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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/113

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HOMÉLIE XXII.


IL Y AVAIT A CÉSARÉE UN HOMME NOMMÉ CORNEILLE, QUI ÉTAIT CENTENIER DANS UNE COHORTE DE LA LÉGION APPELÉE L’ITALIENNE ; IL ÉTAIT RELIGIEUX ET CRAIGNANT DIEU ; AVEC TOUTE SA MAISON, IL FAISAIT BEAUCOUP D’AUMÔNES AU PEUPLE, ET IL PRIAIT DIEU INCESSAMMENT. UN JOUR, VERS LA NEUVIÈME HEURE, IL VIT CLAIREMENT DANS UNE VISION UN ANGE DE DIEU QUI SE PRÉSENTA DEVANT LUI ET LUI DIT : « CORNEILLE ! » ALORS, REGARDANT L’ANGE, IL FUT SAISI DE FRAYEUR, ET LUI DIT : « SEIGNEUR, QU’Y A-T-IL ? » L’ANGE LUI RÉPONDIT : « VOS PRIÈRES ET VOS AUMÔNES SONT MONTÉES JUSQU’EN LA PRÉSENCE DE DIEU, ET IL S’EN EST SOUVENU ». (CHAP. 10,1, 2, 3, 4, JUSQU’AU VERS. 22)

ANALYSE.

  • 1-3. Histoire du centurion Corneille.
  • 3 et 4. Développement original et brillant sur la charité comparée à une source d’eau vive.


1. Ce n’est pas un Juif, il ne vit pas selon la loi ; mais c’est un homme qui suit déjà nos institutions. Et voyez, deux croyants : l’eunuque de Gaza, et l’homme d’aujourd’hui ; tous deux, constitués en dignité, tous deux l’objet d’un soin spécial. Mais ne croyez pas que cette grâce leur vienne de leur dignité ; non, éloignez de vous cette pensée ; elle leur est accordée à cause de leur piété. Leur dignité ne leur a été accordée que pour mieux faire briller leur piété. En effet, on admire plus un riche, un homme puissant, qui montre des vertus semblables. Certes, c’est une grande gloire pour l’eunuque que ce grand voyage entrepris par lui, que ces lectures non interrompues dans de pareilles circonstances, au milieu du voyage ; que ce soin de faire monter Philippe à côté de lui dans son char, et tant d’autres détails. C’est une belle gloire aussi pour le centenier, que ses aumônes, ses prières, au milieu du commandement qu’il exerce. Voilà pourquoi l’Écriture fait mention de sa charge, et c’est avec raison, pour éviter le reproche de mensonge. « Dans une cohorte », dit l’Écriture, « de la légion appelée italienne ». Le mot « cohorte » correspond à ce que nous appelons aujourd’hui « nombre ». – « Il était religieux et « craignant Dieu, avec toute sa maison ». Ceci est dit afin que vous n’alliez pas attribuer à sa dignité la faveur qu’il a reçue. Quand il fallut attirer Paul à la foi, ce : ne fut pas un ange, ce fut le Seigneur lui-même qui lui apparut. Et le Seigneur ne l’envoie pas au premier venu parmi les douze, mais à Ananie. Ici, an contraire. Dieu envoie un ange, comme il envoie Philippe à l’eunuque, s’accommodant à l’infirmité de ses serviteurs, et enseignant par là comment nous devons nous conduire dans les mêmes circonstances. Car le Christ se montre souvent lui-même à ceux qui souffrent et qui ne trouvent pas en eux les moyens de s’approcher de lui. Maintenant, voyez encore ici un éloge de l’aumône, comme nous en avons vu un à propos de Thabite. « Il était religieux et craignant Dieu, avec toute sa maison ». Écoutons, tous tant que nous sommes, nous qui ne prenons pas de soin de nos domestiques. Celui-ci prenait soin de ses soldats et faisait l’aumône à tout le peuple. C’est ainsi qu’il était irréprochable dans ses croyances, dans sa conduite. « Un jour, vers la neuvième heure, il vit clairement, dans une vision, un ange de Dieu, qui se présenta devant lui, et lui dit : Corneille ! » Pourquoi voit-il un ange ? C’est afin que Pierre soit pleinement convaincu ; ou plutôt, ce n’est pas pour prévenir