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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/112

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vous serez vertueux ; c’est une partie de la vertu de savoir se ménager de tels amis, une telle épouse, de tels enfants.
Ce n’est pas en vain que l’on fait des offrandes pour ceux qui ne sont plus ; ce n’est pas en vain qu’on fait pour eux des prières ; ce n’est pas en vain qu’on distribue pour eux des aumônes. L’Esprit-Saint a disposé toutes ces pratiques, afin que nous puissions nous aider les uns les autres ; car, voyez ce qui arrive vous portez secours à celui-là, et celui que vous avez aidé vous aide à son tour ; vous avez, d’un instinct généreux, méprisé les richesses, et celui que vous avez sauvé vous enrichit des grâces de l’aumône. Ne mettez pas en doute le fruit qu’il vous sera donné de recueillir. Ce n’est pas en vain que le diacre vous crie : Pour ceux qui sont morts dans le Christ et pour ceux qui gardent leur souvenir ; ce n’est pas le diacre qui fait entendre cette parole, c’est l’Esprit-Saint lui-même ; et je vous annonce le don de l’Esprit. Que dites-vous ? Dans les mains du prêtre est l’hostie sainte, et tout est prêt ; arrivent les anges, les archanges, arrive le Fils de Dieu ; une sainte horreur s’empare de tous ; et, dans le silence universel, les diacres élèvent seuls la voix ; et vous pensez que tout cela se fait en vain ? Et, out le reste aussi se fait donc en vain, et les offrandes au nom de l’Église, et les offrandes au nom des prêtres, et les offrandes pour obtenir la plénitude. Loin de nous cette pensée ! mais tout s’accomplit avec foi. Que signifient les offrandes au nom des martyrs, invoqués à cette heure solennelle ? Quelle que soit la gloire des martyrs, même pour ces glorieux martyrs, c’est une grande gloire que leur nom soit prononcé en la présence du Seigneur, au moment où s’accomplit cette mort, ce sacrifice plein de tremblement, cet ineffable mystère. Lorsque l’empereur est présent, assis sur son trône, tout ce que l’on veut de lui on peut l’obtenir ; une fois qu’il s’est levé, toutes les paroles sont inutiles ; de même ici, au moment où s’accomplissent les mystères, c’est pour tous un honneur insigne d’obtenir un souvenir. Voyez, en effet, méditez ; on annonce le mystère terrible, Dieu q ni s’est livré lui-même pour le monde ; au moment où s’accomplit ce miracle, c’est avec un grand sentiment de l’à propos que le prêtre évoque le souvenir de ceux qui ont péché. Quand les rois sont conduits en triomphe, alors on célèbre aussi tous ceux qui ont pris leur part de la victoire ; en même temps on relâche les prisonniers, parce que c’est un jour de fête ; la fête une fois passée, celui qui n’a rien obtenu, n’en recueille aucun fruit : il en est de même ici, dans ce triomphe du Seigneur. Car, dit l’apôtre, « toutes les fois que vous mangez ce pain, vous annoncez la mort du Seigneur ». (1Cor. 11,26) C’est pourquoi ne nous approchons pas à la légère, et ne disons pas que ces choses se font au hasard. D’ailleurs si nous rappelons le souvenir des martyrs, c’est parce que nous croyons que le Seigneur n’est pas mort ; et c’est un témoignage que la mort est morte, de voir que le Seigneur a passé par la mort. Pénétrés de cette vérité, considérons quelle magnifique consolation nous pouvons apporter à ceux qui ne sont plus ; au lieu de nos larmes, au lieu de nos lamentations, au lieu de nos monuments, donnons-leur nos aumônes, nos prières, nos pieuses offrandes, afin de leur obtenir, d’obtenir pour nous-mêmes, les biens qui nous ont été promis, par la grâce et par la bonté du Fils unique de Dieu, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l’honneur, et maintenant, et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.