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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/496

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HOMÉLIE LXII


« JÉSUS AYANT ACHEVÉ CES DISCOURS, PARTIT DE GALILÉE, ET VINT DANS LES TERRES DE JUDÉE LE LONG DU JOURDAIN ». (CHAP. 19,1, JUSQU’AU VERSET 14)

ANALYSE.

  • 1. Les Pharisiens viennent faire à Jésus-Christ une question captieuse et s’en retournent confus.
  • 2. Loi chrétienne touchant le mariage ; c’est la loi primordiale ; la loi mosaïque sur cette matière n’était qu’une loi temporaire et de condescendance.
  • 3. Jésus-Christ exhorte indirectement à l’état de virginité. – Réfutation des manichéens et des fatalistes.
  • 4 et 5. Qu’il faut une grâce spéciale très-grande pour suivre l’état de virginité. – Que l’humilité nous doit rendre semblables aux petits enfants. – Qu’on voit par l’exemple de Saül et de David que l’orgueil abaisse les hommes et que l’humilité les relève.— Que les ambitieux sont des esclaves à vendre, qui sont capables ides plus grandes lâchetés.


1. Obligé fréquemment de s’éloigner de la Judée par la jalousie de ses ennemis, Jésus-Christ y revient maintenant, parce que le temps de sa passion approche. Il ne va pas encore néanmoins dans la ville de Jérusalem ; mais « il vient dans la terre de Judée, le long du Jourdain ». Il se contente de se tenir sur les frontières de la Judée. « Et de grandes troupes le suivirent, et il les guérit (2) ». Il ne s’arrêtait pas à prêcher toujours, ou à faire toujours des guérisons miraculeuses. Il mêlait les instructions avec les miracles, et il passait de l’un à l’autre, guérissant après avoir parlé, et parlant après avoir guéri les malades. Ainsi il procurait, en diverses manières, le salut de ceux qui s’attachaient à lui et qui le suivaient. Il autorisait sa doctrine par l’éclat de ses miracles, il rendait ses miracles plus utiles par la sainteté de ses instructions, et il se servait de cette double grâce pour attirer les hommes à la connaissance de Dieu. Mais, remarquez avec moi, mes frères, que les Évangélistes disent en un mot, et comme en passant, que des peuples entiers venaient à Jésus-Christ pour être guéris, sans nommer personne en particulier, pour nous apprendre à fuir la vanité dans nos actions les plus éclatantes. Jésus-Christ guérissait ceux-ci, afin que leur guérison servît et à ceux qu’il guérissait et à plusieurs autres encore. Car cette puissance souveraine, par laquelle il chassait les maladies, faisait connaître à plusieurs, mais non pas aux pharisiens. Ils en devenaient au contraire plus furieux. Leur envie augmente à proportion qu’il fait de plus grandes choses, et ils s’approchent de lui pour le tenter. Comme ils ne pouvaient rien blâmer dans tout ce qu’ils lui voyaient faire, ils tâchent de le surprendre en hit proposant des questions pleines de malice et d’artifice.
« Alors les pharisiens vinrent à lui pour le tenter, et ils lui dirent : Est-il permis à un homme de quitter sa femme pour quelque cause que ce soit (3) » ? Qui ne serait surpris de l’insolence de ces hommes, qui croient pouvoir fermer la bouche à Jésus-Christ par leurs demandes, après tant d’expériences qu’ils avaient de sa vertu et de sa sagesse infinie ? Tout ce qu’il leur avait répondu quand ils l’accusaient de violer le sabbat ; quand ils l’appelaient blasphémateur ; quand ils disaient qu’il était possédé ; quand ils reprenaient ses disciples de presser des grains de froment entre leurs mains en passant par des blés ; ou de se mettre à table sans laver leurs mains ; tout ce qu’il leur avait dit en tant d’autres rencontres, s’était effacé de leurs esprits, et ils ne se souvenaient plus qu’il les avait réduits au silence, et contraints de se retirer couverts de confusion et de honte. Ils ne peuvent encore cesser de le tenter et de lui tendre des pièges.
C’est là, mes frères, le génie de la malice et