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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/500

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Paul : « Plût à Dieu que ceux qui vous troublent fussent retranchés ». Et c’est avec raison que ce saint, apôtre parle ainsi, puisque ceux qui se mutileraient feraient sur eux-mêmes une action de meurtriers et d’homicides ; qu’ils appuieraient l’insolence de ceux qui osent accuser l’ouvrage et la sagesse de Dieu dans ses créatures ; qu’ils donneraient des armes à l’impiété des manichéens ; et qu’ils s’uniraient de sentiment avec les païens qui se traitent de la sorte.
Car il est certain qu’il n’y a que le démon qui puisse être l’auteur de cette cruauté et de cette violence, lui qui dès le commencement du monde s’est élevé contre l’ouvrage de Dieu, et qui a voulu déshonorer la plus parfaite de ses créatures, afin que portant les hommes à attribuer toutes leurs vertus, non à la grâce, mais à la nature et à la disposition du corps, ils s’abandonnassent ensuite à toute sorte de dérèglements, comme s’ils n’en devaient rendre à Dieu aucun compte. Ainsi il a blessé l’homme tout ensemble et dans le corps et dans l’esprit : dans le corps, en le traitant d’une manière cruelle et honteuse ; et dans l’esprit, en lui persuadant faussement qu’il n’était pas libre pour faire le bien. Il s’est servi encore de ces principes si faux pour introduire dans le monde l’erreur pernicieuse d’une nécessité fatale et inévitable, tâchant en toutes manières de détruire la liberté que Dieu a donnée à l’homme, de lui persuader que le mal était une chose naturelle et nécessaire, et de le faire tomber d’une manière secrète et imperceptible en beaucoup d’autres opinions impies et très-dangereuses, qui naissent de ces premières comme de leur source. Car c’est ainsi que la malice du démon est ingénieuse pour couvrir le poison dont il tue les âmes.
C’est pourquoi je vous conjure, mes frères, de n’avoir aucune part à ce désordre. Car, outre ce que j’ai déjà dit, on peut ajouter encore que ce n’est point là, un remède contre le dérèglement de la nature, mais qu’il l’irrite au contraire encore davantage. On n’apaise point ces tempêtes par une cruauté qu’on exerce sur le corps. Quelques-uns disent que l’origine naturelle de ce mal est dans le cerveau et dans l’imagination, d’autres « dans les reins », dont l’Écriture parle souvent. Mais pour moi je crois que le dérèglement de l’esprit, et la négligence d’une vie molle et relâchée, en est le principe et la source véritable. Car lorsque l’esprit est réglé et soumis à Dieu, il est comme dans un port qui le défend de tous ces flots et de toutes ces agitations de la nature.
Après donc que Jésus-Christ a parlé de ces eunuques, qui le seraient en vain naturellement s’ils né réglaient en même temps tous les mouvements de leurs âmes ; et de ces autres qui se réduisent à cet état pour gagner le royaume des cieux, il ajoute : « Qui peut comprendre ceci le comprenne (12) ». Il dit ces paroles pour animer les hommes encore davantage à la recherche de cette vertu, en leur représentant combien elle est élevée, et en ne les y obligeant point comme à une loi qu’il leur impose. C’est donc par une grande miséricorde qu’il nous parle de la sorte, et qu’il montre en même temps que ce qu’il propose est possible, afin de nous donner encore plus d’envie et plus d’ardeur pour cette vertu.
4. Vous me direz peut-être : Si le célibat, la virginité vient de notre choix et de notre volonté, comment Jésus-Christ a-t-il dit auparavant : « Tout le monde n’est pas capable de cela, mais ceux-là seulement qui en ont reçu le don » ? Je vous réponds que Jésus-Christ parle de la sorte pour vous montrer que cette vertu a besoin d’un grand combat ; mais non pour nous faire croire qu’elle se donne comme par le sort et par une nécessité involontaire. Dieu fait ce don à l’âme qui en a la volonté. Jésus-Christ nous enseigne donc par ces paroles, que celui qui entreprend ce combat, a besoin d’une grande grâce de Dieu, qui lui sera toujours donnée d’en haut, lorsqu’il en aura un désir et une volonté sincère.
Toutes les fois que Jésus-Christ parle de quelque grande vertu, il parle aussi du don de Dieu, comme lorsqu’il disait à ses apôtres : « Il vous a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux ». Et il est facile de voir en cet endroit que « le don » du ciel n’exclut nullement notre volonté. Car si la virginité était un pur « don » de Dieu, auquel les hommes ne contribuassent en rien de leur part, ce serait en vain que Jésus-Christ leur promettrait le royaume du ciel pour leur récompense et qu’il les distinguerait ainsi de ces autres « eunuques » qui ne le sont que par une nécessité involontaire. Mais considérez, je vous prie, comment des mêmes choses les uns tirent le bien, et les autres le mal. Les Juifs proposent un doute à Jésus-Christ. Il leur répond