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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/305

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guérir sa première plaie. Pourquoi donc agissez-vous autrement à l’égard du pauvre ?
Ne savez-vous pas quelle impression fait sur un esprit une parole douce ou sévère ? N’est-il pas écrit « que la parole douce vaut mieux que le don ? » (Prov. 26) Ne voyez-vous pas que vous tournez votre propre épée contre vous-même, et que vous vous blessez plus que vous ne blessez ce pauvre, lorsque vous l’obligez par vos traitements injurieux à gémir en secret et à répandre des larmes ? N’était-ce pas Dieu qui vous envoyait ce pauvre ? Considérez donc sur qui retourne cette injure, puisque Dieu vous envoyant ce pauvre, et vous commandant de l’assister, non seulement vous ne lui donnez pas l’aumône, mais vous osez même l’outrager.
Si vous ne comprenez pas encore l’excès que vous commettez en cela, jugez-en par ce qui se passe entre les hommes, et vous comprendrez alors la grandeur de votre faute. Que diriez-vous si vous aviez donné ordre à un de vos domestiques de redemander à un autre qui serait aussi à vous l’argent que vous lui auriez donné, et que celui qui serait dépositaire de cet argent, non seulement ne le rendit pas, mais traitât même avec toute sorte d’outrages celui qui le lui redemanderait votre part ? Comment puniriez-vous ce serviteur dont vous croiriez avoir été si cruellement offensé ? Et cependant vous traitez Dieu comme vous vous plaindriez alors d’avoir été traité de ce serviteur. C’est lui qui vous envoie ce pauvre, et il vous commande de lui donner ce qu’il vous a donné, et ce qui est plus à Dieu qu’à vous. Que si au lieu de lui faire l’aumône, nous le traitions avec outrage, jugez comment nous mériterions d’être punis, comment nous mériterions d’être foudroyés.
Pensons donc, mes frères, à toutes ces choses. Ne déshonorons plus notre bouche par ces injures, ni notre cœur par cette inhumanité, et consacrons nos mains en les employant aux œuvres de miséricorde. Assistons les pauvres de notre argent, et consolons-les par nos paroles. Ainsi nous éviterons les supplice dont Dieu menace ceux qui disent des injures à leurs frères, et nous obtiendrons la couronne qu’il promet à ceux qui les assistent, par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et l’empire dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XXXVI


JÉSUS AYANT ACHEVÉ DE DONNER CES INSTRUCTIONS A SES DOUZE DISCIPLES, IL PARTIT DE LÀ POUR S’EN ALLER ENSEIGNER ET PRÊCHER DANS LES VILLES DE CETTE CONTRÉE » (CHAP. 11,1, JUSQU’AU VERSET 7)

ANALYSE.

  • 1 et 2. Jalousie des disciples de Jean contre Jésus-Christ.
  • 3. Les prophètes savaient que le Christ mourrait sur la croix.
  • 4. Combien il faut craindre les supplices de l’enfer. Que le seul crime d’avoir profané le corps et le sang de Jésus-Christ par des communions sacrilèges suffit pour justifier l’éternité des peines.


1. Après que Jésus-Christ a donné mission à ses apôtres, il se retire, et il les laisse pour leur donner lieu d’agir par eux-mêmes, et de faire ce qu’il leur venait de prescrire. Car s’il fût demeuré toujours avec eux, personne n’eût voulu quitter Jésus-Christ pour s’adresser aux apôtres et leur faire guérir des malades.