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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/297

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voile extrêmement beau, vous ne seriez point touché de la beauté de ce voile. Et si une personne dont on estimerait la beauté était tellement voilée qu’on ne la pût voir, vous souhaiteriez qu’on ôtât ce voile, et qu’on vous permît de la voir. Faites donc la même chose à l’égard de l’âme, qui est couverte du corps comme d’un voile. Quand le corps est difforme, il demeure toujours ce qu’il est ; mais l’âme la plus laide peut devenir belle si elle le veut. Elle aurait les yeux difformes, durs et repoussants, qu’elle pourrait en un moment les changer en d’autres, qui seront doux, sereins, paisibles et agréables. Cherchons donc, mes frères, cette beauté intérieure et invisible, afin que nous rendant agréables à Dieu, elle nous ouvre l’entrée en son éternelle gloire, par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et l’empire dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XXXV


« NE PENSEZ PAS QUE JE SOIS VENU POUR APPORTER LA PAIX SUR LA TERRE ; JE NE SUIS PAS VENU POUR Y APPORTER LA PAIX, MAIS L’ÉPÉE. CAR JE SUIS VENU POUR SÉPARER L’HOMME D’AVEC SON PÈRE, ET LA FILLE D’AVEC SA MÈRE, ET LA BELLE-FILLE D’AVEC SA BELLE-MÈRE. ET L’HOMME AURA POUR ENNEMIS CEUX DE SA PROPRE MAISON. » (CHAP. 10,31, 35, 36, JUSQU’A LA FIN DU CHAPITRE)

ANALYSE.

  • 1. Mieux vaut la douceur des effets que celle des paroles. Défense de l’Ancien Testament contre les Manichéens.
  • 2. Des grands avantages promis à ceux qui reçoivent les apôtres.
  • 3-5. Contre les riches qui, au lieu d’assister tes pauvres, les rejettent avec mépris et avec injure, les accusent de paresse et se plaignent de leurs importunités.


1. Jésus-Christ recommence encore à donner ici des préceptes sévères et pénibles, et il parle avec une grande autorité. Il prévient de lui-même ses apôtres qui, entendant des prédictions si terribles, lui pouvaient dire : Quoi donc ! Seigneur, Êtes-vous venu au monde pour nous perdre, et avec nous ceux qui ajouteront foi à nos paroles, et pour remplir la terre de divisions et de troubles ? Il leur répond par avance et leur déclare : « Qu’il n’est pas venu au monde pour y apporter la paix. »
Comment donc a-t-il commandé à ses apôtres, lorsqu’ils entreraient dans une maison, d’y donner la paix ? Comment les anges ont-ils dit à sa naissance : « Gloire à Dieu dans le ciel, et paix aux hommes sur la terre (Lc. 2,26) ? » et comment enfin tous les prophètes ont-ils prédit que Dieu donnerait un jour la paix aux hommes ? C’est parce que c’est donner la paix que de retrancher la partie qui gâte les autres, et de séparer ce qui peut causer la division. C’est ainsi que le ciel se peut réconcilier avec la terre. Un médecin a donné au corps la santé qui en est la paix, en coupant un membre malade qu’il est impossible de guérir. Un général apaise toutes ses troupes lorsque, pour étouffer une conspiration, il divise les factieux les uns contre les autres. C’est ce qui se fit autrefois dans cette fameuse tour. Une division salutaire rompit une union très-pernicieuse, et la confusion produisit la paix. C’est ainsi que saint Paul divisa ceux qui s’étaient unis pour le perdre. Et au sujet de Naboth, l’accord qui se fit produisit une paix plus cruelle que la plus cruelle guerre. La paix n’est pas toujours un bien, puisque les voleurs et les scélérats ont la paix entre eux. Mais cette guerre dont Jésus-Christ parle ne