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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/144

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à Dieu, et il expira dévoré par les vers. Mais la parole de Dieu grandissait et se multipliait (20-24) ».
C’est là un grand événement. La vengeance divine le frappe tout à coup, bien qu’elle ne l’ait pas atteint à cause de Pierre, mais à cause de son orgueilleux discours. Mais si le peuple l’acclame, dira-t-on, quel est en cela son crime ? C’est d’avoir reçu ces acclamations comme s’en trouvant digne. Grande leçon pour ceux qui font de téméraires flatteries. Remarquez que les uns et les autres sont dignes de châtiment ; mais lui seul est frappé. Le temps du jugement n’est pas venu encore, mais Dieu frappe le plus coupable, et épargne les autres, afin qu’ils profitent de l’exemple. « Et la parole de Dieu, disent les Actes, croissait et se multipliait », c’est-à-dire, après cet événement. Voyez-vous la providence de Dieu ? « Barnabé et Paul retournèrent à Jérusalem, après avoir accompli leur ministère ; ils prirent avec eux Jean surnommé Marc (25). Il y avait dans l’Église qui était à Antioche, des prophètes et des docteurs, Barnabé, Siméon, surnommé Niger, Lucius de Cyrène, Manahen, frère de lait d’Hérode le Tétrarque, et Paul ». (Chap. 13,1) L’auteur nomme encore Barnabé le premier : Paul, en effet, n’était pas encore célèbre, et n’avait fait aucun prodige. « Pendant qu’ils servaient le Seigneur a et qu’ils jeûnaient, l’Esprit-Saint dit : Mettez-moi à part Barnabé et Paul, pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés. Alors après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les congédièrent (2 et 3) ». Que veut dire : « Servaient le Seigneur ? » Cela veut dire « Prêchaient. Mettez-moi à part Barnabé et Paul ». Que veut dire. « Mettez-moi à part ? » Pour l’œuvre, pour l’apostolat. Remarquez par qui se fait l’ordination : par Lucius de Cyrène et Manahem, ou plutôt par l’Esprit-Saint. La grâce de Dieu se montre d’autant plus clairement que les personnes sont moins grandes. Enfin Paul est ordonné pour l’apostolat, afin qu’il prêche avec autorité. Comment donc Paul dit-il : « Non par les hommes, ni par le moyen des hommes ? » Il dit : Non par les hommes, pour montrer qu’aucun homme ne l’avait ni appelé ni amené ; il dit : « Par le moyen des hommes », pour signifier que nul ne l’a envoyé, si ce n’est l’Esprit-Saint. C’est pour cela, que l’auteur ajoute : « Ceux-ci, ayant donc été envoyés par l’Esprit-Saint, descendirent à Séleucie, et de là naviguèrent vers Chypre (4) » : Mais revenons au commencement de notre texte : « Le jour étant venu, l’agitation fut grande parmi les soldats, à cause de Pierre ; Hérode fit une enquête contre les soldats, et ordonna de les faire périr ». Il fut tellement dépourvu de bon sens, qu’il osa punir injustement. Voici que je défends leur cause. Les chaînes étaient là, les gardes étaient à l’intérieur, la prison était fermée, nulle part la muraille n’était percée ; tous disaient : Cet homme a dû être enlevé ; pourquoi les condamnez-vous ? S’ils eussent voulu le délivrer, ou bien ils l’auraient délivré plus tôt, ou bien ils seraient partis avec lui. – Mais ils ont reçu de l’argent ? – Comment celui qui n’en avait même pas à donner à un pauvre, leur en aurait-il donné ? En effet les chaînes n’étaient ni brisées ni déliées. Il fallait comprendre que le fait venait de Dieu et non des hommes. En suite l’auteur rapportant un fait historique, il donne les noms pour montrer la vérité de ce qu’il rapporte. « Et ayant gagné Blastus, chambellan du roi », disent les Actes, « ils demandaient la paix ». Ils agissent ainsi à cause de la famine. « Au jour fixé, Hérode s’assit sur son tribunal et fit un discours, « Aussitôt l’ange du Seigneur le frappa, et, dévoré par les vers, il expira ».
2. Josèphe dit qu’Hérode fut atteint d’une longue maladie. Beaucoup ignoraient donc le fait raconté par saint Luc. Au reste, l’ignorance où ils étaient avait encore son utilité, car ils attribuaient le malheur d’Hérode à la mort de Jacques et au meurtre des soldats. Remarquez que lorsqu’il fit périr l’apôtre, il ne fit rien de semblable ; mais lorsqu’il eut fait périr les soldats, il devint taciturne, il est dans la perplexité, la honte le poursuit, il descend de la Judée et va à Césarée. Il me semble que, voulant aussi mettre à mort les apôtres, il vint à Césarée pour en faire son apologie. Il était furieux contre eux lorsqu’il courtisait les Césaréens, Voyez comme cet homme était avide de vaine gloire. Devant leur accorder une faveur, il le harangua. Josèphe dit qu’il portait une splendide robe d’argent. Remarquez aussi combien ce peuple est flatteur, et quel est le bon sens des apôtres. Celui que la foule entière acclamait, ils le méprisaient. Ils purent respirer de nouveau, et des biens sans nombre furent le résultat de la punition d’Hérode. Si cet homme,