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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/380

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sainte c’est d’offrir à Dieu des sacrifices qui lui sont très-agréables. C’est un autel d’or ; un autel spirituel : « Le sacrifice agréable à Dieu », dit David, « est un esprit affligé et un cœur brisé. » (Ps. 50,18) Cette humilité sainte est la mère de la sagesse ; celui qui la possède possédera tous les biens.
Après avoir vu, mes frères, l’excellence de cette tête auguste, admirez maintenant la beauté de son visage. Considérez quel est son teint et sa couleur, voyez-y cette rougeur si agréable que lui imprime la pudeur et la modestie dont le Sage disait : « La grâce et la beauté marchera devant celui qui a de la pudeur. » (Prov. 32,11) Cet éclat relève tout ce qu’elle a d’ailleurs de très-agréable, et il efface toute cette rougeur artificielle dont la vanité des femmes se peint le visage.
Que si vous voulez maintenant considérer les yeux de cette tête, admirez quelle grâce la douceur y a imprimée ; combien ils sont non seulement beaux et agréables, mais encore si vifs et si perçants qu’ils pénètrent le ciel et s’élèvent jusque dans le sein de Dieu « Bienheureux », dit-il, « ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu. » (Mt. 5,7)
La bouche de cette tête dont nous parlons, c’est la sagesse et la prudence, elle est toujours pleine de saints cantiques. Le cœur de cet admirable corps est la connaissance et la pénétration des Écritures ; c’est la pratique et l’observance exacte de la loi de Dieu ; c’est la charité et la bonté. Le corps ne peut vivre sans le cœur, ni les vertus sans la charité. Car toutes les vertus et tous les biens naissent de l’amour et de la charité, commue (le leur source.
Ce corps que nous représentons-a encore ses pieds et ses mains qui sont les bonnes œuvres qui paraissent au-dehors, li a une âme qui est la piété sincère. Il aune poitrine plus solide que l’or et le diamant, c’est la force. Et comme dans notre corps la tête et le cœur sont les sources de la vie, ainsi l’amour de Dieu répand l’esprit et la vie daims la tête et le cœur de ce divin corps.
4. Mais voulez-vous que je vous rende cette image vivante, et que vous représentant des actions effectives, je vous fasse voir ce que je vous viens de dire ? Jetez les yeux sur saint Matthieu, sur cet admirable Évangéliste que nous vous expliquons. Nous savons peu de ses actions ; mais ce peu suffit pour nous faire voir un tableau admirable de la vertu. On voit combien il était humble et combien il avait le cœur contrit, puisqu’après même qu’il est devenu apôtre et prédicateur de l’Évangile, il ne laisse pas de s’appeler « publicain. » On voit combien il a aimé les pauvres, puisqu’il se dépouilla tout d’un coup de tous ses biens pour suivre le Fils de Dieu. Sa piété paraît par la sainteté de sa doctrine, et sa sagesse par toute l’économie de son Évangile. Sa charité s’y fait voir par le soin qu’il a eu de toute la terre. L’abondance de ses bonnes œuvres, parce qu’il doit être un jour sur l’un de ces douze trônes pour juger le monde ; enfin son courage et sa patience, « parce qu’il se tient heureux de souffrir pour Jésus, et qu’il sortait de l’assemblée des Juifs avec joie. » (Act. 4,35)
Imitons, mes frères, ces grandes vertus, mais particulièrement l’humilité et la charité, sans lesquelles nous ne pouvons être sauvés. Ces cinq vierges folles le font assez voir, aussi bien que le pharisien de l’évangile. On peut entrer au ciel sans être vierge ; mais on n’y peut entrer sans être charitable. La charité est la vertu la plus essentielle et la plus nécessaire pour le salut. Elle est le principe de toutes les autres. C’est pourquoi nous avons dit qu’elle tient lieu du cœur dans le corps de la vertu. Mais comme le cœur périt lui-même, s’il ne répand l’esprit et la vie dans tout le corps ; ainsi la charité meurt si elle n’agit. Comme une source se corrompt, si son ruisseau cesse de couler, les riches de même se corrompent s’ils retiennent leurs richesses, et s’ils ne les font couler sur les autres. C’est pourquoi le peuple a coutume de dire d’un riche avare qu’il se perd de grands biens dans sa maison. Il ne dit pas qu’il y a chez lui de grands trésors, mais qu’il s’y perd de grands biens. Et en effet les avares se perdent, et tout ce qu’ils ont se perd aussi. Leurs meubles et leurs habillements dépérissent, leur or se rouille ; leur blé se gâte, et leur âme se corrompt et se perd encore plus que toutes ces choses par les chagrins et les inquiétudes qui la dévorent. Si nous pouvions vous représenter ici l’âme d’un avare, elle vous paraîtrait comme un vêtement rongé de vers. Vous verriez qu’elle n’a plus aucune partie qui soit saine, mais que les vices la déchirent, et que le péché la corrompt de toutes parts. L’âme du pauvre, au contraire, je dis du pauvre qui l’est volontairement et de bon cœur,