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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/311

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Souvenons-nous seulement, pour ne rien dire de tout le reste, combien de fois nous avons participé indignement aux saints mystères, et cependant selon saint Paul nous nous sommes rendus autant de fois coupables du corps et du sang de Jésus-Christ. Quand donc vous parlez avec tant d’ardeur contre les homicides, pensez à vous en même temps. Ce meurtrier a tué un homme, et vous vous êtes rendu coupable de la mort d’un Dieu. Ce voleur, lorsqu’il a commis ses crimes, était banni de nos saints mystères ; mais vous avez commis les vôtres, lorsque vous aviez l’avantage d’approcher de cette table sacrée.
Que dirai-je encore de ceux qui dévorent leurs frères, en quelque sorte, qui déchirent leur réputation et l’infectent du venin de leur langue ? Que dirai-je de ceux qui ravissent le pain du pauvre ? Si celui qui ne donne pas l’aumône tue le pauvre, combien est plus meurtrier celui qui lui ravit son sang et sa vie ? N’est-il pas vrai encore que les avares sont plus cruels que les voleurs, et que les usuriers sont plus barbares que les meurtriers et les violateurs des sépulcres ? Com bien en voyons-nous à qui il ne suffit pas d’avoir pillé le bien des autres, mais qui sont encore altérés de leur sang ?
Non, non, dites-vous, personne n’est assez cruel pour cela : Vous le dites maintenant ; mais dites-le, lorsque vous aurez un ennemi. Dites-vous alors ces paroles à vous-mêmes, et arrêtez votre colère pour ne pas tomber dans le malheur de Sodome et de Gomorrhe, et pour ne pas vous exposer aux supplices de Tyr et Sidon ; ou plutôt pour ne point offenser Jésus-Christ, ce qui est encore bien plus horrible. Car quoique plusieurs regardent l’enfer comme le plus grand de tous les maux, je ne cesserai jamais néanmoins de publier et de soutenir que c’est un mal sans comparaison plus grand, de voir Jésus-Christ irrité contre nous, que d’être condamné au feu de l’enfer. Et je vous conjure, mes frères, d’entrer avec nous dans cette pensée, parce que c’est le moyen d’éviter l’enfer et de mériter la gloire de Jésus-Christ, par la grâce et la miséricorde de ce même Sauveur, à qui est la gloire et l’empire dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XXXVII


« MAIS COMME ILS S’EN ALLAIENT, JÉSUS COMMENÇA À DIRE AU PEUPLE, EN PARLANT DE JEAN : QU’Êtes-vous ALLÉS VOIR DANS LE DÉSERT ? UN ROSEAU AGITÉ DU VENT ? QU’Êtes-vous, DIS-JE, ALLÉS VOIR ? UN HOMME VÊTU AVEC LUXE ET AVEC MOLLESSE ? VOUS SAVEZ QUE CEUX QUI S’HABILLENT DE CETTE SORTE SONT DANS LES MAISONS DES ROIS. » (CHAP. 11,7, JUSQU’AU VERSET 25)

ANALYSE.

  • 1. Jésus-Christ défend saint Jean.
  • 2. En quoi saint Jean l’emporte sur les autres prophètes. Que Jésus-Christ ne se compare point à saint Jean.
  • 3 et 4. Jésus-Christ et saint Jean tendaient au même but par des voies différentes.
  • 5-7. Combien il est dangereux pour les chrétiens d’assister aux spectacles et aux comédies. Qu’ils doivent éviter les divertissements honteux et criminels, et ne rechercher que ceux qui sont saints et innocents.


1. Tout ce qui se passa entre Jésus-Christ et les disciples de saint Jean fut conduit avec une admirable sagesse, et ils s’en retournèrent persuadés par tons ces miracles qu’ils virent de leurs propres yeux. Il restait encore d’apporter quelque remède aux illusions de ce peuple. En effet, quoique ces disciples n’eussent aucun mauvais soupçon de leur maître