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HOMÉLIE LVII


« ET SES DISCIPLES L’INTERROGÈRENT EN LUI DISANT : POURQUOI DONC LES DOCTEURS DE LA LOI DISENT-ILS QU’IL FAUT qu’Élie VIENNE AUPARAVANT » (CHAP. 17,10, JUSQU’AU VERSET 22)

ANALYSE.

  • 1. Saint Jean-Baptiste est appelé Élie parce qu’il a été le précurseur du premier avènement comme Élie sera celui du second.
  • 2. Il se conservait depuis longtemps dans le peuple juif des traditions touchant le Christ et Élie.
  • 3. Guérison d’un lunatique ; explication et origine de cette appellation.
  • 4 et 5 Que le jeûne et l’oraison sont nécessaires l’un et l’autre pour chasser les démons. – Effets de ces deux vertus jointes ensemble. – Que l’abstinence de toutes sortes de plaisirs est un jeûne agréable à Dieu, et dont les personnes les plus faibles ne se peuvent dispenser. – Les mauvais effets de l’intempérance en particulier chez les femmes. – Comparaison des intempérants avec les bêtes.


1. Il est visible, mes frères, que les apôtres n’avaient point appris de l’Écriture ce qu’ils disent ici d’Élie ; mais seulement des docteurs de la loi, et que c’était un bruit commun parmi le peuple. C’est ainsi qu’il s’était répandu des traditions touchant Jésus-Christ. Ce qui fit dire à la Samaritaine : « Le Messie viendra, et lorsqu’il sera venu, il nous annoncera toutes ces choses ». (Jn. 4,25) C’est pourquoi les Juifs firent cette demande à saint Jean : « Êtes-vous Élie ou le Prophète » ? (Jn. 1,21) Car, comme je viens de le dire, ce bruit s’était fort répandu parmi les Juifs touchant Jésus-Christ et touchant Élie, mais ils ne lui donnaient pas un bon sens. L’Écriture nous marque deux avènements de Jésus-Christ. L’un est déjà passé, et l’autre est encore à venir. Saint Paul nous en parle, lorsqu’il dit : « La grâce salutaire de Dieu s’est manifestée à tous les hommes pour nous apprendre à renoncer à l’impiété et aux désirs du siècle, afin de vivre avec modestie, avec piété et avec justice. » (Tit. 2,11) Cet apôtre décrit ainsi le premier de ces deux avènements, puis il passe ensuite au second, lorsqu’il ajoute : « Dans l’attente d’une bienheureuse espérance, et de l’avènement du grand Dieu Notre-Sauveur Jésus-Christ. » (Tit. 2,13) Les prophètes même ont parlé de l’un et de l’autre de ces deux avènements, et ils ont dit qu’Élie serait le précurseur du second, comme saint Jean l’était du premier. C’est ce qui fait que Jésus-Christ lui donne le nom d’Élie ; non parce qu’il était en effet Élie, mais parce qu’il en accomplissait le ministère, puisque saint Jean a été le précurseur du premier avènement comme Élie le doit être du second. Mais les scribes confondaient ces deux choses, et pour mieux corrompre le peuple, ils ne lui parlaient que du second avènement. Si ce Jésus, disaient-ils, était le véritable Christ, Élie serait déjà venu. Et c’est dans cette pensée que les apôtres disent ici au Fils de Dieu, « qu’il fallait qu’Élie vînt auparavant » ; c’était aussi la pensée des pharisiens, lorsqu’ils envoyèrent demander à Jean s’il était Élie. Mais voyons ce que Jésus-Christ répond à cette difficulté. « Jésus leur répondit : Il est vrai qu’Élie doit venir auparavant, et qu’il rétablira toutes choses. » (Mt. 17,11) Il dit qu’Élie viendrait en effet avant son second avènement ; mais il ajoute qu’il était déjà venu, désignant par là son précurseur Jean-Baptiste. C’est là cet Élie qui est déjà venu ; car pour le prophète Élie : « Il viendra et rétablira toutes choses », c’est-à-dire toutes les choses que le prophète Malachie a marquées. « Le Seigneur dit : je vous enverrai Élie le Thesbite, qui réunira les cœurs des pères avec leurs enfants, afin que lorsque je viendrai je ne frappe point la terre d’une plaie