « Mettez votre main sur elle ;» mais Jésus-Christ fait plus. Car il ne se contente pas de mettre sa main sur elle, il la prend et la lève, pour montrer que tout lui cède et lui obéit. Il est marqué dans saint Luc « qu’il lui fit aussitôt donner de la nourriture (Lc. 8,55) », pour empêcher que ce miracle ne passât pour un prestige. II ne fait pas cela lui-même ; mais il ordonne aux autres de le faire, comme il fit délier Lazare par les autres. « Déliez-le », dit-il, « et le laissez aller, puis il accepte d’être son convive. » Il voulait en toutes ces rencontres qu’on fût convaincu de ces deux choses, que les personnes étaient véritablement mortes, et qu’ensuite elles étaient véritablement ressuscitées.
Remarquez ici, mes frères, non seulement la résurrection de cette fille, mais encore le commandement que Jésus-Christ fait de n’en parler à personne ; ce qui seul suffit pour faire voir contre les blasphémateurs de Jésus-Christ combien il était éloigné de rechercher la gloire. Considérez aussi qu’il chasse tous ces pleureurs comme indignes de voir un si grand miracle. Ne sortez donc pas avec les joueurs d’instruments, mais demeurez-y avec ces trois disciples si chéris qui méritèrent d’être témoins de ce prodige.
Si Jésus-Christ rejeta alors d’auprès de lui ces gens qui pleuraient les morts, doutez-vous qu’aujourd’hui il ne les rejette bien davantage ? On ne savait pas alors que la mort ne fût qu’un sommeil, et cette vérité aujourd’hui est plus claire que le soleil. Vous me direz peut-être : Mais si ma fille meurt maintenant, Jésus-Christ ne la ressuscitera point. Il est vrai, mais il la ressuscitera un jour avec beaucoup plus de gloire. La jeune fille que nous venons de voir ressuscitée mourut encore une fois ; mais quand Jésus-Christ ressuscitera la vôtre, il la rendra immortelle.
Que personne ne pleure donc plus les morts à l’avenir. Qu’on ne les plaigne plus, qu’on se souvienne que Jésus-Christ est ressuscité, et qu’on ne fasse plus cet outrage à la victoire qu’il a remportée sur la mort. Pourquoi vous laissez-vous aller inutilement aux soupirs et aux larmes ? La mort n’est plus qu’un sommeil. Pourquoi vous laissez-vous abattre dans