Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/564

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

HOMÉLIE LXXI.


« LES PHARISIENS, AYANT APPRIS QUE JÉSUS-CHRIST AVAIT FERMÉ LA BOUCHE AUX SADDUCÉENS, TINRENT CONSEIL ENSEMBLE ET L’UN D’EUX, QUI ÉTAIT DOCTEUR DE LÀ LOI, VINT LE TENTER, EN LUI FAISANT CETTE QUESTION : MAÎTRE, QUEL EST LE GRAND COMMANDEMENT DE LA LOI ? » (CHAP. 22,34, 35, 36, JUSQU’À LA FIN DU CHAPITRE)

ANALYSE.

  • 1. Du premier et du second commandement de la Loi ; qu’ils sont semblables, et que l’un découle de l’autre.
  • 2. Jésus confond une dernière fois les pharisiens, en leur citant un passage de David, où ce prophète proclame la divinité du Christ.
  • 3 et 4 Combien il faut fuir l’ambition. – Que ce vice est très dangereux, et qu’il se glisse dans ces âmes par cent différentes voies. – Des mauvais effets que la vanité et le désir de gloire produisent en nous. – Quel aveuglement c’est que de renoncer à la gloire que Dieu nous offre pour embrasser celle des hommes – Que les personnes vaines sont exposées au mépris.


1. L’Évangéliste nous marque encore ici une raison qui eût dû imposer silence aux pharisiens, et il nous fait voir en même temps quelle était leur audace. Les sadducéens avaient été réfutés de telle sorte par le Sauveur qu’ils n’avaient pu lui rien répliquer, et ces pharisiens osent encore néanmoins s’attaquer à lui, lorsqu’ils devaient par tant de raisons réprimer enfin leur insolence. Ils lui envoient un docteur de la loi, non dans le dessein d’apprendre quelque chose de lui, mais seulement pour le tenter. Ils lui demandent : « Quel est le plus grand et le plus important commandement de la loi » ? Comme ils savaient que c’était celui-ci : « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu », ils croient qu’il leur donnera peut-être lieu par sa réponse de l’accuser d’avoir combattu ce commandement, et de témoigner ainsi qu’il agissait partout en Dieu. C’était là leur dessein dans cette question artificieuse. Mais Jésus-Christ leur voulant faire voir qu’il connaissait leur pensée, et que bien loin de l’aimer, ils nourrissaient contre lui une envie secrète qui les envenimait contre sa personne, il leur dit : « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, et de tout votre esprit (37). C’est là le premier et le grand commandement (38). Et voici le second qui est semblable à celui-ci : Vous aimerez votre prochain comme vous-même (39) ». Pourquoi Jésus-Christ dit-il que ce second commandement « est semblable » au premier ? C’est parce qu’il en est comme l’effet et la suite naturelle, et que celui qui aime Dieu, doit nécessairement aimer son prochain : « Celui », dit l’Écriture, « qui fait le mal, hait la lumière, et il ne vient point à la lumière ». (Jn. 3,10) Et ailleurs : « L’insensé a dit dans son cœur : Il n’y a point de Dieu ». (Ps. 52,1) C’est pourquoi David ajoute aussitôt : « Ils sont corrompus, et sont devenus abominables dans leurs affections ». (Ps. 13,4) Et ailleurs : « La racine de tous les maux est l’avarice, qui a fait errer dans la foi quelques-uns de ceux qui l’ont désirée ». (1Tim. 6,10) Et ailleurs : « Celui qui m’aime gardera mes commandements », qui se rapportent tous à ce principal : « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu, et le prochain comme vous-même ». (Jn. 14,15, 21, 23)
Si donc aimer Dieu c’est aimer le prochain, puisque Jésus-Christ dit à saint Pierre : « Si vous m’aimez, paissez mes brebis (Jn. 21,16) », et si en aimant le prochain on garde les commandements de Dieu, n’ai-je donc pas bien raison de dire : « Toute la Loi et les prophètes sont renfermés dans ces deux grands commandements (40) ». Jésus-Christ fait encore ici ce qu’il vient de faire auparavant. Lorsqu’on lui a adressé une question touchant la résurrection, lia fait plus qu’on ne lui avait