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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/391

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HOMÉLIE XLIX


« JÉSUS DONC AYANT APPRIS CE QU’HÉRODE CROYAIT DE LUI, PARTIT DE CE LIEU DANS UNE BARQUE, ET SE RETIRA EN PARTICULIER DANS UN LIEU DÉSERT : ET LE PEUPLE L’AYANT SU LE SUIVIT A PIED DE DIVERSES VILLES. » (CHAP. 14, VERSET 13, JUSQU’AU VERSET 23)

ANALYSE.

  • 1. Préludes du miracle de la multiplication des pains.
  • 2. Qu’il faut prier avant le repas. – Contre Marcion et les Manichéens et les autres hérétiques qui ne voulaient pas que Jésus-Christ fût le Dieu créateur.
  • 3. Des dispositions à apporter à la Sainte Table.
  • 4. Contre le luxe et ta bonne chère.
  • 5 et 6. Curieuse réprimande contre le luxe des chaussures.


1. Remarquez combien de fois Jésus-Christ se retire. Lorsqu’on met saint Jean en prison, lorsqu’on le fait mourir, lorsque les Juifs disaient qu’il faisait plus de disciples que saint Jean nous voyons qu’il se retire dans toutes ces rencontres. Il voulait la plupart du temps agir en homme, parce que le temps d’agir en Dieu, et de découvrir ce qu’il était, n’était pas encore venu. C’est pour ce sujet qu’il commandait à ses disciples de ne dire à personne qu’il fût le Christ, parce qu’il attendait après sa résurrection à le faire connaître à toute la terre. Aussi il n’a pas témoigné une grande sévérité contre les Juifs, qui jusque-là avaient été incrédules, et on voit qu’il les traite avec beaucoup de douceur et d’indulgence.
Lorsqu’il se retire ici, il ne va point dans une autre ville, mais « dans le désert », et il monte sur une barque, afin que personne ne le suive. Il est remarquable que les disciples de saint Jean s’unissent avec Jésus-Christ plus que jamais depuis la mort de leur maître, puisque ce sont eux-mêmes qui lui viennent donner cet avis. Apparemment comme ils avaient renoncé à tout, et qu’après la mort de leur maître ils ne savaient où se retirer, ils s’étaient réfugiés vers le Fils de Dieu. Ainsi la sagesse avec laquelle Jésus-Christ leur répondit, lorsqu’ils le vinrent trouver de la part de saint Jean fit l’effet qu’elle devait sur leur esprit, dans cette affliction que leur causa la mort de leur maître.
Mais, direz-vous, pourquoi Jésus-Christ ne se retire-t-il pas même avant qu’on ne lui apporte cette nouvelle, puisqu’il savait l’événement avant qu’on le lui eût annoncé ? C’est parce qu’il voulait agir en homme pour mieux établir la foi de son incarnation. Il voulait montrer qu’il était homme, non seulement par sa présence visible, mais encore par ses actions ; parce qu’il prévoyait que la malice du démon allait tout mettre en usage pour ruiner cette vérité dans le monde. C’est donc pour cette raison que Jésus-Christ se retire. Mais le peuple ne peut encore s’empêcher de le suivre. Rien rie le peut retenir et la mort de saint Jean ne l’effraye point. Tant l’amour est puissant dans ce qu’il désire, pour repousser la crainte de tous les maux, et pour se mettre au-dessus de tous les obstacles ! Aussi cette multitude fidèle reçoit-elle bientôt la récompense de son zèle. « Comme Jésus-Christ sortait, il vit une grande multitude de personnes, et ses entrailles en furent émues de compassion, et il guérit leurs malades (14). » Quelque affection que ce peuple témoigne pour suivre le Sauveur, ce que le Sauveur fait pour lui va néanmoins beaucoup au-delà. C’est pourquoi l’Évangile marque que la première cause de ces guérisons, fut sa compassion et sa grande charité : « Ses entrailles furent émues de compassion, et il guérit leurs malades. » Jésus-Christ ne demande point ici à cette foule de gens s’ils ont la foi ; cette foi éclatait suffisamment dans leur conduite, puisqu’ils abandonnaient