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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/350

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HOMÉLIE XLIII


« ALORS QUELQUES-UNS DES DOCTEURS DE LA LOI ET DES PHARISIENS LUI DIRENT : MAÎTRE, NOUS VOUDRIONS BIEN QUE VOUS NOUS FISSIEZ VOIR QUELQUE PRODIGE. MAIS IL LEUR RÉPONDIT : CETTE RACE MÉCHANTE ET ADULTÈRE DEMANDE UN PRODIGE, ET ON NE LUI EN ACCORDERA POINT D’AUTRE QUE CELUI DU PROPHÈTE JONAS. » (CHAP. 12,38, 39, JUSQU’AU VERSET 46)

ANALYSE.

  • 1. Cette génération perverse et adultère demande un signe. – Cette génération est adultère parce qu’elle repousse son légitime maître ; ainsi par cette parole qu’il adresse aux Juifs incrédules, Jésus-Christ montre qu’il est l’égal de Dieu le Père.
  • 2. Que la passion et la mort de Jésus-Christ ont été réelles et non pas seulement apparentes comme le voulait l’hérésiarque Marcion. – Jonas, figure de Jésus-Christ.
  • 3. Condamnation des Juifs déicides ; leur punition dès cette vie.
  • 4 et 5. Combien on doit craindre d’irriter Dieu, et de s’endurcir comme Pharaon. — Description du feu et des tourments effroyables de l’enfer. – Qu’on doit éviter ces peines par un véritable changement de vie. – Comment on peut se sauver au milieu des engagements et des soins du monde.


1. Peut-on trouver quelqu’un de plus déraisonnable et plus impie que les pharisiens, qui après tant de miracles que Jésus-Christ a faits devant eux, lui disent ici comme s’il n’en avait fait aucun : « Maître, nous voudrions bien que « vous nous fissiez voir quelque prodige ? » Pourquoi donc lui font-ils cette question ? C’est encore dans le dessein de le surprendre. Après que Jésus-Christ leur a souvent fermé la bouche, après qu’il a réprimé leur audace par la force de ses paroles, ils lui demandent de nouveaux miracles. C’est ce que l’Évangéliste admire, lorsqu’il dit : « Alors quelques-uns des docteurs de la loi et des pharisiens demandèrent un prodige. » Car quel temps marque-t-il en disant : « Alors ? » un temps où les Juifs devaient le plus céder à Jésus-Christ, l’admirer, être épouvantés de ses raisons, s’éloigner de lui avec confusion ? C’était au contraire alors que leur malice redoublait, et qu’ils étaient plus opiniâtres.
Mais remarquez combien leurs paroles sont pleines de flatteries et d’illusion tout ensemble. Car ils espéraient le gagner par là. Tantôt ils l’injurient, et tantôt ils le flattent. Ils l’appellent quelquefois « démoniaque » ; et quelquefois ils l’appellent « maître. » L’un et l’autre de ces traitements si opposés venaient d’un même fond de malice. C’est aussi ce qui oblige Jésus-Christ à leur faire une sévère réprimande. Lorsqu’ils lui parlaient avec aigreur, et qu’ils l’interrogeaient fièrement, il leur répondait avec une douceur admirable ; mais lorsqu’ils le flattaient, il leur parlait avec force. Il montrait ainsi qu’il était au-dessus de toutes ces passions, et que comme leur colère ne l’irritait pas, leurs flatteries aussi ne le touchaient point.
Mais remarquez que cette réprimande n’est pas une simple réprimande, mais qu’elle est encore une preuve et une conviction de leur malice. Car voici ce qu’il répond : « Cette race méchante et adultère demande un prodige (39). » Il semble qu’il leur dise par ces paroles.: faut-il s’étonner que vous me traitiez de la sorte, lorsque vous ne me connaissez pas encore, puisque vous traitez aussi indignement mon Père, dont vous avez tant de fois éprouvé la puissance ? Vous l’avez quitté néanmoins souvent pour courir aux idoles, et pour en attirer d’autres à ce culte impie. C’est le reproche continuel que leur faisait le prophète Ézéchiel. (Ez. 15) Jésus-Christ leur parlait ainsi pour leur montrer qu’il était parfaitement d’accord avec son Père, et qu’ils ne faisaient, eux, que ce que leurs pères avaient