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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/549

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HOMÉLIE LXIX.


« JÉSUS PARLANT ENCORE EN PARABOLES, LEUR DIT : LE ROYAUME DES CIEUX EST SEMBLABLE A UN ROI, QUI, VOULANT FAIRE LES NOCES DE SON FILS, ENVOYA SES SERVITEURS POUR APPELER AUX NOCES LES CONVIÉS, MAIS ILS REFUSÈRENT D’Y VENIR. IL ENVOYA ENCORE D’AUTRES SERVITEURS AVEC ORDRE DE DIRE DE SA PART AUX CONVIÉS : J’AI PRÉPARÉ MON DÎNER ; J’AI FAIT TUER MES BŒUFS, MES VOLAILLES ET TOUT CE QUE J’AVAIS FAIT ENGRAISSER : TOUT EST PRÊT, VENEZ-VOUS-EN AUX NOCES ». (CHAP. 22,1, 2, 3, 4, JUSQU’AU VERSET 15)

ANALYSE.

  • 1. Jésus-Christ, par la parabole du roi qui célèbre les noces de son fils, rappelle aux Juifs leurs crimes envers les envoyés de Dieu, et leur prédit leur châtiment.
  • 2. La vocation divine nous vient non de notre mérite, mais de la grâce.
  • 3 et 4. Quels sont les ornements dont il faut se parer pour approcher dignement de l’Eucharistie. – Que c’est une cruauté de se vêtir avec luxe, et de laisser mourir les pauvres de faim. – L’orateur exhorte ses auditeurs à la vertu en leur représentant la vie des solitaires.— Combien ils doivent, à leur exemple, se regarder comme des soldats sur la terre. – Description de ces armées saintes. – Que les déserts apprennent à ceux qui vivent dans les villes de combien de choses ils peuvent se passer.


1. Considérez, mes frères, et par cette parabole et par la précédente, quelle différence il y a entre le fils et les serviteurs. Considérez combien d’un côté il y a de rapports entre ces deux paraboles, et combien de l’autre il y a de différence. Elles marquent toutes deux la longue patience de Dieu, sa douceur infatigable, sa providence et sa bonté, et l’extrême ingratitude des Juifs ; elles prédisent aussi toutes deux la chute des Juifs et la vocation des gentils. Mais cette dernière a ceci de particulier, qu’elle marque avec combien de circonspection et de crainte nous devons servir Dieu et avec quelle sévérité notre négligence sera punie. C’est pourquoi celle-ci vient parfaitement bien après la première. Jésus-Christ, qui avait terminé la première par ces paroles qui en faisaient la conclusion : « On donnera cette vigne à un peuple qui en produira les fruits », marque dans celle-ci quel est ce peuple.
Mais on voit encore ici une tendresse de Dieu toute particulière pour le salut des Juifs, les persécuteurs et les homicides de son Fils. La parabole précédente n’avait témoigné cette bonté de Dieu sur eux qu’avant la mort de Jésus-Christ ; mais celle-ci fait voir qu’il est à leur égard dans la même disposition après même qu’ils l’ont fait mourir. Il ne cesse point encore alors de les appeler à lui ; et lorsqu’il devrait tirer vengeance de leur crime, il ne pense qu’à les inviter aux noces et à leur rendre le plus grand honneur qu’il leur pouvait faire.
On voit encore dans ces deux paraboles que ce ne sont point les gentils qui sont appelés les premiers, mais les Juifs ; et que, comme Dieu ne donne sa vigne à d’autres qu’après que les vignerons non seulement n’en ont pas reçu le maître, mais qu’ils l’ont même fait mourir cruellement, il n’appelle aussi ces derniers aux noces qu’après que les autres ont refusé d’y venir. Y a-t-il rien de plus insensé que les Juifs ? ils sont invités aux noces, et à des noces qu’un roi si puissant fait à son Fils unique, et ils ne daignent point y venir.
Quel homme sur la terre ne se tiendrait très-heureux, si un roi lui offrait un pareil honneur.
Mais d’où vient, me direz-vous, que Jésus-Christ compare à des noces la grâce qu’il est venu apporter au monde ? Il le fait pour nous