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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/269

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HOMÉLIE XXXII


« COMME JÉSUS SORTAIT DE CE LIEU, DEUX AVEUGLES LE SUIVIRENT, CRIANT APRÈS LUI ET DISANT : FILS DE DAVID, AYEZ PITIÉ DE NOUS. » (CHAP. 9,27. JUSQU’AU VERSET 16 DU CHAP. X)

ANALYSE.

  • 1. Qu’il faut fuir l’ostentation.
  • 2. Il faut répondre aux calomnies, non par des calomnies, mais par des bienfaits.
  • 3. Liste des noms des apôtres.
  • 4. Les miracles, sans les bonnes œuvres, ne servent de rien.
  • 5. Les apôtres ont été plus remarquables par leurs vertus morales que par leur puissance de faire des miracles.
  • 6. De la paix qui se donnait dans l’église pendant l’office divin. Malades guéris par l’onction faite avec l’huile de la lampe des églises.
  • 7 et 8. De la sainteté de l’église et de la parole de Dieu. Avec quel respect on doit entendre les prédicateurs. Charité de saint Chrysostome pour son peuple. Qu’on ne doit pas désirer maintenant des miracles que de bien régler sa vie.


1. Pourquoi. Jésus-Christ tire-t-il ces aveugles du milieu du peuple d’où ils criaient, sinon pour nous apprendre encore avec quel soin nous devons fuir la gloire des hommes ? Comme la maison était proche, il les y conduit pour les guérir plus en secret. Et ce désir d’être caché dans cette action paraît en ce qu’il défend à ces aveugles de ne parler de ce miracle à personne. Mais certes ces deux aveugles sont le sujet d’un grand reproche aux Juifs. Le seul bruit des miracles de Jésus-Christ les fait croire en Celui qu’ils ne pouvaient voir ; et les Juifs, qui voyaient tous les jours de leurs propres yeux tant de miracles de Jésus-Christ, font le contraire de ces aveugles.
Jugez de l’ardeur de leur foi, et par les cris qu’ils poussent, et par la demande qu’ils font. Car ils ne s’approchèrent pas froidement de Jésus-Christ, mais en criant beaucoup, et demandant seulement miséricorde : « ayez pitié de nous. » Ils l’appelèrent « Fils de David », parce que ce nom paraissait alors glorieux : et lorsque les prophètes mêmes voulaient parler d’un roi avec honneur, ils l’appelaient fils de David. « Et lorsqu’il fut entré dans la maison ces aveugles s’approchèrent de lui, et Jésus leur dit : Croyez-vous que je puisse faire ce que vous me demandez ? Ils lui répondirent : « Oui, Seigneur (28). » Ainsi lorsque les aveugles venus avec lui sont arrivés dans la maison, Jésus-Christ leur fait encore une seconde demande : « Croyez-vous », leur dit-il, « que je puisse faire ce que vous me demandez ? » Il s’étudiait partout à ne guérir que ceux qui l’en priaient, de peur qu’on ne crût qu’il cherchât sa gloire dans ces miracles, et qu’il les lit par vanité ; outre qu’il voulait montrer encore que ces hommes étaient dignes de cette grâce, pour prévenir l’accusation de quelques impies qui eussent pu dire : s’il ne sauve et guérit les hommes que par miséricorde, pourquoi ne les sauve-t-il pas tous ? Car la miséricorde que Dieu témoigne pour les hommes, a sans doute quelque rapport à la foi de ceux qu’il sauve.
Il avait encore une raison particulière pour exiger la foi de ces aveugles. Comme ils l’appelaient « Fils de David », il voulait les élever plus haut, et leur faire avoir des sentiments plus dignes de lui. C’est pourquoi il leur dit : « Croyez-vous que je puisse faire ce que vous me demandez ? » il ne dit pas : croyez-vous que je puisse par mes prières obtenir ce miracle de mon Père ; mais « que je puisse, moi, faire ce que vous demandez ? » Que répondent ces aveugles ? « Oui, Seigneur. » Ils ne l’appellent plus de Fils de David ; » mais élevant leur foi plus haut ils reconnaissent la souveraine puissance de Celui à qui ils parlent.