Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/280

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

HOMÉLIE XXXIII


« JE VOUS ENVOIE COMME DES BREBIS AU MILIEU DES LOUPS. SOYEZ DONC PRUDENTS COMME DES SERPENTS ET SIMPLES COMME DES COLOMBES. » (CHAP. 10,16 JUSQU’AU VERSET 25)

ANALYSE.

  • 1. Les brebis du Christ vainquent les loups qui sont partout dans le monde.
  • 2. Unir la simplicité et la patience. C’est la patience qui seule fait des chrétiens.
  • 3. Constance et fermeté des apôtres.
  • 4. Que les philosophes les plus fameux sont loin d’égaler les. Apôtres.
  • 5. Ferveur initiale et persévérance finale.
  • 6 et 7. Que la souffrance des premiers chrétiens devrait confondre notre mollesse. Qu’il faut se préparer aux grands maux par les petits. Vertu de Job égale à celle des apôtres.


1. Nous avons vu, mes frères, que Jésus-Christ a assuré ses disciples qu’ils ne manqueraient de rien ; qu’il leur a ouvert les maisons de tous les fidèles ; qu’il leur a prescrit même avec combien de modération et de retenue ils y devaient entrer, non comme des vagabonds et des mendiants, mais comme des hommes graves qui venaient obliger ceux qui les recevaient et qui étaient même fort au-dessus d’eux ; c’est en effet ce qui découle comme conséquence de ce qu’il a dit : « Que celui qui travaille mérite qu’on le nourrisse ; » de ce qu’il leur a commandé de s’informer de ceux qui seraient dignes d’être honorés de leur visite, de demeurer chez eux, et de les saluer en entrant ; de ce qu’il prononce de terribles menaces contre ceux qui ne les recevraient pas. Après donc que le Sauveur a délivré ses apôtres de tous ces soins, qu’il les a comme armés de la puissance de faire des miracles, et que par ce dégagement même de tous les embarras de la vie, il les a rendus fermes comme le fer et le diamant, il leur prédit enfin les maux qui leur allaient arriver : et non seulement ceux dont ils étaient bientôt menacés, mais encore ceux qui leur arriveraient durant tout le cours de leur vie, pour les former de bonne heure à cette guerre si difficile et si dangereuse qu’ils allaient entreprendre contre les démons.
Ces prédictions leur étaient extrêmement utiles. Car premièrement elles faisaient voir la toute-puissance de Celui à qui l’avenir était présent. Secondement elles empêchaient qu’on ne pût attribuer les maux que souffriraient les apôtres à la faiblesse et à l’impuissance de leur Maître. En troisième lieu, elles prévenaient les troubles où ils auraient pu tomber, s’ils avaient été surpris de ces afflictions contre leur attente. Et enfin elles les disposaient à ne pas s’étonner lorsque Jésus-Christ leur prédirait sa mort, quand il serait sur le point de la souffrir. Car ils furent étonnés alors, et Jésus-Christ même leur fait ce reproche « Parce que je vous ai dit, ces choses, la tristesse a rempli votre cœur, et personne de vous ne me demande : où allez-vous ? » (Jn. 16,3)
Il ne leur parle point encore ici de lui-même. Il ne leur dit point qu’il serait lié, qu’il serait flagellé, et qu’il serait attaché en croix : ce qui sans doute les aurait extraordinairement troublés, mais il leur prédit seulement les maux qui leur devaient arriver.
Il leur fait voir ensuite combien la guerre à laquelle il les destinait était nouvelle, et comme la manière même de combattre serait tout à fait extraordinaire il leur avait déjà dit qu’il les envoyait sans armes, n’ayant qu’une robe, sans souliers, sans bâton, sans bourse, sans vivres, et leur commandant de manger chez ceux qui les recevraient. Mais