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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/98

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baptême. Vous avez besoin après cela d’une grande vertu, et d’un grand amour de la sagesse. Ainsi donc pour leur faire désirer la grâce du baptême, il les émeut par la menace de cette hache qui est déjà à la racine de l’arbre, puis après leur avoir fait envisager la grâce baptismale, il lés effraye de nouveau par la menace de ce « van » impitoyable et de ce feu inextinguible. Il ne fait donc aucune distinction entre ceux qui n’ont pas reçu le baptême, et il déclare simplement que « tout arbre « qui ne produit pas de bon fruit sera coupé, » englobant dans le même châtiment tous les incroyants. Mais parmi ceux qui ont reçu le baptême il distingue, il sépare avec « le van » (Lc. 3,9), ceux qui honorent leur foi par leur vie de ceux qui la déshonorent.
Que personne donc, mes Frères, ne devienne la paille de l’Église. Que personne n’ait une âme légère et flottante dans la foi, abandonnée aux pensées mauvaises, qui comme des vents l’agitent de toutes parts. Si vous avez la solidité du bon grain, nulle affliction ne vous pourra nuire ; comme dans l’aire les grains de froment ne sont point broyés, lorsque les roues dentelées passent dessus. Mais si vous devenez inconsistants comme la paille, vous souffrirez ici-bas mille maux, vous serez déjà broyés dans l’aire de cette vie, et vous subirez dans l’autre des supplices éternels. Car tous ceux qui sont en cet état, après avoir été en ce monde la proie des passions comme la paille est mangée par les bêtes, seront en l’autre la nourriture du feu.
Si saint Jean eût dit tout simplement aux Juifs que Dieu jugera tous les hommes selon leurs œuvres, son discours n’eût pas été si bien reçu : mais en y mêlant cette comparaison et cette expression figurée, il leur persuade cette vérité avec plus de force, et il entre plus agréablement dans l’esprit de ceux qui l’écoulent. C’est ainsi que Jésus-Christ s’est conduit dans l’Évangile. Car nous voyons que pour se faire entendre, il se sert souvent des comparaisons d’un champ, d’une aire, d’une moisson, d’une vigne, d’un pressoir, d’un filet, d’une pêche de poissons, et de beaucoup d’autres choses semblables, qui sont dans l’usage ordinaire de la vie des hommes. C’est ce que fait ici saint Jean et comme preuve solide des choses qu’il annonce, il présente le don que Dieu devait faire du Saint-Esprit aux hommes, comme s’il disait Celui qui est assez puissant pour remettre les péchés, et pour donner son Esprit-Saint, le sera encore assez pour faire ce que je vous dis. Voyez-vous maintenant pour quelle raison il parle du baptême dans le Saint-Esprit avant de parler de la résurrection et du jugement.
Mais d’où vient, dira quelqu’un, que saint Jean ne parle point des prodiges et des miracles que Jésus-Christ devait faire pendant sa vie ? C’est parce que la descente du Saint-Esprit a été le plus grand miracle qu’il ait fait, et la fin de tous ses miracles. Dire le don qui résume tous les autres, c’était tout dire : la ruine de la mort ; la destruction du péché ; la fin de la malédiction ; la réconciliation de l’homme avec Dieu, après une guerre de tant de siècles ; le retour au ciel ; l’entrée du paradis ; la société des anges ; et la participation des biens éternels. En promettant le Saint-Esprit, il a promis toutes ces grâces ; parce qu’il en est le gage. Il nous marque encore en le nommant, la résurrection des corps, les miracles qui se doivent faire alors, l’héritage du royaume, et la jouissance de ces biens que l’œil n’a point vus, que l’oreille n’a point entendus, et qui ne ; sont jamais montés dans le cœur d’aucun homme, puisque toutes ces grâces ne sont qu’une suite de l’infusion du Saint-Esprit.
Il était donc inutile de parler des miracles que le Sauveur devait faire à la vue de tout le monde, mais il était bon de parler des choses qui étaient plus cachées, et dont les hommes pouvaient douter, comme sont celles-ci : que Jésus-Christ était fils de Dieu ; qu’il était sans comparaison plus grand que saint Jean ; qu’il se chargeait de tous les péchés du monde ; qu’il redemanderait aux hommes un compte exact de toutes leurs œuvres ; et que nos espérances ne devaient point se borner aux choses présentes, puisque chacun de nous devait recevoir après cette vie, ou la récompense, ou la peine qu’il aurait méritée. Ce sont là les choses dont il fallait parler, parce qu’elles ne tombent point sous le sens des hommes.
7. Que la connaissance de ces vérités, mes frères, nous rende fervents de plus en plus dans la vertu, pendant que nous sommes encore dans cette vie, comme dans l’aire. Car tant que nous vivons ici-bas, nous pouvons de paille, devenir froment, comme plusieurs sont devenus paille, de froment qu’ils étaient auparavant. Ne nous laissons point abattre ni emporter à tout vent comme les pailles ; et ne