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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/339

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sait assez que les guerres domestiques et civiles sont bien plus dangereuses que les étrangères il en est de même pour nos corps et généralement pour toutes choses. Il aime mieux d abord leur rapporter deux exemples plus communs, et qu’ils pouvaient mieux connaître. Car qu’y a-t-il sur la terre de plus fort qu’un puissant royaume ? Cependant, si la division s’y mêle, il se détruit aisément. Que si l’on dit qu’un royaume ne se détruit si aisément, lorsqu’il se divise, que parce que son étendue et la multitude des parties qui le composent, contribuent beaucoup à sa ruine, Jésus-Christ montre que la division fait le même effet dans une seule ville, et même dans une maison particulière. Il est donc clair que tout ce qui subsiste, qu’il soit grand ou petit, périt lorsqu’il se divise. Si donc, dit Jésus-Christ, je chasse tes démons parce que je suis possédé d’un démon, n’est-il pas évident que les démons se combattent, qu’ils sont opposés les uns aux autres, et qu’ainsi leur puissance, étant divisée contre elle-même, ne pourra plus subsister ? « Si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même. Comment donc son royaume subsistera-t il (26) ? » Il ne dit pas si Satan chasse les démons mais « si Satan chasse Satan », afin de faire mieux voir l’union qui est entre eux « Il est divisé contre lui-même ». S’il est divisé il est affaibli et ruine, et s’il est affaibli et ruine, comment pourra-t-il chasser les autres ?
Voyez donc combien cette accusation des Juifs est ridicule, combien elle est extravagante, et comme elle se combat et se détruit elle – même Car c’est assurément bien mal raisonner de reconnaître que le règne des démons subsiste, lorsque les démons chassent les démons, et de prétendre qu’en se combattant de la sorte, ils établissent leur règne, au lieu que cette division même serait la destruction de leur règne.
Voila la première réponse que Jésus-Christ fait à leurs accusations. L’autre est celle qu’il tire de ses disciples et des miracles qu’ils faisaient sur les possédés. Car Jésus-Christ ne se contente pas de réfuter leurs objections impertinentes par une seule raison. Il leur en oppose plusieurs pour confondre davantage leur impudence. C’est ainsi qu’il a détruit cette vaine accusation de la violation du sabbat, non seulement en produisant l’exemple du roi David, mais encore en rapportant la conduite ordinaire des prêtres, puis cet endroit de l’Écriture, où Dieu dit : Je veux la miséricorde et non pas le sacrifice », en ajoutant enfin que l’institution du sabbat avait été faite pour l’homme même. Il réfute ici de même cette objection par une seconde raison plus claire que la première en disant :
2. « Si donc je chasse les démons par la vertu de Béelzébub, par qui vos enfants les chassent-ils (27) ? » Considérez, mes frères, combien il est doux encore et modéré dans cette réponse. Il ne dit pas, mes disciples ou mes apôtres, mais « vos enfants, et il leur donne ainsi le moyen de se rendre dignes de la même grâce qu’avaient reçue ceux qui étaient Juifs comme eux ; mais s’ils voulaient au contraire demeurer toujours dans leur ingratitude, il les rend entièrement inexcusables. Voici donc ce qu’il leur dit : « Si je chasse les démons par la vertu de Béelzébub, par qui les chassent vos enfants ? » Car les apôtres avaient déjà chassé les démons par la puissance que Jésus-Christ leur avait donnée. Cependant les Juifs ne les accusaient point, comme Jésus-Christ, de chasser les démons au nom des démons parce qu’ils n’en voulaient pas à la chose même, mais à la personne.
Ainsi pour leur faire voir que tout ce qu’ils disaient contre lui ne venait que de leur envie, il leur propose ses apôtres qui chassaient aussi les démons, comme s’il leur disait : Si je chasse les démons par la vertu de Béelzébub, c’est aussi par Béelzébub que vos enfants les doivent chasser, puisqu’ils n’ont point d’autre puissance que celle que je leur ai donnée. Cependant vous n’avez point eu d’eux ces pensées. Comment donc les pouvez-vous avoir de moi ? Pourquoi me condamnez-vous, lorsque vous les justifiez, quoique je n’aie fait que ce qu’ils font ? Ce jugement favorable que vous portez sur vous, vous rendra encore plus coupables pour l’injustice que vous me faites ; aussi, il ajoute ensuite : « C’est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges (27). » Juifs comme vous et suivant même loi que vous, ils ont obéi en toute chose ; ils condamneront donc un jour tout ce que vous faites, et tout ce que vous dites contre moi avec tant d’insolence et tant d’imposture. « Mais si je chasse les démons par l’Esprit de s Dieu, vous devez donc croire que le règne