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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/90

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ce jour-là. « Cet Évangile », dit le Fils de Dieu, « sera prêché par tout le monde en témoignage « à toutes les nations. » (Mt. 24,44) Comprenez bien cette parole : l’auteur sacré ne dit pas que le dernier jour viendra lorsque l’Évangile aura été « cru », mais prêché par toute la terre. Quant à ce terme : « En témoignage », il signifie pour l’accusation, pour la conviction, et pour la condamnation de tous ceux qui n’auront pas cru. Nous entendons ces paroles, nous voyons ces signes, et néanmoins nous sommeillons toujours, tout occupés à considérer des fantômes, comme si nous étions assoupis dans l’obscurité d’une nuit profonde. Sont-elles, en effet, autre chose que des fantômes les choses de la vie présente, heureuses ou malheureuses ?
Commencez donc, je vous prie, à vous réveiller. Ouvrez les yeux pour regarder le soleil de justice. Celui qui dort, ne peut voir le soleil, ni réjouir ses yeux par la beauté de ses rayons. S’il voit quelque chose, il ne le voit qu’en songe. C’est pourquoi nous avons grand besoin de la confession, de la pénitence, et de beaucoup de larmes ; tant parce que nous ne sommes point touchés de regrets lorsque nous péchons, que parce que nous commettons de grands péchés, des péchés qui ne méritent point de pardon. Plusieurs de ceux qui m’entendent, savent que ce que je dis est véritable. Toutefois bien que nos crimes ne méritent point de pardon, ne laissons pas de faire pénitence, et nous recevrons la couronne.
La pénitence dont je parle, ne consiste pas seulement à s’abstenir du mal que l’on faisait, mais ce qui est encore meilleur, à faire de bonnes œuvres. « Faites », dit saint Jean-Baptiste, « de dignes fruits de pénitence. » (Mt. 3,8) Et comment les ferons-nous ? Si nous faisons des actions contraires aux péchés passés. Par exemple, vous avez pris le bien d’autrui ; donnez désormais de votre bien propre. Vous avez vécu longtemps dans la fornication ; abstenez-vous même de votre femme durant le temps que l’Église ordonne de s’en séparer, et exercez-vous à la continence. Avez-vous médit de votre prochain, lui avez-vous fait violence en sa personne ? Bénissez désormais ceux qui médiront de vous, et rendez de bons offices pour les violences qu’on’ vous aura faites. Car pour nous guérir, il ne suffit pas de tirer le fer de la plaie, il faut encore appliquer des remèdes sur le mal. Avez-vous fait des excès de bonne chair et de vin ? Jeûnez et buvez de l’eau, et travaillez à retrancher la corruption qui vous en est demeurée. Avez-vous regardé la beauté d’une femme avec des yeux impudiques ? Ne voyez plus désormais aucunes femmes, afin que vous soyez plus en sûreté. « Abstenez-vous du mal », dit l’Écriture, « et faites le bien ; défendez à votre langue de parler mal, et à vos lèvres de dire des paroles trompeuses. » (Ps. 33,12)
Mais quel est ce bien, dites-vous, que vous nous ordonnez de faire ? « Cherchez la paix », ajoute le Prophète, « et poursuivez-la. » (Id) Je n’entends pas seulement cette paix qui est avec les hommes ; mais celle que nous devons avoir avec Dieu. Et c’est avec grande raison que le Prophète nous commande de la poursuivre, puisqu’elle a été comme chassée et bannie du monde et, qu’ayant quitté la terre, elle est retournée au ciel. Mais nous pouvons encore l’en faire descendre et la rappeler ici-bas, si nous voulons renoncer pour jamais à la colère, à la vanité, à l’orgueil et à toutes les autres passions semblables, qui sont comme autant d’obstacles à la paix ; pour vivre ensuite dans la modération et la pureté. Car il n’y a rien de plus dangereux que l’audace et que la colère. Cette passion rend les hommes tout ensemble orgueilleux et serviles, odieux et ridicules, et devient ainsi la source de deux vices contraires, l’arrogance et l’adulation. C’est pourquoi si nous nous guérissons de cet emportement de la colère, nous pourrons alors être humbles sans abaissement et élevés sans présomption. L’excès de nourriture produit la mauvaise mixtion des humeurs dans le corps humain, et lorsque les éléments dont celui-ci se compose ont cessé d’être en harmonie, il s’ensuit des maladies graves qui amènent la mort : eh bien t le même phénomène se remarque aussi dans nos âmes.
7. Retranchons pour jamais, mes chers frères, et rejetons cette intempérance de notre âme. Prenons le breuvage salutaire d’une modération sainte, et demeurons toujours dans une vie égale et bien réglée. Appliquons-nous à la prière avec persévérance, et quoique nous ne recevions pas aussitôt de Dieu ce que nous lui demandons, ne laissons pas de le lui demander toujours, afin que nous méritions enfin de le recevoir. Le dessein de Dieu n’est pas de différer à nous accorder ce que nous lui demandons ; et s’il le fait quelquefois, c’est