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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/592

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plusieurs (5). Vous entendrez aussi parler de guerres et de bruits de guerres. Mais gardez-vous bien de vous troubler, parce qu’il faut que cela arrive, et ce ne sera pas encore la fin (6) ». Comme les apôtres écoutaient avec indifférence la prédiction de la ruine de Jérusalem, et qu’ils la regardaient comme une chose qui leur était étrangère et qui ne les touchait pas, parce qu’ils espéraient être hors de ces malheurs et de ces tumultes, et qu’ils ne se proposaient au contraire pour l’avenir que des biens dont ils espéraient jouir bientôt, Jésus-Christ leur prédit ici des maux qui leur seraient propres, afin de les y préparer et de les tenir toujours dans la crainte. Il les avertit de prendre garde à deux choses, à ne se point laisser séduire par ceux qui tâcheraient de les tromper, et à ne point céder à la violence des maux dont ils se verront accablés. Il les prépare et les encourage à une double guerre, l’une contre des séducteurs, et l’autre contre des ennemis déclarés ; et il leur marque que cette dernière serait bien plus à craindre que l’autre, parce qu’elle serait accompagnée d’un trouble et d’une consternation générale de tout l’univers.
Les conquêtes des Romains jetaient la terreur et l’effroi dé toutes parts, et la prise de tant de villes et de tant de provinces qui ne leur pouvaient résister répandait l’épouvante dans tous les cœurs. C’est de ces « guerres et de ces troubles » qui regardaient particulièrement la Judée que Jésus-Christ parle ici. Car il eut été inutile de leur parler des autres guerres qui ruinaient les autres parties du monde, puisqu’elles ne les regardaient pas. D’ailleurs c’eût été ne leur apprendre rien de nouveau que de leur prédire qu’il y aurait des guerres dans toute la terre, puisqu’il y en a toujours. Il y avait même avant cette prédiction de grandes guerres et de grands troubles dans le monde ; il est donc visible qu’il ne leur parlait que des guerres de Judée qui ne devaient pas tarder à s’allumer. Car déjà les rapports des Juifs avec Rome commençaient à leur donner de l’inquiétude. Comme ces guerres auraient pu troubler un jour ses disciples, Jésus-Christ les leur prédit pour les prémunir contre ce trouble.
Mais pour montrer encore plus clairement que ce serait le Fils de Dieu qui s’armerait alors lui-même contre les Juifs pour les combattre et pour leur déclarer la guerre, après avoir parlé de la terreur des armées romaines, il leur annonce encore beaucoup d’autres plaies qui leur viendraient du ciel, comme la peste, la famine et des tremblements de terre, montrant par ces derniers maux que ce serait lui qui conduirait ces guerres, et qu’elles n’arriveraient pas tant alors, comme elles arrivent d’ordinaire, par le caprice ou par la passion des hommes, que par un ordre particulier de Dieu et par un effet prémédité de sa colère. C’est pourquoi il dit que, ces maux arriveront, non pas d’une manière commune et ordinaire, ni tout d’un coup, mais avec beaucoup de signes prodigieux.
Il leur a marqué à la fin du chapitre précédent la cause de tant de malheurs, afin que les Juifs ne la rejetassent point sur ceux qui croiraient alors en Jésus-Christ : « Je vous dis en vérité », a-t-il dit, « que tout ceci arrivera à cette génération », et le reste. Mais, voulant en même temps empêcher que ses disciples ne crussent que tant de maux seraient un obstacle à la prédication de l’Évangile, il ajoute : « Gardez-vous bien de vous troubler, parce qu’il faut que cela arrive ». Tout ce que j’ai dit arrivera, mais ces malheurs, qui accableront la Judée de toutes parts, n’empêcheront point le succès de mon ouvrage, et ce grand trouble du monde entier n’arrêtera point la vérité de mes paroles.
Jésus-Christ avait dit un peu auparavant aux Juifs : « Vous ne me verrez plus désormais jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur », et les disciples avaient pris de ces paroles sujet de croire que la fin du monde arriverait dans le même temps que la ruine de Jérusalem. Le Sauveur réfute cette pensée et les retire de cette erreur, en leur disant : « Mais ce ne sera pas encore la fin ». Et pour ne plus douter que c’était là leur pensée, il ne faut que considérer ce qu’ils disent : « Quand cela arrivera-t-il », c’est-à-dire « quand arrivera la destruction de Jérusalem, et quel signe y aura-t-il de votre avènement et de la fin du monde » ? Mais Jésus-Christ ne répond pas d’abord à cette question ; il passe de suite au plus urgent, à ce qu’il convenait d’apprendre en premier ; il ne parle donc pas immédiatement de la ruine de Jérusalem ni de son second avènement, mais il parle des maux qui s’avançaient et grondaient déjà sur leurs têtes, et par là il excite leur inquiétude : « Prenez garde », leur dit-il,