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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/84

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Qu’y a-t-il de plus dangereux ? Je ne parle point de la matière même de l’or, je ne parle que du désir furieux qu’ont les hommes de le posséder. C’est cette, passion qui rougit si souvent la terre du sang des hommes, qui la remplit de meurtres ; et qui est plus cruelle que les bêtes les plus farouches. Car elle met en pièces tous ceux qu’elle possède, et ce qui est effroyable, elle les déchire sans qu’ils le sentent. Nous devrions, lorsque nous sommes exposés à ses violences, tendre la main à ceux qui passent, et les appeler à notre secours, et nous nous tenons au contraire heureux de ce qu’elle nous dévore, et nous aimons ses blessures, ce qui est le comble de tous les maux. Pénétrons-nous donc de ces vérités si utiles ; fuyons cette maladie incurable ; guérissons ces morsures envenimées ; et retirons-nous bien loin d’une peste si dangereuse : afin de pouvoir mener ici une vie tranquille, et obtenir un jour les trésors du ciel par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui est au Père, ainsi qu’à l’Esprit-Saint la gloire, la force, et l’honneur maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

HOMÉLIE X.


« EN CE TEMPS-LA JEAN-BAPTISTE VINT PRÊCHER AU DÉSERT DE LA JUDÉE EN DISANT : FAITES PÉNITENCE, CAR LE ROYAUME DES CIEUX EST PROCHE », ETC. (CHAP. 3,1, JUSQU’AU VERSET 7)

ANALYSE.

  • 1. Pourquoi le Christ se fait baptiser à l’âge de trente ans. 2. Saint Jean et son Baptême.
  • 3. Accord de saint Jean-Baptiste et du prophète Isaïe.
  • 4. Genre de vie de saint Jean-Baptiste.
  • 5. La pénitence et les délices.
  • 6. Saint Chrysostome exhorte son peuple à la vie réglée, à la pénitence, à la patience dans les afflictions.


1. Quel est ce temps dont parle l’Évangéliste ? Car il ne marque pas le temps auquel Jésus étant encore enfant vint à Nazareth, puisque saint Jean ne vint que près de trente ans après, comme saint Luc le témoigne. Comment donc l’Évangéliste dit-il, « en ce temps-là ? » L’Écriture se sert d’ordinaire de cette manière de parler, non seulement lorsqu’elle joint une histoire à une autre qui l’avait immédiatement précédée, mais encore lorsqu’elle parle de choses qui ne sont arrivées que longtemps après. C’est ainsi que, Notre-Seigneur étant assis sur la montagne des Oliviers, ses disciples l’interrogèrent touchant la captivité de Jérusalem, et son dernier avènement, deux choses, vous le savez, très-éloignées l’une de l’autre. Et néanmoins après que Jésus-Christ eut achevé de leur parler de la destruction de Jérusalem, en passant du premier sujet au second, il dit : « Alors » il arrivera, etc, ne voulant pas dire que ces deux événements se suivraient sans intervalle, mais seulement que le dernier arriverait en son temps. C’est dans le même sens qu’on doit prendre ici ces paroles : « En ce temps-là », par lesquelles l’Évangéliste n’entend nullement exprimer la succession non interrompue des deux événements ; mais seule-ment distinguer le temps du second d’avec celui du premier.
Pourquoi Jésus-Christ laisse-t-il passer trente ans avant que de se faire baptiser ? C’est parce qu’après son baptême, il devait anéantir la loi. Il voulut d’abord s’y assujettir entièrement,