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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/429

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HOMÉLIE LIV


« OR, JÉSUS ÉTANT VENU AUX ENVIRONS DE CÉSARÉE DE PHILIPPES, INTERROGEAIT SES DISCIPLES EN LEUR DISANT : QUE DISENT LES HOMMES DE MOI ? QUI DISENT-ILS QU’EST LE FILS DE L’HOMME ? (CHAP. 16,13, JUSQU’AU VERSET 24)

ANALYSE.

  • 1. Pierre, le coryphée du chœur apostolique, confesse que Jésus est le Christ, Fils du Dieu vivant.
  • 2. Excellence de cette confession. – Que le Fils est consubstantiel au Père. – Contre les Anoméens.
  • 3. Jésus-Christ ayant élevé ses disciples à cette hauteur dans la foi, commence dès lors à leur laisser entrevoir dans un avenir prochain sa passion et sa croix.
  • 4. Pierre se scandalise de la croix annoncée et prédite ; son Maître le reprend sévèrement – Excellence du signe de la croix.
  • 5 et 6. Avec quelle foi nous le devons imprimer sur notre front – Combien il est terrible aux ennemis de notre salut. – Qu’un chrétien ne doit point rougir de la croix. – Quelle est la grandeur des récompenses que Dieu nous promet.


1. Pourquoi, mes frères, l’Évangéliste rapporte-t-il le nom du prince qui avait fait bâtir cette ville ? C’était pour distinguer cette ville de Césarée de « Philippes », d’avec une autre que l’on appelait Césarée de « Straton. » Ce n’était pas dans cette dernière que Jésus-Christ interrogeait ses apôtres, mais à Césarée de Philippes. Il voulut les éloigner beaucoup des Juifs, afin qu’étant seuls, ils pussent avec plus de liberté lui dire tout ce qu’ils pensaient de lui.
Mais pourquoi Jésus-Christ ne leur demande-t-il pas d’abord ce qu’ils pensent eux-mêmes de sa personne ? Pourquoi leur demande-t-il auparavant ce que le peuple en disait ? Après qu’ils lui auraient rapporté les pensées du peuple, il voulait, en leur adressant cette nouvelle question : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » il voulait, dis-je, leur faire comprendre que leurs sentiments devaient être beaucoup plus relevés, et se distinguer complètement des basses pensées de la multitude. C’est pour cette raison qu’il ne leur fait pas cette demande au commencement de sa prédication. Il attend qu’il ait fait devant eux beaucoup de miracles, qu’il leur ait révélé des vérités très-importantes, et qu’il leur ait manifesté sa divinité et son égalité avec son Père, par des preuves dont ils ne pouvaient douter.
Il ne dit point : que disent de moi les scribes et les pharisiens ? qui disent-ils que je suis ? quoiqu’ils eussent souvent été avec lui, et qu’il leur eût parlé en différentes rencontres ; mais « qui les hommes disent-ils que je suis ? » Il demande ce que le peuple dit de lui ; parce que si les pensées du peuple étaient basses et grossières, elles étaient néanmoins sans malice : au lieu que les sentiments des pharisiens étaient toujours corrompus par leur envie.
Et, pour montrer la vérité de son incarnation, et témoigner qu’il voulait que l’on y ajoutât foi, il dit : « Qui est le Fils de « l’homme ? » (Jn. 3,13) appelant ainsi sa divinité. C’est ce qu’il fait en plusieurs autres endroits de l’Évangile « Personne n’est monté dans le ciel sinon le Fils de l’homme qui est descendu du ciel. » (Jn. 6,62) Et ailleurs « Lorsque vous verrez le Fils de l’homme monter où il était auparavant. Ils lui répondent : Les uns disent que vous êtes Jean-Baptiste, les autres Élie, les autres Jérémie ou quelqu’un des prophètes (14) ; » et lorsqu’ils lui ont ainsi rapporté les sentiments des autres, « Jésus leur dit : Et vous autres, qui dites-vous que je suis (15) ? » Il leur fait, comme je l’ai déjà dit, cette seconde demande pour les exciter à avoir des sentiments plus nobles et plus relevés de lui, et pour leur témoigner que cette pensée du peuple était trop basse et trop indigne de sa grandeur. Ce peuple voyant le Sauveur faire des miracles