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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/601

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ses élus. Si Dieu avait permis que cette guerre durât encore un peu, il ne serait pas resté un Juif. Mais il la fit cesser, parce qu’il ne voulut pas que ceux d’entre eux qui étaient fidèles périssent avec ceux qui demeurèrent incrédules et endurcis dans leur opiniâtreté. C’est pour ce sujet qu’il prédit que « ces jours seront abrégés à cause des élus », pour donner quelque consolation à ses fidèles qui seraient surpris dans ce siège, et pour les faire respirer dans l’assurance qu’il leur donnait par avance qu’ils ne périraient pas dans cette extrême misère.
Si donc Dieu, dans sa providence, veille avec tant de soin sur ses élus en ce monde, que, pour les délivrer de leurs maux, il veut bien, en leur faveur, en délivrer en même temps les plus méchants et les plus impies ; si la considération de ses fidèles et de ses élus le porte à ne pas perdre la race des Juifs, jugez, mes frères, ce que ses élus doivent attendre de lui au jour des récompenses.
Et remarquez que Jésus-Christ représente toutes ces choses à ses disciples pour les encourager et pour les rendre plus fermes dans les périls dont ils se verraient environnés. Et c’est dans ce dessein qu’il leur fait voir par avance un peuple accablé de maux dont il ne pourrait attendre comme eux aucune récompense à l’avenir, et qui seraient au contraire le commencement d’une éternelle misère. Mais il ne leur dit pas ceci seulement pour les consoler ou pour les encourager. Il le fait encore pour les retirer insensiblement des mœurs et des coutumes des Juifs. Car s’il n’y a plus rien à espérer pour les Juifs, et si leur temple ne doit plus être rebâti, n’est-il pas visible que leur Loi doit aussi cesser ?
Mais le Fils de Dieu ne s’explique pas si clairement aux Juifs sur tous ces malheurs à venir, afin qu’ils ne s’abattent pas avant le temps. Il n’aborde pas ce discours comme de lui-même. Il pleure d’abord sur cette ville, lorsqu’il la regarde, et il oblige ainsi ses apôtres à lui en faire remarquer les grands édifices, pour prendre occasion-de leur prédire l’avenir, en répondant seulement aux questions qu’ils lui avaient faites.
Il y a sujet d’admirer ici la sagesse de l’Esprit de Dieu qui n’a pas permis que saint Jean écrivît ces choses ; comme il a survécu longtemps à la ruine de Jérusalem, on eût pu croire qu’il n’en parlait qu’après en avoir vu l’événement, et seulement parce qu’il avait vu ces choses. Mais cette guerre et ces malheurs ont été rapportés par les autres Évangélistes qui sont morts longtemps avant qu’ils arrivassent, et qu’ils en eussent rien pu voir, afin qu’on remarquât mieux la force de la prédiction de Jésus-Christ.
« Que si quelqu’un vous dit alors : Le Christ est ici, ou, il est là, ne le croyez point (23) ». Après que Jésus-Christ a achevé de parler de ce qui regarde Jérusalem, il passe à son dernier avènement, et il marque quels seront les signes qui le devaient précéder, et qui seraient très-utiles non seulement à ceux à qui il parlait alors, mais encore à nous. Ce mot « d’alors », comme je l’ai souvent fait remarquer, ne marque pas une suite, puisque, dans ce cas, l’Évangéliste se sert du mot « Aussitôt après » ; comme lorsqu’il dit : « Aussitôt après ces jours d’affliction » ; mais ce mot n’a rapport qu’au temps auquel les choses prédites arriveront : c’est ainsi que nous avons vu au commencement de cet évangile, que cette expression : « En ces jours-là Jean-Baptiste vint », ne marquait pas un temps qui suivit immédiatement ce qui venait d’être rapporté, mais un autre qui n’arriva que longtemps après. C’est la coutume de l’Écriture d’user de ces manières de parler. Elle passe donc ici tout cet intervalle de temps qui doit être compris depuis la prise de Jérusalem jusqu’à la fin du monde.
« Que si quelqu’un vous dit alors : Le Christ e est ici, ou, il est là, ne le croyez point ». « Parce qu’il s’élèvera de faux christs et de « faux prophètes qui feront des prodiges et des « choses étonnantes jusqu’à séduire, s’il était « possible, les élus mêmes (24) ». « Vous voyez que je vous en avertis auparavant (25) ». Il commence à les avertir de se défier du lieu, en leur exposant les signes de son second avènement et les marques par lesquelles ils pourraient reconnaître ceux qui les voudraient tromper : « Si quelqu’un vous dit alors : Le Christ est ici, ou, il est là, ne le croyez point ». Carie second avènement du Sauveur ne sera pas, comme le premier, renfermé dans un coin du monde ou dans l’obscurité de Bethléem. II ne demeurera point inconnu aux hommes. Il sera, au contraire, si visible, qu’il n’aura besoin d’être annoncé par personne. Ce sera alors un miracle très-considérable de la part du Sauveur, de paraître de telle sorte que personne ne puisse douter que c’est lui.