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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/290

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HOMÉLIE XXXIV


« ALORS DONC QU’ILS VOUS PERSÉCUTERONT DANS UNE VILLE, FUYEZ DANS UNE AUTRE. JE VOUS DIS EN VÉRITÉ QUE VOUS N’AUREZ PAS ACHEVÉ DE PARCOURIR TOUTES LES VILLES D’ISRAËL, QUE LE FILS DE L’HOMME NE SOIT VENU. » (CHAP. 10,23, JUSQU’AU VERSET 34)

ANALYSE.

  • 1. Le Christ propose son exemple à ses apôtres pour leur apprendre à supporter courageusement les injures.
  • 2. Si nous le voulons, nous ne serons pas vaincus.
  • 3. Celui qui confesse Jésus-Christ, le fait par la force que lui châtiments. Dieu dispense plus volontiers les biens que les châtiments.
  • 4. Des maux qui s’ensuivraient si les corps ne se corrompaient point après la mort.
  • 5. Rien de plus beau qu’une belle âme.


1. Après tant de prédictions pleines de terreur que Jésus-Christ vient de faire à ses apôtres, prédictions qui pouvaient abattre les cœurs les plus fermes, après ce déluge de maux qui devait fondre sur eux, lorsqu’après être mort sur une croix, leur Maître serait ressuscité et monté au ciel, il passe à des choses moins pénibles et moins dures, pour donner lieu à ses nouveaux soldats de reprendre un peu leurs esprits, et pour les rassurer contre la crainte. Car il ne leur commande pas d’aller attaquer eux-mêmes et d’irriter leurs persécuteurs, mais de les fuir.
Comme ils étaient faibles et qu’ils ne faisaient que débuter dans l’apostolat, il use d’une grande condescendance. Il ne leur parle point encore des persécutions qui devaient suivre sa passion, mais seulement de celles qui la devaient précéder. Il marque cela formellement lorsqu’il dit : « Je vous dis en vérité que vous n’aurez pas achevé de parcourir toutes les villes d’Israël, que le Fils de l’homme ne soit venu. » Il semble qu’il les veuille prévenir et les empêcher de dire : Mais si, lorsque nous aurons fui d’une ville dans une autre, nos persécuteurs nous y viennent encore chercher, que devrons-nous faire ? Il les délivre de cette crainte en les assurant qu’ils n’auraient point achevé de parcourir toutes les villes de la Judée « avant que le Fils de l’homme soit venu. »
Il est remarquable aussi que Jésus-Christ ne veut point dispenser ses disciples de souffrir, mais qu’il leur promet seulement de les assister dans leurs périls et dans leurs travaux, Il ne leur dit pas : Je vous retirerai de toutes ces persécutions, mais : « Vous n’aurez point achevé de parcourir toutes les villes « d’Israël, que le Fils de l’homme ne soit venu. » Je viendrai, leur dit-il, parce que sa seule vue leur suffisait pour les consoler de toutes leurs peines.
Considérez aussi comment il ne laisse pas tout faire à sa grâce ; mais qu’il veut que ses apôtres travaillent, et qu’ils contribuent de leur part. Si vous craignez, leur dit-il, fuyez et ne craignez plus. Il ne leur commande pas de fuir les premiers et de leur propre mouvement, mais d’attendre qu’on les y force, et de se retirer lorsqu’on les y oblige. Il ne leur donne pas même une grande étendue de terre pour y chercher leur sûreté, mais seulement les pays de la Judée.
Il les excite ensuite à pratiquer encore une autre vertu. Après les avoir dégagés du soin de la nourriture ; après les avoir délivrés de la crainte des périls, il les fortifie maintenant contre les médisances et les calomnies. Il les a dégagés de tous les soins qu’apporte la nourriture, en leur disant : « Celui qui travaille mérite qu’on le nourrisse », en les assurant que plusieurs les recevraient chez eux. Il leur