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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/437

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vous que nous développions ces trésors cachés, et que nous vus les découvrions autant qu’il nous sera possible ? Je vous prie seulement de ne vous pas ennuyer, et de ne vous pas lasser de m’entendre.
Que veut dire premièrement ce mot, « éclatera ? » Car le Prophète ne dit pas : paraîtra, mais « éclatera. » C’est pour nous faire mieux comprendre là promptitude et la libéralité de notre prince, pour nous témoigner avec quel zèle il veille pour notre salut, quelle violence il se fait pour retenir en lui ses grâces, et qu’il ne cherche qu’à s’en décharger sur nous, sans que rien puisse arrêter sa magnificence.
« Votre lumière du matin ; » Que veut dire cet autre mot, « du matin ? » Dieu nous témoigne par là qu’il n’attend pas toujours, pour nous éclairer, que nous ayons souffert ; mais qu’il prévient les maux. C’est ce qui est marqué par ces autres paroles : « Lorsque vous parlerez encore, je vous dirai : Me voici. » Mais quelle est cette « lumière ? » Ce n’est pas sans doute cette lumière sensible ; c’est une autre lumière beaucoup plus excellente, qui nous découvre le ciel, qui nous y fait voir les anges, les archanges, les chérubins et les séraphins, les principautés, les dominations, les trônes et les puissances, toutes ces armées divines, toutes ces troupes bienheureuses, toute cette cour céleste et ces tentes adorables. Celui qui a été honoré de cette lumière ineffable, verra ces objets bienheureux. Il n’éprouvera point le feu de l’enfer, le ver qui ronge et qui ne meurt point, ces grincements de dents, ces chaînes qui ne se peuvent rompre, ces tourments et ces misères, ces ténèbres profondes, ces fleuves de flammes qui ne s’éteindront jamais, ces blasphèmes horribles et ces lieux de douleurs et de tortures effroyables ; mais il passera en d’autres lieux, d’où la douleur et la tristesse fuiront éternellement, où la joie, la paix, le plaisir et les délices, régneront sans fin, où il jouira d’une vie éternelle et d’une gloire ineffable ; où il admirera ces tentes d’une beauté incomparable, et cette majesté si auguste et si sainte de notre roi ; où il verra ces biens que l’œil n’a point vus, que l’oreille n’a point ouïs, et qui ne sont point montés dans le cœur de l’homme ; où demeure cet époux céleste, où est la chambre nuptiale, dans laquelle entrent les vierges chastes et pures qui ont conservé leurs lampes ardentes, et tous ceux qui ont gardé purs et sans tache les habits qu’ils avaient reçus ; où sont enfin les biens infinis de notre roi, et les richesses inépuisables de Dieu même.
Comprenez-donc, mes frères, quels sont les biens auxquels on, vous invite, et combien Dieu vous promet dans un seul mot. Que de trésors trouverions-nous si nous voulions examiner ainsi en particulier chacune des promesses que Dieu nous fait par son prophète ? Combien découvririons-nous de richesses ? Après cela différerons-nous davantage de les désirer ? Témoignerons-nous de l’indifférence et, de la paresse à secourir les pauvres ? Ne le faisons pas, mes frères, je vous en conjure. Quand nous devrions tout perdre, quand il faudrait renoncer à tout, quand nous devrions même être jetés dans le feu, et passer au travers des épées nues ; souffrons tout avec courage, afin de pouvoir un jour recevoir de notre prince cette gloire inestimable, que je vous souhaite, par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et l’empire, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.